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Trump intensifie la guerre commerciale contre la Chine en 100 jours
Depuis le début de son second mandat en 2025, le président des États-Unis, Donald Trump, a renforcé sa politique économique la plus agressive envers la Chine depuis des décennies. Cette nouvelle phase de confrontation commerciale entre Washington et Pékin a abouti à un quasi-embargo entre les deux premières économies mondiales.
Les droits de douane américains sur la plupart des produits chinois ont grimpé à 145 %, atteignant même 245 % sur certains articles. Parallèlement, les échappatoires permettant auparavant aux exportateurs chinois d’éviter ces taxes ont été définitivement fermées.
Riposte chinoise et escalade tarifaire
En réponse, la Chine a imposé des tarifs de 125 % sur la majorité des produits américains. Elle a également mis en place des mesures de rétorsion, notamment des contrôles à l’exportation sur des minerais stratégiques et des restrictions accrues sur le nombre de films hollywoodiens diffusés dans ses cinémas.
Cette guerre commerciale, relancée par Trump après 2018, découle d’une conviction profonde que la Chine et d’autres pays ont tiré avantage de leur relation commerciale avec les États-Unis au détriment de ces derniers.
- Zhiwu Chen, professeur de finance à l’Université de Hong Kong, souligne que Trump considère désormais la Chine comme un ennemi plutôt qu’un partenaire.
- Le déficit commercial américain en biens et services a atteint 918,4 milliards de dollars en 2024, avec un déficit record de 1,2 trillion de dollars uniquement sur les biens.
Une vision économique centrée sur la protection des emplois américains
Trump voit la Chine, troisième partenaire commercial des États-Unis après le Mexique et le Canada, comme l’un des plus grands profiteurs du système commercial mondial. Selon Dennis Wilder, ancien fonctionnaire de la Maison-Blanche, Trump estime que la Chine a exploité le consommateur américain pendant l’ère de la mondialisation.
Son objectif est de rééquilibrer le commerce pour favoriser la création d’emplois qualifiés aux États-Unis et d’attirer les investissements chinois sur le sol américain. Il souhaite également que les entreprises américaines bénéficient d’un accès plus large au marché chinois.
Un conflit commercial entamé en 2018 et poursuivi
La première guerre commerciale de Trump contre la Chine a débuté en 2018, en réaction à des pratiques commerciales jugées déloyales et au vol de propriété intellectuelle par des entreprises chinoises. Au cours des deux années suivantes, son administration a imposé des droits de douane sur 300 milliards de dollars de produits chinois, dont la plupart sont toujours en vigueur cinq ans plus tard.
Lors de sa campagne pour la réélection, Trump avait promis d’augmenter encore ces tarifs en cas de victoire. Bien que son positionnement anti-Chine ne surprenne pas, la portée et la nature intermittente de ces taxes ont déconcerté les observateurs.
Une stratégie économique globale et planifiée
Jeffrey Moon, ancien représentant américain au commerce pour la Chine, explique que Trump a reçu en 2025 une feuille de route détaillée intitulée « Project 2025 », qui comprend la mise en œuvre de tarifs réciproques. Cette stratégie vise à faire respecter un commerce plus équitable à l’échelle mondiale.
Contrairement à l’administration Biden, qui présente la rivalité sino-américaine comme un affrontement idéologique entre démocratie et autoritarisme, Trump adopte une approche géoéconomique centrée sur des intérêts économiques pragmatiques.
Vers une négociation incertaine sur les tarifs
Récemment, Trump et des responsables de la Maison-Blanche ont exprimé leur volonté de négocier avec la Chine pour réduire les droits de douane, qualifiés d’« insoutenables » par le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent. Toutefois, Pékin affirme qu’aucun dialogue n’a encore commencé.
L’analyste Ray Wang estime que la politique de pression maximale de Trump pourrait se retourner contre les États-Unis en poussant la Chine à une plus grande « découplage » économique.
De son côté, Marina Zhang, professeure associée à l’Australia-China Relations Institute, souligne que cette situation incite les fabricants chinois à diversifier leurs marchés vers l’ASEAN, l’Afrique et l’Amérique latine, ce qui constitue pour la Chine à la fois un risque et une opportunité.
Extension de la guerre commerciale à d’autres partenaires
Au-delà de la Chine, Trump a également ciblé le Mexique et le Canada avec des séries de tarifs intermittents. Le 2 avril, il a étendu cette guerre commerciale à plus de 180 pays et territoires en annonçant des « tarifs réciproques » allant de 10 à 49 %.
Bien que ces tarifs aient été suspendus pour 90 jours dans l’attente de négociations pays par pays, Washington continue d’exiger la fermeture des échappatoires permettant aux partenaires commerciaux de contourner les restrictions sur les exportations destinées aux États-Unis.
Dennis Wilder explique que la stratégie chinoise de Trump s’inscrit désormais dans une vision économique mondiale, visant à empêcher que d’autres pays aident la Chine à éluder les règles commerciales américaines.
Un changement profond du consensus mondial
Drew Thompson, chercheur à la S Rajaratnam School of International Studies de Singapour, considère que l’objectif ultime de Trump est de réécrire le « consensus de Washington » sur le libre-échange et la libéralisation des marchés pour qu’il reflète sa propre vision.
Selon lui, cette démarche ne vise pas uniquement la Chine, mais traduit la perception de Trump — partagée par une grande partie des électeurs américains — que les États-Unis ont été exploités et n’ont pas bénéficié de la mondialisation.