Des sanctions visant cinq Européens dont Thierry Breton ont été annoncées par l’administration Trump, interdisant le séjour sur le territoire américain à ces personnes. Cette mesure s’inscrit dans un contexte de tensions sur la régulation du numérique et la lutte contre la désinformation en ligne. Thierry Breton interdit de séjour aux États‑Unis, ancien ministre et artisan de la directive européenne sur les services numériques, a dénoncé le geste sur les réseaux sociaux en parlant d’un «vent de maccarthysme» et a rappelé le vote unanime du DSA par le Parlement européen et les États membres. La diplomatie française a réaffirmé la souveraineté européenne sur les règles numériques. Quatre autres personnes visées appartiennent à des ONG actives au Royaume‑Uni et en Allemagne.
Sanctions et personnes visées, dont Thierry Breton
Dans les détails, cinq personnalités européennes se voient interdire l’entrée sur le sol américain, dont Thierry Breton. Les quatre autres personnes sanctionnées appartiennent à des ONG luttant contre la désinformation et la haine en ligne au Royaume‑Uni et en Allemagne: Imran Ahmed, Clare Melford, Anna‑Lena von Hodenberg et Josephine Ballon. Les Européens n’ont généralement pas besoin de visa pour se rendre aux États‑Unis, mais doivent toutefois obtenir l’ESTA.

Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a déclaré: «Depuis trop longtemps, les idéologues européens mènent des actions concertées pour contraindre les plateformes américaines à sanctionner les opinions américaines auxquelles ils s’opposent».
«L’administration Trump ne tolérera plus ces actes flagrants de censure extraterritoriale», a-t-il ajouté, dénonçant «un complexe industriel mondial de la censure».
Breton a réagi sur X en dénonçant un «vent de maccarthysme» et rappelant que «90 % du Parlement européen – démocratiquement élu – et les 27 États membres à l’unanimité ont voté le DSA», la réglementation européenne sur le numérique. «À nos amis américains : La censure n’est pas là où vous le pensez», a‑t‑il ajouté.
Jean‑Noël Barrot, le chef de la diplomatie française, a également affirmé que: «les peuples de l’Europe sont libres et souverains et ne sauraient se faire imposer par d’autres les règles s’appliquant à leur espace numérique».
Ce contexte a été alimenté par la vigueur du Digital Services Act (DSA) et par les débats autour du rôle des régulateurs européens dans la sphère numérique, qui constituent l’arsenal juridique le plus puissant au monde pour réguler le numérique, selon les responsables européens.
Par ailleurs, l’UE a récemment sanctionné X, réseau social d’Elon Musk, une mesure qui a été évoquée par les responsables américains comme une preuve de l’importance de l’action européenne.
Selon les trois autres figures visées, Imran Ahmed, Clare Melford, Anna‑Lena von Hodenberg et Josephine Ballon, il s’agit d’acteurs de ONG actives contre la désinformation et la haine en ligne.
La décision survient dans un contexte où les États‑Unis envisagent aussi des restrictions de visas et des mesures associées pour les personnes impliquées dans la modération de contenu, comme les visas H‑1B évoqués dans des mémos des autorités américaines. Le Réseau international de vérification des faits (IFCN) a exprimé sa «profonde préoccupation» à ce sujet, et l’AFP en fait partie.
Réactions et implications pour l’Europe et la souveraineté numérique
La réaction politique européenne a été rapide. L’eurodéputé Raphaël Glucksmann a dénoncé: «Nous ne sommes pas une colonie des États‑Unis! Nous sommes Européens, nous devons défendre nos lois, nos principes, nos intérêts.»
Pour Nathalie Loiseau, «ne nous y trompons pas : derrière cette mesure, c’est la souveraineté des Européens à décider de leurs lois et à les faire appliquer qui est attaquée».
Sébastien Chenu, du Rassemblement national, a également critiqué la situation en rappelant que «l’administration Trump ne fait pas seulement une erreur de fond, elle a aussi une mauvaise image des États‑Unis à l’échelle mondiale».

L’Europe continue de faire valoir que le DSA et l’arsenal juridique communautaire restent des instruments pour protéger les citoyens face à des contenus problématiques, tout en préservant la liberté d’expression. De son côté, Washington affirme que ces mesures visent à protéger la sécurité nationale et les valeurs démocratiques face à une régulation jugée excessive par les États‑Unis. Le débat sur la souveraineté numérique et les rapports entre Bruxelles et Washington demeure donc au cœur des échanges sur le numérique.