C’est un soulagement en demi-teinte pour l’économie américaine. Le président américain Donald Trump a promulgué vendredi en fanfare sa loi budgétaire à l’occasion de la fête nationale, lors d’une cérémonie marquée par une parade aérienne de bombardiers furtifs B-2, l’avion utilisé lors des raids sur l’Iran en juin. « Nous entrons dans l’âge d’or de l’Amérique », a-t-il affirmé lors d’une allocution à la Maison Blanche avant de signer sa « grande et belle loi », comme il l’a baptisée, entouré d’élus républicains dont le soutien a été crucial pour arracher le vote du texte au Congrès. Il avait fait pression pour y parvenir avant le 4 juillet, 249e anniversaire de l’indépendance des États-Unis vis-à-vis de la Couronne britannique.
« Plus grande victoire » selon Trump
La loi a été définitivement votée jeudi, juste à temps, un succès que le président républicain de 79 ans a qualifié de « plus grande victoire » depuis le début de son mandat le 20 janvier. Il a néanmoins égrené avec une satisfaction manifeste sa série de succès politiques, ces dernières semaines, entre cessez-le-feu entre l’Iran et Israël après des frappes américaines sur des sites nucléaires iraniens, accord sur les dépenses de l’Otan, et décision de la Cour suprême favorable à l’exécutif face au pouvoir judiciaire.
Deux B-2, le type d’avion qui a bombardé les installations nucléaires iraniennes le 22 juin, et des avions de chasse ont survolé la Maison Blanche pour l’occasion. Certains pilotes ayant participé à l’opération ont assisté à la cérémonie, qui s’est terminée en soirée par le traditionnel feu d’artifice sur le « National Mall » sous les yeux du président et de la Première dame, Melania. L’adoption de cette loi confirme aussi l’emprise de Donald Trump sur le parti républicain et, pour l’heure, sur la politique américaine, malgré des doutes au sein de son camp et l’opposition bruyante de son ancien allié, le multimilliardaire Elon Musk. Après le Sénat, qui l’avait approuvé mardi de justesse, la Chambre des représentants a adopté définitivement ce texte par 218 voix contre 214, un vote très serré, précédé de multiples pressions et tractations.
« Rendre ce pays meilleur »
La loi budgétaire tentaculaire honore bon nombre des promesses de campagne de M. Trump : augmentation des dépenses militaires, financement d’une campagne d’expulsion massive de migrants et engagement de 4 500 milliards d’euros pour prolonger les crédits d’impôt accordés lors de son premier mandat.
Pour compenser l’aggravation de la dette publique, la nouvelle loi réduira le programme fédéral d’aide alimentaire et imposera d’importantes coupes au Medicaid, régime d’assurance santé pour les Américains à revenus modestes, les plus importantes depuis son lancement dans les années 1960. Ce texte « sera une des lois budgétaires des plus régressives en termes de répartition des gains et pertes fiscales des dernières décennies. En effet, les plus pauvres financeront en grande partie les baisses d’impôts des plus fortunés. Aussi, soulignons que les efforts vers la transition énergétique seront très fortement ralentis au bénéfice du soutien aux énergies fossiles », explique Sebastian Paris Horwitz, économiste chez LBPAM.
Selon certaines estimations, jusqu’à 17 millions de personnes pourraient perdre leur couverture santé et des dizaines d’hôpitaux ruraux pourraient fermer leurs portes. L’opposition démocrate dénonce aussi une énorme redistribution de richesses des Américains les plus pauvres vers les plus riches.
« Il y a des fonds spéciaux pour garantir la couverture médicale en zone rurale », a assuré sur Fox News le principal conseiller économique du président, Kevin Hassett, affirmant que la loi lutterait contre « le gaspillage, la fraude et les abus » au sein du Medicaid. Donald Trump a également fustigé ses opposants qui disent, selon lui, « Oh, c’est dangereux, tout le monde va mourir ». « C’est exactement le contraire », a-t-il affirmé.