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Les États-Unis disposaient, l’an dernier, d’éléments selon lesquels des responsables israéliens ont discuté de l’envoi de Palestiniens dans des tunnels à Gaza que l’armée israélienne jugeait potentiellement piégés, ont déclaré à Reuters deux anciens responsables américains. Ces informations ont été partagées avec la Maison-Blanche et analysées par la communauté du renseignement dans les dernières semaines de l’administration du président Joe Biden.
Preuves et examen par Washington
Les deux anciens responsables, qui ont requis l’anonymat en raison de la sensibilité du dossier, n’ont pas précisé si les Palestiniens mentionnés dans les renseignements étaient des détenus ou des civils.
L’information a été examinée à haut niveau au sein de l’administration américaine, sans qu’il soit public que la Maison-Blanche ait discuté de ces éléments avec le gouvernement israélien.
Le sujet soulève des questions juridiques nettes, puisque le droit international interdit l’utilisation de civils comme boucliers humains pendant des opérations militaires.
Réaction de l’armée israélienne
Interrogée suite au reportage de Reuters, l’armée israélienne a affirmé dans un communiqué qu’elle « interdit l’utilisation de civils comme boucliers humains ou toute forme de coercition les impliquant dans des opérations militaires ».
Elle a ajouté que la Military Police Criminal Investigation Division enquête sur « des soupçons impliquant des Palestiniens dans des missions militaires ».
Cas antérieurs documentés
Des allégations et des preuves concernant l’usage de Palestiniens comme boucliers humains à Gaza et en Cisjordanie occupée ont déjà été consignées à plusieurs reprises.
- En mai, sept Palestiniens témoignant avoir été utilisés comme boucliers humains ont partagé leurs récits dans un rapport publié par The Associated Press. Voir le reportage détaillé : aljazeera.com/news/2025/5/27/how-has-israel-responded-to-claims-that-it-used-human-shields-in-gaza.
- En juin 2024, des images vérifiées par Al Jazeera montraient des soldats israéliens attachant un Palestinien blessé, Mujahed Azmi, à l’avant d’un véhicule militaire et le faisant passer devant deux ambulances lors d’un raid à Jénine. Voir la vidéo et l’analyse : aljazeera.com/news/2024/6/23/human-shielding-in-action-israeli-forces-strap-palestinian-man-to-jeep.
À l’époque, l’armée israélienne a qualifié le comportement des soldats de violation des protocoles, tandis qu’un porte-parole du département d’État américain a décrit les images comme « perturbantes » et « une violation claire » des procédures israéliennes.
Interpellations à l’ONU sur les allégations de torture
Les Nations unies ont interrogé Israël mardi et mercredi sur de nombreux rapports alléguant la torture de détenus palestiniens, particulièrement depuis les attaques du 7 octobre 2023 menées par le Hamas.
Peter Vedel Kessing, rapporteur du comité, a déclaré que « le comité a été profondément consterné par les descriptions reçues » faisant état de tortures systématiques et généralisées, y compris sur des enfants.
Vingt-huit responsables israéliens ont comparu devant un panel de dix experts onusiens chargés de la lutte contre la torture à Genève. Les experts ont posé des questions directes :
- « Israël a-t-il une loi contre la torture ? » — réponse de la délégation israélienne : non.
- « Israël applique-t-il les conventions qu’il a signées contre la torture dans la bande de Gaza et en Cisjordanie ? » — réponse : non.
Le comité a confronté la délégation à une longue liste de violations alléguées. La plupart ont été niées par Israël, qui a parfois évoqué des actes de « légitime défense » de la part de soldats.
Autres allégations et éléments troublants
Plusieurs affaires récentes ont alimenté les inquiétudes :
- Une vidéo divulguée provenant de la prison militaire de Sde Teiman a semblé montrer des soldats israéliens violant un détenu palestinien. Détails : aljazeera.com/news/2025/11/1/why-has-the-israeli-armys-top-lawyer-resigned-after-leaking-rape-evidence.
- Des dizaines de corps de détenus palestiniens rendus à Gaza depuis le début d’un cessez-le-feu présentaient des signes de torture, selon le personnel médical. Voir le rapport : aljazeera.com/news/2025/10/15/gaza-medics-find-signs-of-torture-on-palestinian-bodies-returned-by-israel.
Le Comité contre la torture des Nations unies prévoit de publier fin novembre un résumé non contraignant de ses conclusions sur ces allégations visant Israël.
Contexte légal et implications
L’emploi allégué de Palestiniens comme boucliers humains à Gaza soulève des questions juridiques et humanitaires majeures.
En droit international, forcer ou utiliser des civils pour protéger des objectifs militaires constitue une infraction grave. Les révélations et enquêtes en cours pourraient conduire à des appels renouvelés en faveur d’enquêtes indépendantes et de responsabilités.