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Une tragédie ravive les souvenirs de la révolution en Tunisie
Mohamed Bouazizi, ce jeune Tunisien qui s’est immolé par le feu le 17 décembre 2010 devant le siège de la gouvernorat de Sidi Bouzid, est devenu le symbole déclencheur du Printemps arabe. Son geste, provoqué par la saisie policière de sa charrette où il vendait fruits et légumes après avoir été giflé, a suscité une vague de protestations à travers toute la Tunisie.
Plus d’une décennie plus tard, les événements récents dans la ville d’Al-Mzouna, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, rappellent douloureusement ce début tumultueux. Le lundi précédent, un effondrement du mur d’un lycée a causé la mort de trois élèves, déclenchant une colère massive parmi les habitants.
Colère populaire et manifestations
Les habitants d’Al-Mzouna sont descendus dans la rue pour protester contre la dégradation des conditions sociales et des infrastructures, dénonçant un manque criant d’attention des autorités. La tension est rapidement montée face aux forces de l’ordre, qui ont utilisé en grande quantité des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.
Des vidéos ont circulé montrant des cas d’asphyxie dans l’hôpital local, provoquant une large indignation sur les réseaux sociaux. Cette répression a ravivé les blessures d’une population qui se sent abandonnée et opprimée.
Crise politique et critiques contre le président Kaïs Saïed
De nombreux internautes et militants s’interrogent sur l’absence du président Kaïs Saïed à Al-Mzouna pour présenter ses condoléances et rassurer la population. Ils dénoncent un « manque d’attention flagrant » et accusent le pouvoir de choisir quand répondre à la volonté populaire selon ses intérêts.
Ces événements rappellent la flamme de la révolution de 2011 née à Sidi Bouzid, et soulèvent à nouveau les questions de répression et d’appauvrissement toujours présents plus de dix ans après.
- « Sidi Bouzid 2010. Même scène. Le peuple tunisien doit rester uni. Le désordre au sommet de l’État a atteint son paroxysme. Cela ne peut plus durer. » #AlMzounaEnRévolte #TunisieEnRévolte
Les critiques se font également virulentes contre l’usage des gaz lacrymogènes et les violences policières, jugées incompatibles avec les promesses du président de défendre les droits des citoyens.
- « L’étincelle vient toujours de Sidi Bouzid. »
Certains remettent en question la cohérence du discours présidentiel qui se disait soutien des « révoltés du 17 décembre », alors que la police intervient durement contre les manifestants.
La division établie par le président entre les « groupes du 17 décembre et du 14 janvier » semble fragilisée par cette nouvelle vague de contestation. Ils considèrent que cette narrative politique s’est effondrée avec le mur du lycée d’Al-Mzouna.
Réactions des journalistes et suspension des cours
La Fédération nationale des journalistes tunisiens a condamné les agressions verbales subies par les reporters lors de la couverture des manifestations. Par ailleurs, les autorités éducatives ont décidé de suspendre les cours dans la ville, en signe de deuil et face à la montée de la tension sociale.
Dans ce contexte, Sabir Al-Abdouli, membre du conseil régional de Sidi Bouzid, a rappelé sur Facebook que la loi tunisienne interdit toute forme de protestation nocturne sur tout le territoire, quelle que soit la cause.
- Il a dénoncé la diffusion de fausses informations évoquant l’usage de balles réelles par les forces de l’ordre.
- Il a affirmé que la police a maîtrisé la situation face à des groupes cherchant à profiter du chaos pour commettre des actes de vandalisme et agressions.
- Il a insisté sur le droit de manifester pacifiquement dans le respect de la loi et de la souveraineté de l’État, avec une sécurisation assurée par le ministère de l’Intérieur.