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Trump, Poutine, Ukraine, Alaska, paix, conflit — Alors que sa famille pleurait au bord de la tombe de son frère, le soldat ukrainien Artem Reshetilov a lancé un avertissement aux dirigeants occidentaux et, en particulier, à Donald Trump : la paix ne doit pas se négocier au détriment du territoire ukrainien.
Au cimetière près de Kharkiv : un message contre toute concession territoriale
La cérémonie funéraire pour Andrei, 38 ans, tué par un tir d’artillerie russe sur la ligne de front, s’est déroulée la veille du sommet de paix annoncé en Alaska — sommet auquel l’Ukraine n’a pas été invitée. À la nécropole située près de la grande ville du nord‑est, des centaines de drapeaux ukrainiens marquant les tombes flottaient derrière Artem Reshetilov.
Interrogé par des médias internationaux, Reshetilov a exprimé sa crainte qu’un cessez-le-feu serve de simple répit à la Russie, lui permettant de « return even stronger » pour reprendre l’offensive. Il a également déclaré :
“We don’t have to compromise with the enemy and give up our beloved land because this enemy won’t stop,”
Reshetilov, 46, a ajouté :
“We know Russia and they never keep agreements,”
Ses propos reflètent l’inquiétude d’une partie importante de la société ukrainienne : qu’un accord négocié sans la présence d’Ukraine conduise à des concessions territoriales définitives au profit de Moscou.
Sommet en Alaska : pressions diplomatiques et crainte d’un accord déséquilibré
L’absence de l’Ukraine a provoqué une intense activité diplomatique entre Washington et les capitales européennes. Volodymyr Zelenskyy et son gouvernement se sont tournés vers des dirigeants britanniques, français, allemands, de l’Union européenne et de l’OTAN pour tenter d’influencer le sommet et empêcher un accord susceptible de nuire à Kiev.
Une visioconférence d’urgence mercredi a réuni Trump, Zelenskyy et plusieurs dirigeants européens. Après l’appel, le président américain a assuré qu’il y aurait des « very severe consequences » si Vladimir Poutine ne convenait pas de mettre fin à la guerre. Des responsables européens ont dit être sortis de la réunion plus rassurés, mais toujours inquiets.
William Taylor, ancien ambassadeur des États‑Unis en Ukraine, a résumé l’état d’esprit de nombreux observateurs :
“It’s looking better today than it did a week ago,”
Pour autant, la nervosité demeure. Un haut responsable européen, qui a tenu à conserver l’anonymat en raison de la sensibilité du dossier, a averti :
“We all are preparing ourselves for an outcome that may be highly problematic,”
Et il a prévenu que si les pourparlers aboutissaient à une proposition manifestement favorable à la Russie,
“then there is no way that Europe can simply pretend that everything is simply ok,”
La Maison‑Blanche a renvoyé les demandes de commentaires vers des déclarations de Trump selon lesquelles la rencontre était d’abord un « listening exercise » et que la conclusion éventuelle d’un accord relèverait d’une négociation entre Ukraine et Russie.
Perceptions en Ukraine et chiffres des pertes en juillet
Pour de nombreux Ukrainiens, la tenue de discussions sur leur pays sans leur représentation est perçue comme une humiliation. Oksana Andrusyak, analyste en communication à Kyiv, a demandé :
“Why should they talk about Ukraine without Ukraine’s participation?”
Elle a ajouté :
“But why does the United States, which positions itself as a state that values the rule of law,”
want to take part in what she calls a “circus?”
Sur le terrain, la guerre continue de faire des victimes. Les Nations unies ont annoncé que juillet a enregistré le plus grand nombre de victimes civiles depuis le début du conflit : 286 personnes tuées et 1 388 blessées. Les pertes humaines et matérielles restent élevées et les funérailles se succèdent, illustrant le caractère attritionnel des combats.
Rôle des Européens et perceptions stratégiques
La préparation au sommet a mis en lumière un glissement : l’Ukraine voit désormais l’Europe comme son principal partenaire et défenseur, estiment des experts et anciens responsables américains. Les puissances européennes ont pris l’initiative sur l’aide militaire, financière et les sanctions contre Moscou.
Christian Forstner, directeur de la Hanns Seidel Foundation à Washington, a expliqué : “If the US is backtracking, someone has to come in, otherwise it’s an open flank for Putin,” traduisant la crainte d’un vide stratégique si Washington concédait trop rapidement.
À ce stade, les responsables européens et des spécialistes dénoncent le risque qu’un accord fondé sur un simple cessez‑le‑feu, sans garanties et sans la participation de l’Ukraine, permette à la Russie de consolider ses gains et de menacer à terme d’autres territoires européens.
Richard Engel and Marc Smith reported from Kharkiv, Daryna Mayer reported from Kyiv, Alexander Smith reported from London and Dan De Luce reported from Washington.