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La Cour suprême d’Australie a récemment statué qu’une femme aborigène, Joanne Willmot, peut poursuivre l’État du Queensland pour obtenir des réparations liées à des allégations d’abus sexuels et physiques subis durant son enfance en maison d’État.
Un passé douloureux
Agée de 70 ans, Joanne Willmot a intenté une action en justice contre le gouvernement du Queensland, demandant près de 1,76 million d’euros de dommages-intérêts. Elle affirme avoir souffert de blessures psychologiques en tant qu’« enfant d’État » dans les années 1950 et 1960, période durant laquelle elle aurait été victime d’abus alors qu’elle était placée sous la garde de l’État.
Willmot a allégué que l’État avait failli à sa mission de protection, en l’exposant à des abus dans divers foyers, dont un foyer d’accueil et un dortoir pour filles, ainsi que lors de visites chez sa grand-mère.
Des abus systématiques
Étant âgée de trois ans, elle a été placée en famille d’accueil avec Jack et Tottie Demlin entre 1957 et 1959. Elle prétend avoir été victime d’abus sexuels répétés par son père d’accueil, ainsi que de violences physiques infligées par le couple. Une autre jeune fille, connue sous le nom de RS, a corroboré ces accusations, déclarant avoir également subi des agressions sexuelles de la part du père d’accueil.
Plus tard, Willmot a été transférée dans un dortoir pour filles à Cherbourg, où elle déclare avoir souffert de malnutrition sévère et d’abus physiques pour des infractions mineures.
Une décision judiciaire
En 2022, Willmot a engagé des poursuites judiciaires contre le Queensland, mais sa demande a été suspendue par la Cour suprême de Brisbane en raison de la difficulté liée à l’établissement des faits survenus il y a plus de 60 ans, les témoins étant décédés. Cette décision a été confirmée par la cour d’appel en 2023.
Cependant, la Haute cour a tranché en faveur de Willmot, lui permettant de poursuivre l’État sur trois des allégations d’abus sexuels. La cour a estimé qu’un procès équitable était possible concernant les accusations d’abus contre Demlin, et que Willmot ainsi que RS pourraient être contre-interrogés.
Les implications de la décision
Le jugement a reconnu la gravité des allégations d’abus sexuel, qualifiant les actes reprochés à M. Demlin d’« horreurs inestimables ». La cour a également rejeté les tentatives de l’État de bloquer les actions en justice concernant les abus physiques et sexuels, notant que la mort de la grand-mère de Willmot n’empêchait pas une réponse juridique appropriée.
Cependant, il a été décidé qu’aucune action ne pourrait être engagée sur les allégations selon lesquelles les Demlin auraient régulièrement battu Willmot, ni sur les accusations d’abus sexuels attribuées à un oncle présumé décédé.
Dans cette affaire, l’État du Queensland a été condamné à assumer les frais de la procédure.