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Trump et Erdogan : une amitié pour débloquer la crise Turquie-USA

by Sara
Trump et Erdogan : une amitié pour débloquer la crise Turquie-USA
Turquie, États-Unis, Palestine, Syrie

Une amitié stratégique entre Trump et Erdogan

Les relations personnelles entre chefs d’État jouent souvent un rôle clé dans la résolution de crises ou dans l’avancement des relations bilatérales. C’est particulièrement vrai pour le président turc Recep Tayyip Erdogan et l’ancien président américain Donald Trump. Depuis le premier mandat de Trump, Ankara mise beaucoup sur cette relation pour débloquer les dossiers en suspens entre les deux pays.

Le 5 mai dernier, les deux dirigeants ont eu une conversation téléphonique durant laquelle ils ont abordé plusieurs dossiers régionaux et internationaux. Erdogan a qualifié cet échange de « très fructueux, complet et sincère », un avis partagé par Trump. Au-delà du contenu, la cordialité affichée a marqué les esprits : Erdogan a appelé Trump « cher ami » et a exprimé son souhait de l’accueillir en Turquie dans les plus brefs délais, tout en se disant prêt à répondre à une invitation américaine.

De son côté, Trump a souligné la qualité de leur relation durant son premier mandat (2016-2020), rappelant à Benjamin Netanyahu lors d’une rencontre en avril : « J’ai une relation formidable avec un homme nommé Erdogan – je l’admire, il m’admire aussi, ce qui fait beaucoup de bruit dans les médias. Nous n’avons jamais eu de problèmes, même si nous avons traversé beaucoup de choses. »

Un potentiel décisif pour la résolution des crises régionales

Un rapport de l’Académie nationale du renseignement turc (MIT), publié en novembre après la victoire de Trump à la présidentielle, souligne que ce dernier a la capacité de contourner les institutions américaines pour bâtir des liens privilégiés avec ses alliés. Le document qualifie la relation Erdogan-Trump de « parfaite alchimie » tout en avertissant sur la nature imprévisible et solitaire des décisions du président américain.

Cette dynamique soulève des questions quant à l’impact de leur relation sur plusieurs dossiers clés :

  • La guerre à Gaza et la crise humanitaire dans le secteur
  • L’avenir politique de la Syrie post-Assad et le soutien américain à un nouveau gouvernement
  • Le rôle de la Turquie dans la vision de Trump pour mettre fin au conflit russo-ukrainien
  • Les avancées dans le secteur des industries de défense en difficulté

Gaza : vers un arrêt du conflit

Le conflit israélo-palestinien à Gaza reste l’un des sujets de discorde majeurs entre Ankara et Washington depuis le début des hostilités en 2023. L’essentiel des discussions entre responsables turcs et américains, ainsi que le récent appel Erdogan-Trump, insistent sur la nécessité de mettre fin à la guerre, d’acheminer les aides humanitaires et d’élaborer un plan de reconstruction.

La Turquie refuse catégoriquement la liquidation de la résistance palestinienne dans le secteur, la considérant comme un acte légitime semblable à sa propre guerre d’indépendance. Elle s’oppose également à une évacuation massive des habitants, insistant sur le maintien de la population locale et la réhabilitation du territoire.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a rencontré à plusieurs reprises les leaders du Hamas à Ankara et Doha en avril, concluant que le mouvement est ouvert à une trêve prolongée en échange d’un arrêt des hostilités, proposition rejetée par Netanyahu.

La Turquie espère que la relation Erdogan-Trump permettra de pousser Washington à contraindre Israël à accepter l’aide humanitaire et à œuvrer pour un cessez-le-feu durable suivi d’une reconstruction.

Syrie : vers un allègement des sanctions

Lors d’une rencontre avec Netanyahu en avril, Trump a confié à Erdogan : « Félicitations, vous avez fait ce que personne n’a pu faire depuis deux mille ans : vous avez pris le contrôle de la Syrie. » Cette affirmation reflète l’importance accordée au dossier syrien dans les pourparlers turco-américains.

La Turquie a entamé des contacts avec les États-Unis avant même leur prise de fonction officielle, visant à organiser la sécurité et la stabilité post-Assad. Durant son premier mandat, Trump exprimait une certaine compréhension pour les opérations militaires turques contre le PKK dans le nord de la Syrie, même si les pressions internes américaines limitaient les résultats.

Avec les récents développements, Ankara espère un règlement définitif des menaces sécuritaires dans la région. Le retrait progressif des troupes américaines du nord-est syrien, couplé à la réduction de zones contrôlées par les Forces démocratiques syriennes (FDS), ouvre la voie à un retour des forces gouvernementales syriennes soutenues par la Turquie.

Par ailleurs, la Turquie milite pour la levée des sanctions contre Damas et la reconnaissance du régime en place. Des avancées notables ont été enregistrées, notamment avec une aide financière qatarie mensuelle de 29 millions de dollars destinée aux fonctionnaires civils, bénéficiant d’une exemption américaine.

Les sanctions CAATSA et leurs enjeux

En décembre 2020, sous la présidence Trump, les États-Unis ont imposé des sanctions à la Turquie selon la loi CAATSA, en réaction à l’achat du système de défense russe S-400 par Ankara. Ces mesures ont également conduit à l’exclusion turque du programme de fabrication des avions furtifs F-35.

Depuis, la Turquie cherche à lever ces sanctions, sans renoncer à son système de défense. Les récents développements laissent entrevoir une opportunité, notamment après la signature en juin 2024 d’un contrat de 23 milliards de dollars pour l’acquisition de 40 chasseurs F-16 et la modernisation de sa flotte aérienne existante.

Les oppositions à Ankara au sein de Washington

Lors du premier mandat de Trump, certains membres de l’administration américaine ont limité l’impact positif de la relation Erdogan-Trump. Des dossiers sensibles tels que l’affaire Gülen, le soutien américain au PKK et les sanctions liées à l’arrestation du pasteur Andrew Brunson sont restés sans résolution définitive.

Aujourd’hui, l’administration américaine comprend des figures conservatrices et parfois hostiles envers la Turquie, comme le secrétaire à la Défense Pete Hegseth, le secrétaire d’État Marco Rubio ou la directrice du renseignement national Tulsi Gabbard, qui a publiquement critiqué Erdogan en 2020.

Malgré l’importance stratégique de la Turquie pour la résolution du conflit russo-ukrainien, la concrétisation des bonnes relations entre Erdogan et Trump en politiques tangibles reste incertaine, en raison notamment des positions rigides de certains acteurs à la Maison-Blanche.

source:https://www.aljazeera.net/opinions/2025/5/12/%d9%87%d9%84-%d8%aa%d8%ad%d9%84-%d8%b5%d8%af%d8%a7%d9%82%d8%a9-%d8%aa%d8%b1%d8%a7%d9%85%d8%a8-%d9%88%d8%a3%d8%b1%d8%af%d9%88%d8%ba%d8%a7%d9%86-%d8%a7%d9%84%d8%a3%d8%b2%d9%85%d8%a7%d8%aa

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