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Un jeune migrant en Libye a décidé de porter plainte contre Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières, pour violation du droit international humanitaire. Cette action a été soutenue par les organisations Front-Lex et Refugees in Libya, qui dénoncent le non-respect par Frontex de ses obligations légales envers les migrants.
Le témoignage d’Omer, un migrant soudanais
Omer, un jeune de 29 ans originaire du Darfour, vit en Libye depuis 2019, se cachant dans un « gueto » pour échapper aux abus généralisés dont sont victimes les migrants dans ce pays. Il témoigne des atrocités subies par les migrants, qui font face à des conditions déplorables, allant de l’esclavage sexuel à la torture. D’après lui, « les migrants [en Libye] sont dans une situation beaucoup pire : esclavage sexuel, torture, travail forcé et maltraitance ».
La situation critique des migrants en Libye
Omer fait partie des 400 000 demandeurs d’asile bloqués en Libye. Récemment diagnostiqué avec le diabète, il peine à accéder à des soins médicaux appropriés en raison de l’insécurité et du manque de cliniques sympathiques aux migrants.
Sa principale inquiétude n’est pas de mourir en mer, mais plutôt d’être renvoyé en Libye, où il craint d’être emprisonné et torturé. « Notre préoccupation est de retourner à la prison où nous serons opprimés et torturés », confie-t-il.
Frontex et la violation des droits humains
Au cours du premier semestre 2024, selon l’Organisation Internationale pour les Migrations, 9 578 migrants ont été renvoyés en Libye, malgré la violation du principe international de non-refoulement. Bien que la Libye ne soit pas signataire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, les pays européens sont tenus de respecter ces obligations.
Des documents fournis par Sea-Watch montrent des cas de traitements inhumains infligés par la Garde côtière libyenne. Le 10 juillet dernier, lors d’une opération de sauvetage, Médecins Sans Frontières a observé la mise en danger de 87 migrants par des milices libyennes.
Les preuves de Sea-Watch révèlent que les avions de Frontex surveillent les eaux où les embarcations de migrants se trouvent, mais ne contactent pas les ONG pour éviter les rapatriements forcés.
Une procédure judiciaire contre Frontex
Cette plainte, la troisième à être déposée devant le Tribunal de Justice de l’Union Européenne, vise à obliger Frontex à cesser d’aider les garde-côtes libyens. Les plaignants espèrent que la qualité des preuves présentées permettra d’obtenir gain de cause.
Le directeur exécutif de Frontex, Hans Leijtens, a reconnu dans le passé la tragédie des retours en Libye, affirmant : « Ojalá pudiera pararlo » (« J’aimerais pouvoir l’arrêter »). Les organisations dénoncent la manipulation des priorités de Frontex, qui semblent privilégier le contrôle des frontières au détriment de la vie humaine.
Une crise migratoire alarmante
Dans un contexte européen de plus en plus hostile envers les migrants, Front-Lex et Refugees in Libya soulignent les conditions d’inhumanité en Libye, comparant le traitement des réfugiés aujourd’hui à celui des Juifs lors de la Seconde Guerre mondiale. « Quiconque se sent à l’aise de renvoyer ces réfugiés en Libye aurait également été à l’aise de renvoyer des réfugiés juifs à un territoire nazi », affirme Cohen, l’avocat de Front-Lex.
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