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Crise frontalière entre la Thaïlande et le Cambodge : plus de 138 000 civils évacués et un risque d’escalade
La frontière longue d’environ 800 km entre la Thaïlande et le Cambodge connaît une escalade majeure des violences, avec des affrontements d’une intensité inhabituelle depuis près de quinze ans. Ces clashes ont déjà causé la mort de 14 personnes dans chaque pays, bouleversant la stabilité de la région.
Les hostilités ont débuté jeudi, avec des échanges de tirs, d’obus et de roquettes dans plusieurs points censés être le « triangle d’émeraude ». Selon l’armée thaïlandaise, six zones de combat sont actuellement actives, grâce à une intensification des opérations militaires. La Thaïlande a notamment déployé des avions F-16 pour atteindre des cibles militairesCambodgiennes au sol, une première depuis cette intensification du conflit.
Une mobilisation massive des civils et un contexte de tension ancienne
Face à la violence, plus de 138 000 civils ont été évacués vers des centres d’accueil à travers la Thaïlande, craignant pour leur sécurité. Au Cambodge, la situation est également critique, avec un millier de personnes transférées pour échapper aux combats. Plusieurs familles ont fui dans la panique, prenant la route sous la pluie de tirs, témoignant d’une tension palpable dans la région.
« Je vis tout près de la frontière. Nous avons peur car ils ont recommencé à tirer vers 6 h du matin »,
a raconté un habitant cambodgien. Les images de déplacés, entourés de leurs bagages, illustrent la gravité de la crise humanitaire qui s’installe.
Les enjeux diplomatiques et les réactions internationales
L’intensité des affrontements et leur prolongement ont poussé la communauté internationale à réagir. Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU est programmée pour vendredi. Le Premier ministre cambodgien Hun Manet a déclaré que la situation pourrait évoluer vers une véritable guerre si aucune solution pacifique n’était trouvée. Le Premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai, a appelé à la retenue, insistant sur le risque d’escalade.
Un conflit alimenté par des différends territoriaux historiques
Ce conflit n’est pas une nouveauté, mais s’inscrit dans un bras-de-fer de longue date concernant le tracé de leur frontière, défini à l’époque coloniale. La mort d’un soldat khmer fin mai, lors d’un échange de tirs, a été le déclencheur de cette nouvelle escalade, après des années de tensions liées aussi à la présence de mines antipersonnel dans la zone.
Les anciens affrontements autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011, qui avaient fait 28 morts, restent une référence dans cette histoire de conflits, qui pourrait se répéter si aucune désescalade n’est trouvée.
Une région sous vigilance avancée
Les deux pays accusent mutuellement des provocations : la Thaïlande a dénoncé la pose de nouvelles mines cambodgiennes, tandis que Phnom Penh affirme que des zones restent infestées de mines anciennes. L’ambassade thaïlandaise a conseillé à ses ressortissants de quitter le Cambodge rapidement pour leur sécurité, tandis que les forces armées thaïlandaises poursuivent leurs opérations dans la zone.
Le risque d’une nouvelle guerre dans cette région sensible est évoqué par plusieurs analystes, qui soulignent la nécessité d’une solution diplomatique durable pour éviter une déstabilisation plus large de l’Asie du Sud-Est.