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Trump menace la justice internationale avec des sanctions contre la CPI
Des experts en droit international estiment que le décret exécutif signé par le président américain Donald Trump imposant des sanctions à la Cour pénale internationale (CPI) constitue une « menace sérieuse pour le système judiciaire mondial et pour l’avenir même de la Cour ».
Impact des sanctions sur la CPI
Les experts soulignent que l’application d’un modèle de sanctions prévu pour « les organisations terroristes » à une institution judiciaire internationale comme la CPI est en contradiction avec les principes juridiques. Cela menace non seulement l’enquête sur les crimes commis en Palestine, mais également toutes les enquêtes menées par la Cour, allant de l’Ukraine au Soudan.
Les conséquences des sanctions
Tristino Mariniello, professeur de droit à l’Université John Moores de Liverpool et avocat représentant les victimes palestiniennes devant la CPI, a déclaré que les décrets exécutifs américains sont généralement utilisés contre des individus impliqués dans des violations graves des droits de l’homme ou des trafiquants de drogue internationaux. Imposer des sanctions à la CPI représente une contradiction évidente, car la Cour s’emploie à combattre les crimes les plus atroces et à fournir justice aux victimes.
Il a averti que le décret américain a un large champ d’application, ciblant non seulement le personnel de la Cour, mais également quiconque fournissant un soutien à celle-ci. Les sanctions pourraient inclure tout soutien financier, matériel ou technique à la Cour, ce qui compliquerait considérablement son fonctionnement et ses enquêtes, compte tenu de l’importance du soutien technologique.
Réactions internationales insuffisantes
Mariniello a critiqué la faiblesse de la réaction internationale des États membres de la CPI, soulignant la nécessité d’une position plus ferme de l’Assemblée des États parties, qui comprend 125 pays ayant ratifié le Statut de Rome. Il a déclaré que l’Assemblée devrait émettre une condamnation forte de cette décision, mais que cela doit se traduire par des actions concrètes sur le terrain.
Appel à des actions concrètes
Concernant la déclaration conjointe signée par 79 États en soutien à la CPI, Mariniello a noté que c’est un bon début, mais cela reste insuffisant. Il est surprenant que seulement 79 États sur 125 aient signé la déclaration, et même certaines nations ayant ratifié le Statut de Rome ne l’ont pas fait, ce qui est préoccupant.
Il a ajouté que l’Union européenne « dispose d’un mécanisme de protection contre les sanctions, qui peut limiter l’impact de toute sanction imposée aux individus ou aux institutions dans le cadre de la compétence de l’Union ».
La CPI face aux menaces
Mariniello a insisté sur le fait que la CPI ne doit pas céder aux pressions. Il a affirmé que si la Cour se plie à ces pressions, elle perdra sa légitimité et sa crédibilité, devenant un organisme incapable de rendre justice.
Enquêtes sur les crimes internationaux
Mariniello a également souligné que le bureau du procureur de la CPI doit élargir ses enquêtes, en mentionnant que de nombreux crimes internationaux documentés n’ont pas été inclus dans les mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant. Il a précisé que de nombreuses infractions, y compris le génocide, le déplacement forcé à Gaza et la situation des prisonniers palestiniens, doivent être prises en compte.
Options légales contre Trump
Heidi Matthews, professeur de droit à la faculté Osgoode Hall de l’Université York, a déclaré que la CPI a des options juridiques pour tenir Trump responsable. Le procureur peut accuser Trump d’avoir commis un crime contre la justice en vertu de l’article 70 du Statut de Rome, qui stipule qu’il est possible de punir toute personne intervenant illégalement dans le travail de la Cour.
Conséquences des sanctions pour la CPI
Matthews a mis en garde que les sanctions actuelles sont plus larges que celles imposées lors du premier mandat de Trump. Ces mesures menacent sérieusement le fonctionnement de la Cour, en incluant toute personne coopérant avec la CPI, et pourraient même entraîner la fermeture des bureaux de la Cour, compromettant la confidentialité des informations sensibles.
Appel à l’action des États membres
Elle a appelé les États membres à prendre des mesures vigoureuses pour protéger l’indépendance de la CPI et garantir sa capacité à rendre la justice internationale, tout en soulignant que les sanctions contre Trump pourraient être considérées comme une violation du droit international, permettant aux États membres de prendre des mesures individuelles ou collectives pour contraindre les États-Unis à respecter les lois de la Cour.