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Trump au Golfe : Renforcement stratégique et investissements entre États-Unis et Arabie Saoudite

by Sara
Trump au Golfe : Renforcement stratégique et investissements entre États-Unis et Arabie Saoudite
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Trump au Golfe : Renforcement stratégique et investissements entre États-Unis et Arabie Saoudite

Avec le début de son second mandat, le président américain Donald Trump a entamé sa première tournée internationale par une visite dans les pays du Golfe (Arabie Saoudite, Qatar et Émirats arabes unis). Cette démarche s’inscrit dans un contexte où les États-Unis cherchent à renforcer leurs relations stratégiques et économiques avec ces nations.

Au cours de cette visite, plusieurs accords majeurs ont été signés, couvrant des secteurs variés allant de l’énergie à l’intelligence artificielle. Les enjeux régionaux, notamment les conflits et tensions, ont également figuré en bonne place dans l’agenda, que Trump a qualifié de « visite importante et historique ». La Maison-Blanche a décrit ce déplacement comme un « retour historique au Moyen-Orient ».

Pour approfondir cette visite, Al Jazeera a interrogé deux experts américains : Hussein Abish, spécialiste du Moyen-Orient, et Frederick Hoff, professeur à l’Université Bard et expert au Conseil Atlantique, tous deux analystes de la politique étrangère américaine.

Les objectifs de Trump

Selon Hussein Abish, Trump cherche avant tout des « victoires économiques » et compte les obtenir principalement auprès des pays du Golfe. Cependant, la visite abordera également la tentative de mettre fin à la guerre israélienne contre Gaza et la volonté de rassurer les États du Golfe concernant les négociations nucléaires avec l’Iran.

Le volet économique inclut la vente d’armements et d’autres investissements destinés à maximiser les flux financiers vers les États-Unis. Abish souligne que, malgré certaines déclarations peu réalistes, Trump pourra se targuer de ce qu’il présentera comme un « grand succès pour l’Amérique ». Par ailleurs, Trump ambitionne de conclure des accords personnels par le biais de sa société immobilière, en partenariat avec des institutions du Golfe, afin de générer des milliards de dollars pour lui-même et ses enfants.

Frederick Hoff a quant à lui indiqué que « l’objectif principal de ce voyage est de renforcer les relations entre les États-Unis et le Golfe, notamment en augmentant les investissements du Golfe dans l’économie américaine ».

Donald Trump et le prince héritier Mohammed ben Salmane lors d’un forum d’investissement à Riyad, 13 mai 2025
Donald Trump (centre gauche) et le prince héritier Mohammed ben Salmane (centre droit) lors d’un forum d’investissement à Riyad, Arabie Saoudite, 13 mai 2025. (Photo Win McNamee/Getty Images)

Pour diverses raisons, Trump a choisi de commencer sa tournée par l’Arabie Saoudite.

Entre Arabie Saoudite et Israël

Hussein Abish considère cette visite comme une étape importante, démontrant que Trump voit les Saoudiens comme des partenaires clés non seulement diplomatiquement et stratégiquement, mais aussi politiquement et personnellement. Trump a apprécié le déroulement de sa première visite en 2017 et souhaite la reproduire, en élargissant la portée en y incluant les Émirats arabes unis et le Qatar aux côtés de l’Arabie Saoudite.

Cette visite sert également à promouvoir la vision de Trump qui présente l’Arabie Saoudite comme un acteur international et régional majeur. Cela compense en partie le fait que les Saoudiens n’aient pas obtenu l’alignement stratégique et les accords de défense mutuelle négociés sous l’administration Biden.

Abish souligne que l’Arabie Saoudite a compris qu’il est impossible de signer un traité militaire sans l’approbation du Sénat américain, ce qui nécessite un accord de normalisation avec Israël. Or, un tel accord n’est pas envisageable tant qu’Israël ne fait pas de concessions en faveur de la création d’un État palestinien.

Trump, en revanche, promeut l’Arabie Saoudite en tant qu’acteur régional influent à travers ses négociations sur la guerre en Ukraine et cette visite « majeure », ainsi que par d’autres formes de soutien.

Selon Hoff, la relation personnelle la plus forte de Trump dans la région est avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, depuis son premier mandat.

Avec l’arrêt des combats à Gaza et un possible accord avec l’Iran, Trump s’éloigne des positions du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Abish note que le fait que Trump ne visite pas Israël lors de ce voyage n’est pas significatif en soi.

Les négociations nucléaires avec l’Iran, vivement rejetées par Israël, enthousiasment Trump, qui espère un nouvel accord plus durable que celui de 2016.

Ces deux dossiers sont sources de tensions entre Trump et Israël. Hoff estime que Trump « comprend que les intérêts américains ne sont pas pris en compte par Netanyahou », ce qui explique qu’il évite une visite en Israël pour le moment.

Abish ne voit aucune relation entre cette visite et la suspension du processus de normalisation entre l’Arabie Saoudite et Israël, tandis que Hoff suppose que cette dernière reste bloquée du fait de l’absence d’autodétermination palestinienne et de la guerre à Gaza.

Conséquences des frappes israéliennes sur Gaza
Les frappes israéliennes sur Gaza, un des sujets abordés par Trump durant sa visite. (Sources réseaux sociaux)

Gaza et les Houthis

Frederick Hoff estime que la guerre à Gaza sera au centre des discussions, avec la volonté américaine de mettre fin au conflit, en soutenant l’intermédiation qatarie pour y parvenir. Il souligne aussi que la solidarité américano-golfeenne peut encourager l’Iran à faciliter un nouvel accord avec les États-Unis.

Hussein Abish évoque d’importantes divergences entre Trump et Israël concernant la guerre à Gaza, un conflit que Trump souhaite voir s’achever, notamment après la libération d’Eidan Alexander par le Hamas. Ce dossier devrait être discuté à Doha.

Concernant un éventuel accord avec les Houthis, Abish remarque que la position américaine se rapproche de celle de l’Arabie Saoudite depuis que les Houthis ont commencé à attaquer des navires commerciaux en mer Rouge et dans le golfe d’Aden après le déclenchement de la guerre à Gaza en 2023.

Trump affiche une posture plus proche de Riyad que celle de Biden. Abish affirme que, malgré l’hostilité du Golfe envers les Houthis, les États du Golfe ne sont pas déçus par l’accord de cessez-le-feu. Au contraire, ils y voient un moyen de calmer la région et d’assurer la sécurité maritime, ce qui est crucial pour eux, alors qu’Israël a été surpris et déçu, contrairement aux pays du Golfe.

Cependant, les pays du Golfe souhaitent coordonner leurs politiques envers les Houthis. Les États-Unis envisagent de les intégrer aux efforts régionaux pour contenir les « activités nuisibles » des Houthis, perçues comme un problème régional plus qu’américain.

Abish souligne que le conflit avec les Houthis et le cessez-le-feu temporaire sont étroitement liés à l’Iran et aux négociations nucléaires. Il estime peu probable que les Houthis acceptent un cessez-le-feu avec Washington sans pressions fortes de Téhéran, qui ne veut pas compromettre les négociations.

Hoff considère que ce cessez-le-feu envoie un message aux hôtes de Trump, indiquant que ce dernier est prêt à éloigner les États-Unis du gouvernement de Netanyahou, ce qui sera bien accueilli par le monde arabe, même si l’Arabie Saoudite souhaite maintenir la pression militaire contre les Houthis.

Un croisement d’intérêts

Hussein Abish explique que Trump tente de brouiller les frontières entre sa personne, les États et les intérêts américains, ne souhaitant pas gouverner comme un président classique, mais plutôt instaurer un pouvoir très personnel où ses intérêts et ceux de l’État sont indissociables.

Dans un contexte normal, les lois sur les conflits d’intérêts l’en empêcheraient, mais la domination républicaine sur les leviers du pouvoir, notamment au Congrès et à la Cour suprême, lui permet pratiquement de profiter de cette visite sans entrave.

Frederick Hoff souligne que toute la diplomatie de Trump découle de ses convictions personnelles, souvent coercitives. Il pourrait réussir à négocier un nouvel accord avec l’Iran, même si la diplomatie américaine envers Téhéran a été principalement non coercitive durant plus de 40 ans, avec des résultats souvent désastreux.

Hoff conclut que Trump ne voit pas nécessairement de conflit entre les intérêts commerciaux de sa famille et ses efforts diplomatiques officiels. Reste à savoir si ses interlocuteurs du Golfe perçoivent des opportunités politiques dans cette vision et si ces opportunités serviront les intérêts américains.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/5/14/%d8%ae%d8%a8%d9%8a%d8%b1%d8%a7%d9%86-%d8%a3%d9%85%d9%8a%d8%b1%d9%83%d9%8a%d8%a7%d9%86-%d9%8a%d9%81%d9%83%d9%83%d8%a7%d9%86-%d9%84%d9%84%d8%ac%d8%b2%d9%8a%d8%b1%d8%a9-%d9%86%d8%aa

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