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Trump se rapproche de Moscou, en divergence avec les alliés européens

by Sara
États-Unis, Russie, Ukraine, Union européenne

Le président russe Vladimir Poutine semble réticent à tenir une rencontre bilatérale avec le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy, jetant un doute sur les espoirs de paix suscités par une semaine de sommets diplomatiques. La tournée de rencontres, lancée par la réunion entre Donald Trump et Poutine en Alaska, a abouti à un rapprochement apparent entre Trump et Moscou qui contraste fortement avec les positions des alliés européens. Ce contexte alimente de vives tensions sur le front diplomatique et intensifie les débats sur les sanctions et les garanties de sécurité pour l’Ukraine.

La diplomatie des sommets et les réactions européennes

Le face‑à‑face Trump‑Poutine en Alaska devait ouvrir la voie à une rencontre bilatérale entre Poutine et Zelenskyy, suivie d’un sommet trilatéral. Après la rencontre de Trump avec des dirigeants européens à Washington, ces derniers ont demandé des sanctions accrues contre la Russie si Poutine refusait de coopérer. Les dirigeants européens ont ainsi cherché à maintenir la pression diplomatique et économique pour contraindre Moscou à respecter les conditions de négociation.

Les Européens ont proposé de se rendre à Washington en soutien à Zelenskyy pour un nouveau sommet, afin d’affirmer une position commune sur les conditions préalables aux négociations. Ils insistent notamment sur le principe selon lequel aucune décision majeure concernant l’Ukraine ne doit être prise sans l’accord de Kiev.

Sur le terrain : offensives et contre‑attaques

La semaine des sommets n’a pas apaisé les combats en Ukraine. Un jour avant la réunion en Alaska, les forces russes ont tenté une poussée majeure vers Dobropillia, dans le Donetsk oriental, à proximité de Pokrovsk, cible prioritaire pour Moscou depuis l’été précédent.

Le porte‑parole de l’état‑major ukrainien, Andriy Kovalev, a indiqué que des réserves avaient stabilisé la situation. Le colonel Viktor Trehubov, porte‑parole du groupe d’opérations Dnipro, a confirmé que les infiltrations russes avaient été dégagées de Pokrovsk et de plusieurs villages périphériques.

Volodymyr Zelenskyy a déclaré que l’intention de la Russie était de « démontrer sa force » avant l’Alaska, et que pour l’occupant cela se terminait par sa destruction. Malgré ces revers russes, Moscou a capturé quelques localités, dont Sobolivka près de Kupiansk, Novogeorgievka et Pankovka.

Carte interactive : guerre en Ukraine

Campagne aérienne russe et frappes ukrainiennes contre les infrastructures

Les frappes sur les villes ukrainiennes se sont poursuivies quotidiennement. Entre le 14 et le 21 août, la Russie a lancé 1 421 missiles, dont 1 114 ont été abattus par la défense ukrainienne. Au cours de la même période, l’Ukraine a abattu 38 missiles sur 62 lancés contre la Russie.

De son côté, l’Ukraine a intensifié sa campagne de frappes à longue portée visant la capacité russe à financer et alimenter la guerre. Les attaques ont visé des raffineries et des dépôts pétroliers, privant la Russie d’environ 13 % de sa capacité de raffinage.

  • Le 14 août, une frappe a touché la raffinerie Lukoil de Volgograd.
  • Vendredi, la raffinerie Rosneft de Syzran (région de Samara) a été attaquée, provoquant explosions et incendies.
  • Une attaque a touché le port d’Olya (région d’Astrakhan), détruisant un navire transportant des composants de drones de type Shahed et des munitions.

Des drones ukrainiens ont également frappé un train russe transportant du pétrole près de Zaporizhia, avec des wagons en flammes visibles sur des images aériennes.

De l’Alaska à Washington : oscillations de la position américaine

Au cours des deux sommets, Donald Trump a semblé oscillant entre des positions divergentes. Le 13 août, il avait évoqué des « conséquences très sévères » si Poutine ne mettait pas fin à la guerre, et faisait état de mesures punitives envisagées par le Sénat américain.

Après près de trois heures d’entretien avec Poutine à la base d’Elmendorf‑Richardson, Trump a temporisé sur les sanctions, provoquant un désaccord ouvert avec les alliés européens. Interrogé sur Fox News, il a expliqué que, compte tenu du contenu des discussions, il n’avait pas besoin d’imposer immédiatement ces sanctions.

Par ailleurs, Trump a réitéré son refus de voir l’Ukraine intégrer l’OTAN et a indiqué que les garanties de sécurité ne prendraient pas la forme d’une adhésion à l’alliance. Cette position a creusé un fossé avec l’Union européenne et Kiev.

Garanties de sécurité : promesses et limites

Les discussions ont porté sur des garanties de sécurité en faveur de l’Ukraine. Trump a déclaré que les pays européens constitueraient « la première ligne de défense » et que les États‑Unis aideraient, notamment via un soutien aux défenses antiaériennes, sans engager de troupes au sol.

Le secrétaire général de l’OTAN présent au sommet, Mark Rutte, a salué la volonté américaine de participer aux garanties comme un « grand pas ». Mais la nature précise d’un engagement collectif restait floue, et Zelenskyy a insisté pour que ces garanties soient effectives, comparables en pratique à l’article 5 de l’OTAN.

Les divergences avec l’Europe demeurent sur trois points majeurs : l’exigence préalable d’un cessez‑le‑feu, le renforcement des sanctions si la Russie ne coopère pas, et le refus d’accorder à Moscou un droit de veto sur les garanties de sécurité offertes à l’Ukraine.

Le cessez‑le‑feu, condition préalable pour l’Europe

Pour les dirigeants européens, un cessez‑le‑feu constitue une condition sine qua non pour entamer des négociations sérieuses. Le chancelier allemand Friedrich Merz a déclaré qu’il était difficile d’imaginer des pourparlers sans arrêt des hostilités et a appelé à mettre davantage de pression sur la Russie.

Emmanuel Macron a estimé qu’il serait « impossible » pour les responsables ukrainiens de négocier un accord pendant que des bombes continuent de tomber sur leurs villes. Cette position traduit l’exigence européenne d’assurer des conditions minimales de sécurité avant toute discussion diplomatique significative.

Carte : contrôle des territoires en Ukraine

Position russe et incertitudes sur la rencontre bilatérale

La Russie a rejeté plusieurs propositions européennes, qualifiant d’utopique l’idée de résoudre les questions de sécurité collective sans la participation de Moscou. Dmitry Medvedev a moqué l’idée d’un envoi de troupes européennes en Ukraine, tandis que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, a plaidé pour l’envoi de négociateurs de haut niveau dans un format bilatéral existant.

Malgré les déclarations d’un porte‑parole de la Maison Blanche selon lesquelles Poutine aurait accepté une rencontre bilatérale, aucune confirmation officielle du Kremlin n’était parvenue jeudi après‑midi. Le report à des négociations sans la présence des présidents laisse planer un large doute sur la voie diplomatique annoncée.

Poutine a toutefois affirmé lors de l’Alaska qu’en avançant sur ce chemin on pouvait « mettre fin au conflit » plus tôt que prévu, montrant que Moscou privilégie des modalités différentes de négociation.

« Terre contre paix » : la question territoriale au cœur des tensions

Selon des informations rapportées par Reuters, Poutine aurait exigé, avant l’Alaska, que la Russie conserve les parties non‑occupées des régions de Louhansk et Donetsk en échange de la restitution de quelques poches de territoire et d’un gel du front dans le sud (Zaporizhia et Kherson). Ces exigences soulèvent une forte opposition européenne et ukrainienne.

Donald Trump a affirmé qu’un accord territorial avait été « en grande partie convenu » en Alaska et a évoqué la possibilité d’un « échange de terres ». Il a toutefois insisté sur le fait que « l’Ukraine doit accepter » toute proposition, soulignant le rôle incontournable de Kiev dans la validation d’un éventuel accord.

Emmanuel Macron a averti qu’une reconnaissance partielle du Donbass au profit de la Russie porterait atteinte à l’ordre international et à la crédibilité collective des puissances, rappelant que la protection de l’intégrité territoriale de l’Ukraine reste un principe fondamental du droit international.

Carte interactive : contrôle dans l'est de l'Ukraine

Les discours russes sur les territoires occupés

Malgré les hostilités, les responsables russes contestent l’idée que l’expansion territoriale ait été un objectif. Sergey Lavrov a déclaré à la chaîne Rossiya‑24 que la Russie ne visait pas à s’emparer de territoires mais prétendait protéger des populations russophones. Cette rhétorique contraste avec les actes sur le terrain et l’occupation de territoires ukrainiens.

Des voix pro‑Kremlin ont même interprété certaines concessions de Trump comme une reconnaissance implicite de la possession russe de territoires comme la Crimée. Ces interprétations exacerbent les inquiétudes des Européens et de Kiev quant à l’issue des négociations annoncées.

Carte : situation dans le sud de l'Ukraine

Enjeux à court terme

La tenue effective d’une rencontre bilatérale Poutine‑Zelenskyy reste incertaine et dépendra des concessions réciproques et des garanties demandées par l’Ukraine et ses alliés. Les Européens maintiennent leur ligne : pas de négociation sérieuse sans cessez‑le‑feu et sans l’implication active de Kiev.

La semaine diplomatique a mis en lumière un risque majeur : une divergence croissante entre la Maison‑Blanche et les capitales européennes sur la stratégie à adopter face à Moscou. Cette fracture pourrait déterminer l’avenir des sanctions, des garanties de sécurité et, in fine, la trajectoire du conflit.

  • Points de rupture : cessez‑le‑feu, renforcement des sanctions, veto russe ou non sur les garanties.
  • Rôle clé de l’Ukraine : toute solution nécessitera l’accord de Kiev.
  • Situation militaire : combats et frappes se poursuivent, influençant la marge de manœuvre diplomatique.
source:https://www.aljazeera.com/news/2025/8/21/a-week-of-summits-reveals-trump-is-closer-to-moscow-than-europe

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