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La relation entre le président américain Donald Trump et les médias est devenue ouvertement problématique et source de vifs débats. Après des attaques verbales et des accusations durant son premier mandat (2017‑2021), elle a évolué vers des mesures concrètes, institutionnelles et juridiques au cours de son second mandat, entamé en 2025.
Si, lors de son premier mandat, Trump qualifiait la presse d’« ennemi du peuple », sa nouvelle stratégie cible systématiquement des organes comme CNN et le New York Times, en excluant d’autres — comme l’Associated Press — de l’accès au Pentagone, et en lançant des enquêtes contre plusieurs réseaux médiatiques.
Évaluation récente et recul du classement mondial
Le Centre d’études américano‑arabes a publié une étude intitulée « Le Pentagone restreint la liberté de la presse… escalade et confrontation », signée par les chercheurs Mundhir Suleiman et Jaafar al‑Jaafari. Elle examine l’escalade du conflit entre la présidence et les médias, le recul de la liberté de la presse aux États‑Unis et l’avenir de la couverture médiatique dans ce contexte.
Selon des rapports de l’organisation Reporters sans frontières, les États‑Unis sont tombés à la 57e place de l’indice mondial de la liberté de la presse 2025, classés pour la première fois comme « problématiques » plutôt que « satisfaisants ». Ce glissement reflète l’impact tangible de la nouvelle stratégie de la Maison‑Blanche sur la situation médiatique nationale.
Conflit inédit entre le Pentagone et les médias
Ces dernières semaines, la relation entre la presse et le Pentagone s’est tendue de façon inédite après que le ministre de la Défense, Bet Higsith, a imposé de nouvelles contraintes exigeant que les journalistes signent un engagement de ne pas publier d’informations sans autorisation préalable du département.
La plupart des grands médias américains ont vivement rejeté ces conditions. Plusieurs rédactions ont refusé de signer et ont perdu leurs accréditations d’accès au siège du Pentagone.
Le traitement récent du Pentagone vis‑à‑vis des journalistes se traduit par :
- Un net recul de la transparence, dû à la sortie d’un grand nombre de correspondants de l’institution militaire.
- L’émergence de deux sphères médiatiques : une presse « officielle » favorable ayant accepté l’engagement, et une presse indépendante qui couvre les affaires militaires depuis l’extérieur.
- La probabilité d’une bataille juridique, les médias étudiant des recours pour contester ces restrictions devant les tribunaux.
Principales dispositions imposées par le Pentagone
La politique mise en place par Higsith comprend plusieurs mesures clés qui encadrent l’activité des journalistes au sein du Pentagone :
- Obligation d’obtenir une approbation préalable pour toute publication, même lorsque l’information n’est pas classifiée.
- Restriction des déplacements des journalistes à l’intérieur des locaux, avec circulation limitée et souvent accompagnement obligatoire par un agent du département.
- Retrait des accréditations et interdiction d’accès en cas de refus de signer l’engagement ou de non‑respect de ses conditions.
Experts et défenseurs des droits estiment que ces règles entrent en contradiction avec les protections constitutionnelles de la liberté d’expression et peuvent constituer une forme de censure préalable.
Atteintes constitutionnelles et droit du public à l’information
La politique du Pentagone pose plusieurs problèmes juridiques et démocratiques : elle semble violer le Premier amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté de la presse, et porte atteinte au droit du public d’accéder à l’information sur une institution financée par les contribuables.
Des organisations de défense des droits de la presse, comme la « Committee to Protect Journalists », ont alerté sur le risque d’utilisation de ces règles pour faire taire des reportages indépendants. Pour nombre de professionnels, il s’agit d’une atteinte sans précédent, perçue comme humiliante et dangereuse pour le pluralisme médiatique.
Conséquences pour l’information et l’équilibre médiatique
Les nouvelles contraintes réduisent la capacité des journalistes à remplir leur rôle de contrôle et d’information indépendante. La privation d’accès favorise une couverture dont la qualité et l’objectivité peuvent être considérablement affaiblies.
Par ailleurs, l’exclusion de certains médias et la préférence affichée pour d’autres, plus proches de l’exécutif, risquent de créer un paysage médiatique déséquilibré, où une seule version officielle prédomine au détriment d’un pluralisme nécessaire à une opinion publique éclairée.
Réactions des rédactions et stratégies alternatives
Face à ces mesures, la majorité des grands médias américains ont refusé de signer la nouvelle charte. Parmi les opposants figurent The New York Times, le Washington Post et CNN, tandis que la chaîne One America News a accepté les conditions et signé l’engagement.
Les rédactions préparent plusieurs ripostes :
- Recours judiciaires pour contester la constitutionnalité des règles et obtenir un jugement sur leur validité.
- Renforcement des enquêtes et du journalisme d’investigation mené hors des lieux officiels, en s’appuyant sur des sources internes et des partenariats afin de compenser la perte d’accès direct.
Scénarios d’avenir pour la liberté de la presse
Deux trajectoires parallèles semblent possibles pour la couverture médiatique des affaires militaires et de sécurité nationale :
- Un renforcement du journalisme d’investigation externe, permettant de contourner partiellement les restrictions d’accès.
- Des batailles judiciaires susceptibles de déterminer si ces pratiques du Pentagone sont compatibles avec la Constitution et les principes de liberté de la presse.
Si ces politiques s’imposent, il existe un risque réel qu’elles servent de modèle pour d’autres administrations, fragilisant davantage la capacité des médias à surveiller l’action publique et à informer la société en toute indépendance.