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Un ancien leader militaire condamné pour crimes contre l’humanité
Un tribunal en Guinée a condamné l’ancien leader militaire Moussa Dadis Camara à 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité. Le verdict a été annoncé mercredi après un procès de deux ans portant sur la répression mortelle d’un rassemblement d’opposition dans un stade en périphérie de la capitale, Conakry, en 2009. Selon une commission d’enquête mandatée par les Nations unies, cette opération a fait au moins 156 morts et 109 femmes ont été victimes de viol.
Détails du procès
Le tribunal criminel guinéen a précisé que les charges, qui comprenaient le meurtre, le viol, la torture et l’enlèvement, seraient classées comme des crimes contre l’humanité avant de prononcer la peine à l’encontre de Camara et de sept autres commandants militaires. Quatre autres accusés ont été acquittés.
Témoignages des victimes
Plus de 100 survivants et proches des victimes ont témoigné lors du procès, qui a débuté en 2022, plus d’une décennie après que des membres de la garde présidentielle de Camara, des soldats, des policiers et des milices ont commis ce massacre. Le tribunal a ordonné le versement de compensation aux victimes, allant de 200 millions à 1,5 milliard de francs guinéens (soit 23 000 à 174 000 dollars).
Réactions au verdict
Certains proches des victimes ont salué le verdict comme une forme de justice, tandis que d’autres ont estimé que la peine infligée à Camara, qui s’est échappé de prison en novembre de l’année dernière lors d’une évasion armée mais a ensuite été récapturé, était insuffisante.
« Les condamnations ne correspondent pas aux crimes. Nos sœurs ont été violées, nos frères massacrés, des corps ont été déclarés disparus », a déclaré Safiatou Balde, 25 ans, une proche d’une des victimes.
Importance du jugement
Alfa Amadou DS Bah, l’avocat principal des plaignants, a souligné l’importance de ce jugement. « C’est la première fois qu’un ancien chef d’État est condamné pour de tels crimes graves, ainsi que des officiers militaires de haut rang », a-t-il déclaré. « Je pense que cette décision doit sonner le glas de l’impunité dans ce pays. »
Human Rights Watch a également salué le jugement, affirmant que ce verdict met « les hauts responsables en Guinée et ailleurs en garde que la justice peut prévaloir », a déclaré Tamara Aburamadan, avocate internationale pour le groupe de droits.
Appel et contexte
Les avocats de la défense ont fait valoir que le reclassificatif des charges en crimes contre l’humanité le jour du prononcé aurait privé les accusés de la possibilité de se défendre et violé leur droit à un procès équitable. Les accusés et les plaignants disposent de 15 jours pour faire appel du verdict.
Ce procès s’est déroulé dans un contexte de répression continue par les autorités militaires guinéennes envers l’opposition et les médias.