Une cour tunisienne a condamné hier lundi l’avocate de renom Sunia Dahmani, critique du président Kaïs Saïed, à deux ans de prison. Cette décision intervient dans un contexte dénoncé par plusieurs organisations de défense des droits humains comme une escalade dans la répression des opposants et des voix critiques envers le président.
Les avocats de Sunia Dahmani ont décidé de se retirer du procès après que le juge a refusé de reporter l’audience, qualifiant cette procédure de « farce » en refusant d’y participer davantage.
Dahmani est poursuivie à deux reprises pour les mêmes déclarations, dans lesquelles elle dénonçait des pratiques racistes à l’encontre de migrants en provenance de pays d’Afrique subsaharienne.
- Bassam Trifi, président de l’Association tunisienne pour la défense des droits de l’homme, a qualifié le verdict de « manifestement injuste ».
- Sami Ben Ghazi, avocat, a déclaré à Reuters : « Ce qui se passe est une véritable farce. Sunia est jugée deux fois pour la même déclaration. »
Sunia Dahmani avait été arrêtée l’année dernière après avoir exprimé ses doutes à la télévision sur la position du gouvernement tunisien envers les migrants africains en Tunisie.
Son cas a été instruit sous le controversé décret 54 sur les crimes électroniques, largement critiqué par les groupes de défense des droits humains locaux et internationaux.
Depuis que Kaïs Saïed a consolidé son pouvoir en dissous le Parlement et en gouvernant par décrets depuis 2021, de nombreux dirigeants de l’opposition, journalistes et critiques se retrouvent en détention. Cette situation est qualifiée de « coup d’État » par l’opposition tunisienne.
Le président Saïed rejette ces accusations et affirme que ses actions sont légales et destinées à mettre fin à des années de chaos et de corruption.
Cependant, les organisations de défense des droits humains et les activistes affirment que Saïed a transformé la Tunisie en une prison à ciel ouvert, utilisant la justice et la police pour cibler ses adversaires politiques.
Le président rejette également ces allégations, assurant qu’il ne sera pas un dictateur et qu’il cherche à poursuivre tous les coupables, quelles que soient leurs positions ou leurs noms.