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Trump utilise des droits de douane pour faire plier Poutine en Ukraine

by Sara
Trump utilise des droits de douane pour faire plier Poutine en Ukraine
France, Russie, États-Unis, Inde

Tentant désespérément de faire plier Poutine, Donald Trump a brandi son arme favorite : les droits de douane. Faute de mettre un terme à la guerre en Ukraine avant ce vendredi 8 août, Moscou verrait ses exportations d’hydrocarbures être sanctionnées par les États-Unis. Celles-ci représentent un tiers des revenus du Kremlin et financent largement son économie de guerre. En cette veille d’ultimatum, Poutine n’a pas répondu à la demande du président américain. Mais Trump, lui, a appliqué sa menace : mercredi 6 août, il a annoncé 25 % de droits de douane supplémentaires à l’Inde « en réponse à l’achat continu de pétrole russe ».

Une décision qui impacte les importations indiennes

Cette décision est loin d’être neutre : près de 40 % des importations de pétrole de ce pays d’Asie du Sud proviennent désormais de Moscou, contre 0,2 % au début de la guerre, selon le Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA). Les États-Unis, eux, sont le premier marché d’exportation des produits indiens et encaissent 44 milliards d’euros de déficit commercial vis-à-vis de ce partenaire.

Pendant ce temps, les négociations ont repris. L’émissaire américain Steve Witkoff a rencontré mercredi son homologue russe à Moscou. Si aucun communiqué officiel n’a été dévoilé, Vladimir Poutine a annoncé qu’il rencontrerait le président américain à Washington « dans les prochains jours », sans le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Trump aurait-il alors trouvé le moyen de faire pression sur Poutine ?

Cibler l’Inde : une stratégie contestée

Selon Kpler, une société qui suit les données sur les matières premières et le transport maritime, New Delhi importe près de 1,4 million de barils de brut russes par jour depuis le début de l’année 2025. Si l’Inde choisissait de stopper ses importations sur le long terme, « cela porterait un coup dur aux revenus énergétiques de la Russie », assure Luke Wickenden, analyste énergie au CREA. Cependant, les déclarations officielles dénoncent clairement l’administration américaine. Le porte-parole des Affaires étrangères indien a déclaré que « cibler l’Inde est injustifié et déraisonnable ». Il a ajouté que « comme toutes les économies de premier plan, l’Inde va prendre les mesures nécessaires pour préserver ses intérêts nationaux et sa sécurité économique ».

« En théorie, ces droits de douane secondaires semblent être un moyen « facile » d’empêcher les importations, mais dans la pratique, cela s’avère beaucoup plus difficile. Qui sera visé ? Comment ces taxes seront appliquées ? Ce sont autant de questions clés qui restent en suspens », complète Luke Wickenden.

Aucun pays n’a assez de pétrole pour remplacer les exportations russes

Sergey Vakulenko, analyste du Carnegie Russia Eurasia Center, a indiqué qu’« aucun pays n’a assez de pétrole pour remplacer les exportations russes ». « Un changement de cap au détriment de la Russie – s’il est contraint – sera coûteux, complexe et politiquement périlleux », écrivait encore Kpler.

Difficile alors de faire plier les pays importateurs ? « À mon avis, Donald Trump parle ‘trop grand’ aux pays. Il tente d’accélérer le changement, mais l’impact réel sera bien moindre », opine Luke Wickenden. Excepté l’Inde, le bras de fer avec la Chine – premier acheteur, soit 47 % des achats de pétrole brut russe en juin – est tel qu’il est peu probable que le pays soit concerné par de quelconques sanctions.

Prix plafond du pétrole russe et flottille clandestine

« Des stratégies à long terme plus efficaces pourraient passer par un renforcement de l’application des sanctions existantes, notamment en ciblant la flotte fantôme, utilisée par Moscou pour exporter clandestinement son pétrole malgré les sanctions occidentales », tranche Luke Wickenden. L’Union européenne (UE) a annoncé récemment son 18e paquet de sanctions, qui prévoit l’interdiction d’achat des produits raffinés russes par des pays tiers, ainsi qu’une baisse du plafond du prix d’achat autorisé pour le brut, désormais à 15 % sous le prix du marché.

D’après le CREA, le renforcement du prix plancher du pétrole par l’UE a permis de baisser les revenus d’exportation russes de 11 % en juin. Plus encore, les prix planchers imposés depuis décembre 2022 auraient fait perdre à la Russie près de 10 milliards d’euros dans la seconde année de l’invasion – une chute de 20 %.

Un projet de loi américain pour des droits de douane prohibitifs

« Nous avons développé une certaine immunité face aux sanctions », déclarait en revanche vendredi dernier le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Donald Trump avait lui-même confessé ne pas savoir si ses mesures auraient un quelconque effet sur Moscou. Pourtant, de précédentes sanctions américaines avaient prouvé leur efficacité : 6 200 entités russes ont été sanctionnées depuis le début de la guerre, ainsi que 5 milliards d’euros d’actifs de la Banque centrale russe gelés, et les importations d’hydrocarbures ont été interdites dès mars 2022.

Un projet de loi bipartisan au Sénat américain propose d’établir des droits de douane prohibitifs de 500 % contre les pays acheteurs de pétrole russe. Un haut responsable américain a également précisé que l’administration américaine prévoyait de mettre en place des sanctions secondaires visant les pays qui se fournissent en pétrole et en armement auprès de la Russie.

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