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Sudan : Un aperçu de la guerre et de la crise humanitaire
La ville de Khartoum, autrefois considérée comme une perle sur les rives du Nil, est désormais un champ de ruines. La capitale soudanaise, plongée dans le chaos, est devenue une immense nécropole où les corps gisent, dévorés par les chiens errants, tandis que l’odeur de la mort imprègne l’air. Les anciens bureaux de la chaîne de télévision, jadis bastion de la propagande, sont désormais transformés en centres de torture pour les détenus.
C’est ainsi que le journal Le Figaro décrit Khartoum ces jours-ci, conséquence de plus d’un an de guerre entre les forces armées régulières, sous le commandement du général Abdel Fattah al-Burhan, et les Forces de soutien rapide, dirigées par Mohamed Hamdan Daglo (connu sous le nom de Hemedti). Cette guerre a fait du Soudan un véritable baril de poudre, causant la mort de plus de 150 000 personnes et le déplacement de millions d’autres. Les milices prolifèrent, la guerre se déroule dans l’ombre, accompagnée d’une grave crise humanitaire.
Un reportage visuel réalisé par le photographe Ivor Prickett pour le New York Times, intitulé « Guerre au-dessus du Nil : un Soudan morcelé », évoque cette situation tragique après plusieurs semaines passées avec le journaliste Declan Walsh dans l’un des pays les plus fermés au monde pour la presse. Les victoires successives des Forces de soutien rapide sur l’armée régulière ont entraîné la montée en puissance de groupes armés se joignant aux combats. Un fantôme de famine menace, pouvant entraîner la mort de centaines de milliers d’enfants dans les mois à venir.
Avis alarmant sur la situation humanitaire
« Obtenir un visa d’entrée au Soudan est très difficile. Seuls quelques journalistes ont réussi à entrer. Par chance, nous avons pu obtenir un visa », déclare Prickett, qui est arrivé avec Walsh et un consultant en sécurité à Port-Soudan en avril, avant de rejoindre Khartoum par voie terrestre.
Les bombardements incessants s’abattent sur les hôpitaux et les maisons, avec des habitants qui, dans une tentative désespérée de donner un peu de dignité aux défunts, enterrent les leurs devant leurs portes sans cérémonie. Les journalistes ont assisté à la formation de milices civiles se rassemblant, aggravant la complexité des conflits qui secouent le pays.
Dans cette ville, les lignes de front évoluent constamment, chaque rue devenant un champ de bataille potentiel. À Khartoum, le silence pesant est seulement brisé par le bourdonnement des drones survolant le grand fleuve.
Urgences sur le terrain
En visitant le Dr Manahil Mohamed à l’hôpital Aliah, où elle soigne les soldats sous la menace continuelle des tireurs d’élite, les reporters observent une ville dont les structures, autrefois emblématiques, se sont effondrées dans la pauvreté, devenant de simples souvenirs d’une époque révolue.
Début août, l’ONU a prévenu qu’environ 26 millions de personnes courent un risque de malnutrition aiguë. Stephen Omulo, directeur adjoint au Programme alimentaire mondial, a déclaré : « Nos avertissements n’ont pas été pris en compte », ajoutant que la commission d’évaluation a confirmé des alertes de famine en Darfour avec d’autres zones également à risque grave.
Plus de 10 millions de réfugiés fuient vers les frontières du Tchad, du Sud-Soudan, d’Égypte, d’Éthiopie et de la République centrafricaine, tandis que plus de la moitié de la population fait face à des niveaux critiques de famine, mettant 230 000 enfants en danger de mort. Cette crise alimentaire pourrait s’avérer plus meurtrière que celle constatée en Éthiopie dans les années 1980.
Initiatives de solidarité face à la crise
Face à cette catastrophe, certains tentent d’apporter leur aide. Un petit restaurant, géré par un homme connu sous le nom de Cheikh Amin, continue de servir des repas. Ce chef, qui finance l’initiative de sa propre poche et dirige un centre soufi avec des antennes à Londres, New York et Dubaï, est devenu l’une des figures les plus populaires du pays.
En ce qui concerne l’intervention étrangère, des experts américains dénoncent l’action des Émirats, devenus les principaux fournisseurs d’armes dans ce conflit, ayant violé l’embargo de l’ONU en fournissant des armements aux Forces de soutien rapide. L’armée, soutenue par l’Égypte, se tourne vers l’Iran pour des drones, tandis que les mercenaires de Wagner fournissent des missiles aux Forces de soutien rapide.
Conséquences régionales
La guerre s’intensifiant, le Soudan pourrait entraîner d’autres États voisins dans un effet domino, exacerbant les tensions au Tchad, privant le Sud-Soudan de ses revenus pétroliers, et risque d’entraîner l’Éthiopie, que le Soudan accuse de soutenir les Forces de soutien rapide. Cela pourrait également inciter l’Érythrée, son traditionnel adversaire, à annoncer son aide à l’armée régulière.