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Syrie : les États-Unis réorientent leur stratégie vers Damas et réduisent le soutien à la QSD

by Sara
Syrie : les États-Unis réorientent leur stratégie vers Damas et réduisent le soutien à la QSD
Syrie, États-Unis, Turquie

La politique américaine envers la Syrie connaît un tournant majeur, marqué par les récentes déclarations du président Donald Trump appelant le gouvernement syrien à prendre en charge les centres de détention des membres de l’organisation État islamique (EI). Cette évolution s’accompagne de la signature d’un décret exécutif levant partiellement les sanctions contre Damas.

Cette démarche illustre une révision des priorités de Washington ainsi que des équilibres de pouvoir dans le nord-est syrien, annonçant une nouvelle approche de la présence américaine dans cette région. Le décret, signé par Trump, maintient toutefois des sanctions envers le président Bachar al-Assad, ses proches, ainsi que certaines factions soutenues par l’Iran, tout en soutenant le nouveau gouvernement syrien dirigé par Ahmed Charra.

L’objectif affiché est de renforcer la stabilité en Syrie, de réorganiser les priorités régionales autour de la lutte antiterroriste et de faciliter la reprise économique du pays, tout en œuvrant pour l’unité nationale et en évitant que la Syrie ne devienne un refuge pour des groupes terroristes.

Les enjeux américains en Syrie

Le chercheur Mahmoud Allouch a expliqué à Al Jazeera que cette orientation témoigne de l’importance accordée au rôle de l’État syrien dans la lutte contre le terrorisme. Cette position s’aligne également sur les intérêts de la Turquie, qui réclame que l’État syrien soit l’unique responsable de cette question, affaiblissant ainsi la position des Forces Démocratiques Syriennes (FDS), longtemps bénéficiaires du soutien américain et occidental pour leur engagement contre l’EI.

Selon Allouch, les États-Unis misent désormais sur le nouveau gouvernement syrien pour façonner l’avenir du pays dans le cadre d’une vision régionale plus large. Cette stratégie s’accompagne d’une réduction de l’appui accordé aux FDS, qui ne constituent plus le pivot de l’alliance comme par le passé.

Washington pousse également à l’intégration des FDS dans les structures étatiques syriennes, un processus contraire aux intérêts et objectifs de certains groupes kurdes, ce qui implique de nombreux défis à venir.

Les États-Unis tentent de mettre en œuvre l’accord de fusion conclu en mars dernier entre le président syrien et le commandant des FDS, Mazloum Abdi, jugé par Washington comme la meilleure option pour préserver l’unité territoriale syrienne et renforcer la lutte contre le terrorisme. Malgré une mise en œuvre lente, la Maison Blanche est déterminée à assurer le succès politique et militaire de cet accord.

Une gestion inadéquate de la question des FDS pourrait créer des vides sécuritaires exploités par les groupes terroristes, compromettant ainsi le retrait des forces américaines. Par ailleurs, une convergence des politiques américaine et turque en Syrie a permis de faire progresser l’accord entre Damas et les FDS, tout en harmonisant le traitement général de la situation syrienne, y compris les défis liés à Israël.

Une réévaluation stratégique de la présence américaine

Ce virage politique impacte particulièrement les Forces Démocratiques Syriennes, ancien pilier militaire de Washington dans le nord-est de la Syrie. L’appel de Trump à Damas pour qu’il prenne en charge les centres de détention d’éléments de l’EI place les FDS sous une pression intense en vue de leur intégration dans les institutions étatiques syriennes.

Une source militaire au sein de l’aile arabe des FDS a révélé à Al Jazeera qu’un ultimatum a été fixé par Damas jusqu’à fin septembre pour la mise en œuvre d’un accord politique et sécuritaire global. Ce dernier avertit d’un possible recours à la force si les FDS retardent ou refusent cet accord.

Des divisions profondes existent au sein de la direction des FDS entre partisans d’une résolution pacifique et défenseurs d’une confrontation armée. De hauts responsables américains auraient transmis un message clair à la direction kurde, soulignant l’inamovibilité de l’accord avec Damas et le retrait de toute couverture militaire américaine en cas de conflit, tout en réaffirmant leur soutien intégral au gouvernement syrien en tant qu’autorité légitime.

Il est prévu que les combattants arabes des FDS rejoignent directement les structures du ministère syrien de la Défense, tandis que les éléments kurdes pourraient être intégrés dans une formation militaire autonome au sein de l’armée syrienne dans l’est du pays. Par ailleurs, une remise prochaine des villes de Raqqa, Tabqa et des champs pétrolifères au régime syrien est envisagée.

Le Dr Bakr Ghabis, membre de l’organisation «Citoyens pour une Amérique sûre», souligne également la volonté américaine de repositionner leur rôle militaire en Syrie, avec un retrait progressif des zones du nord-est en raison de la diminution des justifications liées à la lutte contre l’EI.

Selon lui, la relation entre Washington et les FDS n’a jamais été un véritable partenariat stratégique, mais plutôt une alliance temporaire répondant à un objectif précis. Avec la disparition de cette finalité, le rôle des FDS est réévalué, soit pour une intégration au sein des institutions de l’État, soit pour une marginalisation progressive.

Le dossier des prisons renfermant des membres de l’EI a été utilisé par les FDS comme levier de pression sur la communauté internationale, provoquant un malaise au sein de la prise de décision américaine. La proposition turque de transférer ces centres à Damas croise les intérêts américains et régionaux visant à clore définitivement cette question.

Pour l’expert en relations internationales, Firas Allawi, les déclarations de Trump reflètent une reconnaissance implicite de la légitimité du gouvernement syrien sur l’ensemble du territoire national et tendent à intégrer les FDS dans l’État syrien. Il précise que des contacts directs et indirects entre les deux camps existent, bien que leur rythme soit ralenti par le rejet d’un courant puissant au sein des FDS de tout rapprochement avec Damas.

Les États-Unis exercent une pression sur les FDS pour parvenir à un règlement pouvant conduire à une remise progressive des territoires sous leur contrôle. Dans ce contexte, le gouvernement syrien serait en position de reprendre le rôle central après un éventuel retrait des forces américaines.

Malgré le démenti des FDS concernant la préparation d’une opération sécuritaire contre les restes de l’EI, les récents mouvements militaires et l’escalade sur le terrain suscitent des interrogations quant à l’avenir de cette force soutenue par Washington, notamment à l’approche d’un possible règlement avec Damas.

La perspective turque

Le journaliste et chercheur turc Ismaïl Goktan explique que Trump a exprimé son souhait de voir la Syrie stabilisée. La Turquie, selon lui, est le seul substitut crédible aux forces américaines dans la région pour continuer la traque de l’EI.

Depuis le début, Ankara réclame d’être un partenaire clé des États-Unis dans la lutte contre l’EI, en remplacement des FDS qu’elle considère comme une organisation terroriste.

Les orientations actuelles de la politique américaine favoriseraient la Turquie, surtout dans le contexte du processus de paix en cours entre le gouvernement turc et le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Washington perçoit par ailleurs le nouveau gouvernement syrien comme un partenaire dans les efforts de paix, non seulement pour ne pas attaquer les Kurdes, mais aussi pour les intégrer dans la société et la politique syriennes.

Ce positionnement s’inscrit dans la stratégie de Trump qui privilégie la stabilité syrienne, tout en redirigeant l’attention des États-Unis vers des défis régionaux et mondiaux plus vastes, tels que la Chine et les conflits israélo-arabes.

La rencontre entre Trump et le président syrien Ahmed Charra, ainsi que la décision de lever certaines sanctions, témoignent d’une reconnaissance américaine du nouveau gouvernement syrien, ouvrant la voie à la résolution de nombreuses questions en suspens entre Washington et Damas.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/7/1/%d8%aa%d8%ad%d9%88%d9%84-%d9%81%d9%8a-%d8%a7%d9%84%d8%b1%d9%87%d8%a7%d9%86-%d8%a7%d9%84%d8%a3%d9%85%d9%8a%d8%b1%d9%83%d9%8a-%d9%81%d9%8a-%d8%b3%d9%88%d8%b1%d9%8a%d8%a7-%d9%85%d9%86

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