Mijain Lopez prône l’ouverture du sport cubain pour relancer la performance

Mijain Lopez appelle à une « ouverture » du sport cubain

Présent à São Paulo pour la COB Expo, la foire annuelle du Comité olympique brésilien, Mijain Lopez, 43 ans, a estimé que « le sport cubain traverse un moment très délicat ». Champion légendaire de la lutte gréco‑romaine, il reste le seul athlète à avoir conservé l’or olympique cinq fois de suite dans la même catégorie, un exploit couronné encore à Paris-2024 dans la finale des 130 kg face au Chilien d’origine cubaine Yasmani Acosta.

Ovationné lors de ses adieux sur le tapis parisien, Mijain Lopez s’était agenouillé et avait laissé ses chaussures sur le tapis, « une tradition des lutteurs prenant leur retraite ». Interrogé sur les mesures concrètes à adopter, il a plaidé pour des expérimentations et une réflexion sur la professionalisation du sport à Cuba.

« Il doit y avoir un changement », a‑t‑il réclamé.

Bilan de Cuba aux Jeux de Paris-2024 et causes évoquées

Cuba, traditionnalement une puissance sportive en Amérique latine, a enregistré à Paris-2024 un bilan de deux médailles d’or, une d’argent et six de bronze, son plus faible total depuis Barcelone-1992 (où le pays avait obtenu 14 médailles d’or, six d’argent et 11 de bronze). Face à ces chiffres, Mijain Lopez pointe plusieurs facteurs explicatifs.

Aux causes structurelles il ajoute le départ massif de talents : « Nous avons perdu beaucoup de talents. L’émigration (les défections de sportifs lors de rassemblements à l’étranger, ndlr) fait partie intégrante de ce qui se passe actuellement. Les centres d’entraînement se sont aussi détériorés ». Il cite en exemple des disciplines emblématiques comme la boxe et le baseball, mais aussi sa propre discipline, la lutte.

Sur la question de la professionnalisation, évoquée dans le passé avec l’accord avorté entre Cuba et les Ligues majeures de baseball (MLB) en 2018, Mijain Lopez se montre favorable à des ouvertures similaires :

« Oui. Je pense qu’il faut chercher une ouverture, pour que cela atteigne notre sport à Cuba (…). Le sport au niveau international est un business, dans le sport il y a des sponsors, quelque chose de normal partout dans le monde. A Cuba, ce type de développement n’est pas arrivé. Nous avons perdu nos athlètes par l’incapacité à attirer des sponsors, par le fait que nos athlètes ne soient pas connus au travers de marques. Il doit y avoir un changement, rapidement, car nous commençons un cycle olympique ».

Interrogé sur les défections d’athlètes lors de compétitions à l’étranger et sur sa propre fidélité au pays, Mijain Lopez a répondu sans ambiguïté :

« Je suis cubain, je le resterai et je mourrai cubain (…). Je n’ai jamais douté (…). Je partais toujours avec la mentalité d’obtenir une médaille pour tout le peuple de Cuba (…). Si vous ne respectez pas votre pays, vous ne respectez personne ».

Retraite sportive et rôle futur auprès des jeunes

Sur une éventuelle reprise pour les Jeux de Los Angeles en 2028, évoquée sur les réseaux sociaux par Yasmani Acosta, Mijain Lopez a écarté tout retour en compétition : « Non, non, non… C’était une plaisanterie que Yasmani et moi avons faite en se disant +on va un peu exciter les réseaux+ (rires). J’ai fait ce que j’avais à faire et les années ne passent pas sans laisser de traces. Ce furent 32 ans de carrière sportive, 24 ans à dominer pratiquement le monde, et il était temps de partir. Le sport est beau, mais il est sage de savoir quand partir (…). Je suis fier, et maintenant vient une autre vie ».

Cette « autre vie » se traduit par un engagement auprès des jeunes. Il est aujourd’hui ambassadeur international de l’Organisation mondiale de lutte et souhaite « apporter [sa] petite contribution auprès des jeunes pour qu’ils aillent le plus loin possible ». Interrogé sur la signification de ses cinq médailles d’or, il a résumé ainsi son héritage : « La constance pour tout ce que j’ai accompli dans ma carrière, dans ma vie personnelle, dans ma vie professionnelle ».