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La taxe chinoise sur les produits laitiers européens est entrée dans une nouvelle phase après l’annonce des droits provisoires par Pékin, qui pourraient durer jusqu’à leur éventuelle confirmation le 21 février. La Chine applique des droits de douane provisoires sur des fromages, crèmes et laits européens, affectant particulièrement la France et son industrie, et cette mesure intervient dans le cadre d’une enquête anti-subventions. Les réactions dans l’Union européenne et parmi les acteurs du secteur s’organisent autour de l’objectif de préserver des relations commerciales équilibrées.
Taxe chinoise sur les produits laitiers européens
La Chine a annoncé le 22 décembre l’application de droits de 21,9 % à 42,7 % sur les produits laitiers européens visés, avec maintien d’un droit de 15 % sur certains produits. L’enquête anti-subventions doit se terminer le 21 février, date à laquelle les droits définitifs seront publiés. Les catégories visées incluent les fromages frais et transformés, les fromages bleus, ainsi que certains laits et crèmes; la poudre de lait n’est pas concernée.

« Notre analyse est que cette enquête est basée sur des allégations contestables et des preuves insuffisantes, et que les mesures sont par conséquent injustifiées et infondées », a déclaré à la presse Olof Gill, porte-parole de la Commission européenne.
« Cette décision risque d’affecter l’ensemble de la chaîne de valeur, de la production à la transformation, fragilisant durablement l’équilibre économique du secteur », souligne le Cniel, appelant à un règlement qui préserve les relations commerciales et l’emploi.
Impacts économiques en France et dans le secteur laitier
Pour rappel, 50 000 t de crème française sont exportées vers la Chine chaque année, sans doute réduites à néant après l’application de droits prohibitifs. Sur les 34 000 tonnes de fromages européens exportés en Chine, seules 6 000 tonnes viennent de France. En revanche, l’Hexagone produit la moitié des 100 000 tonnes de crème exportées. La France a exporté près de 370 millions d’euros de crème, lait et fromages vers la Chine en 2024. Sur les neuf premiers mois de 2025, les exportations atteignent 245 millions d’euros, en légère baisse par rapport à l’année précédente sur la même période, selon les douanes.
« C’est un choc, un coup de massue […] notamment pour le groupe Savencia, qui a été longuement mobilisé par les autorités chinoises » lors de l’enquête chinoise, portant sur des accusations de subventions illégales perçues par le secteur laitier européen, a déclaré François-Xavier Huard, PDG de Savencia. L’industriel, qui a annoncé l’ouverture d’une « phase de contre-argumentaire » avec les autorités chinoises, prévient : « Si ces montants-là devaient perdurer, une grande partie des exportations de crème et de fromages vers la Chine vont être menacées. Et derrière, des producteurs, des territoires, notamment la Normandie, vont être directement concernés ».
La Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) rappelle que cette taxe est « une mauvaise nouvelle, susceptible d’entraîner des pertes de marchés », mais ne doit pas nécessairement entraîner une baisse de la rémunération des éleveurs par les industriels. Selon les chiffres du ministère de l’Agriculture, la filière a maintenu la collecte de lait et les prix restent en légère hausse sur cette période, malgré les tensions commerciales.
Réactions et perspectives
La ministre de l’Agriculture Annie Genevard a réagi: « C’est inacceptable », promettant de « contester fermement cette décision » avec les autres pays européens. Des accords ont été trouvés pour réduire les taxes temporaires sur les entreprises françaises; les discussions se poursuivent pour optimiser les droits définitifs attendus le 21 février et pour atténuer les effets sur les acteurs du secteur.
Des producteurs et territoires, notamment la Normandie, restent directement concernés et appellent à un suivi attentif des négociations avec Pékin afin de préserver l’emploi et les chaînes de valeur locales, tout en assurant une coordination européenne renforcée.