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Le parlement tchadien, réuni en séance plénière, a adopté un amendement constitutionnel majeur prolongeant le mandat présidentiel de 5 à 7 ans et le rendant renouvelable sans limite. Ce vote marque une étape décisive dans l’évolution politique du pays et relance le débat sur la consolidation du pouvoir exécutif. L’annonce suscite des inquiétudes chez l’opposition et des analyses qui y voient une manœuvre pour renforcer la mainmise du président sur les institutions.
Le vote au Parlement
La révision a été votée lors d’une session conjointe des deux chambres à N’Djamena, où 236 parlementaires ont approuvé le texte sur 257 présents, sans qu’aucun vote contraire ne soit enregistré. La quasi-unanimité de l’assemblée a été contestée par le retrait d’un groupe parlementaire dirigé par l’ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacké. Ce dernier et les députés de son parti ont dénoncé une « révision non constitutionnelle et autoritaire » et ont quitté l’hémicycle en signe de protestation.
Selon la nouvelle rédaction, la modification entrera en vigueur à compter de la prochaine élection présidentielle, ouvrant la voie à une application immédiate des nouvelles dispositions. Ce calendrier institutionnel alimente les débats sur l’impact à court terme de la réforme sur le jeu politique national.
La photographie montre une scène de campagne dans un contexte médiatique assombri, reflétant la tension politique qui accompagne cette révision constitutionnelle.
Déby consolide son emprise
Mohamed Idriss Déby Itno est arrivé au pouvoir en avril 2021, après la mort de son père Idriss Déby Itno, qui a dirigé le pays pendant trois décennies. En mai 2024, il a été proclamé vainqueur d’un scrutin présidentiel lourdement boycotté par l’opposition et jugé « non transparent » par ses détracteurs. Les observateurs estiment que l’amendement ouvre la possibilité pour Déby de prolonger indéfiniment sa présence à la tête de l’État.
Pour nombre d’analystes, cette évolution constitue un tournant déterminant dans la trajectoire politique du Tchad, marquant un renforcement institutionnel en faveur de l’exécutif. Le risque évoqué est celui d’un blocage des mécanismes de rotation pacifique du pouvoir.
Opposition marginalisée
Les forces d’opposition ont qualifié la réforme de « dérapage grave », estimant que le Parlement s’est transformé en instrument du parti au pouvoir, le Mouvement national du Salut. Elles dénoncent une concentration accrue des prérogatives entre les mains de l’exécutif et une réduction des espaces de compétition démocratique.
Cette défiance se manifeste tant dans la rue que sur le plan institutionnel, les voix dissidentes affirmant que la nouvelle loi fondamentale fragilise davantage la possibilité d’une alternance pacifique. Les critiques insistent sur la nécessité de préserver des contre-pouvoirs effectifs pour garantir la légitimité des institutions.
La carte du pays illustre le contexte national où s’inscrit ce débat constitutionnel, aux conséquences potentielles sur l’ensemble du paysage politique.
Un cadre institutionnel remodelé
Outre la prolongation du mandat présidentiel, l’amendement comporte plusieurs autres changements notables affectant l’organisation des institutions. Ces modifications visent à ajuster la durée des mandats et les prérogatives de l’exécutif.
- Allongement du mandat des députés à 6 ans.
- Création d’un poste de vice-président du gouvernement (vice-Premier ministre).
- Rétablissement de l’immunité pour les ministres.
- Autorisation pour le président de cumuler sa fonction avec la direction d’un parti politique, permettant à Déby de continuer à diriger le Mouvement national du Salut.
Ces mesures, prises dans leur ensemble, sont perçues par certains comme des instruments législatifs destinés à pérenniser le contrôle du pouvoir en place.
Enjeux et perspectives
La décision du Parlement soulève des questions lourdes pour l’avenir politique du Tchad, notamment en termes de légitimité des institutions et de crédibilité du processus électoral. Les observateurs internationaux et les acteurs nationaux surveillent désormais les réactions de la société civile et de la classe politique.
Les prochaines étapes se joueront lors des élections présidentielles à venir, moment où s’appliquera la nouvelle disposition. L’issue pourrait définir la trajectoire institutionnelle du pays pour les années à venir et influencer la stabilité politique régionale.