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La direction de la clinique Clienia Littenheid est jugée partiellement responsable des problèmes liés aux théories du complot en psychiatrie. Le Tribunal fédéral a donné raison au gouvernement thurgovien dans le litige opposant une psychiatre à l’État.
Les théories du complot en psychiatrie
Des allégations de torture, d’abus d’enfants, de lavage de cerveau et de meurtres rituels, orchestrés par des forces obscures, constituent la « Satanic Panic », une théorie du complot englobant presque toutes les formes de violence psychologique et physique. Cependant, cette violence n’est pas réelle ; elle n’existe que sous forme de « souvenirs » imaginaires dans l’esprit des patients psychiatriques.
Un contexte critique
Il y a environ trois ans, ce phénomène a été porté à l’attention du grand public en Suisse, avec la psychiatrie Clienia Littenheid comme point central. Actuellement, un débat persiste dans le canton sur la responsabilité des malfaçons au sein de la clinique, impliquant un médecin-chef et son supérieur.
Décisions judiciaires
Le gouvernement thurgovien a remporté une victoire intermédiaire devant le Tribunal fédéral. Le tribunal doit examiner si la chef de clinique a été à juste titre sanctionnée pour manquement à ses obligations de supervision, à la suite d’une plainte déposée après une émission de la SRF intitulée « Der Teufel mitten unter uns – Satanic Panic » diffusée en décembre 2021.
Cette émission mettait en avant des patients et du personnel de la Clienia Littenheid croyant à cette théorie du complot. Suite à sa diffusion, une plainte a été déposée contre un médecin-chef et la clinique, entraînant le licenciement du médecin incriminé et le lancement d’une enquête administrative.
Un rapport accablant
Le rapport d’enquête publié en décembre 2022 a dressé un tableau désastreux de la clinique. Dans la majorité des cas, la véracité des témoignages des patients n’a jamais été établie, et des souvenirs d’infractions graves ont été considérés comme des faits historiques. Les récits des patients étaient non seulement pris au sérieux, mais les faux souvenirs étaient également encouragés.
Responsabilité et sanctions
Pour le département de la santé du canton, la chef de clinique était en partie responsable des événements en raison de son rôle de superviseur du médecin licencié. Elle a été condamnée à une amende de 10 000 euros pour ne pas avoir correctement exercé sa supervision. Ce dernier était chargé du traitement des patients se déclarant victimes d’une conspiration satanique.
Selon le rapport de 2022, le médecin avait développé une fascination pour la “Satanic Panic” et avait organisé des formations pour le personnel de la clinique, croyant à des rituels d’abus sur des enfants par des cercles opérant dans l’ombre.
Le recours de la chef de clinique
La chef de clinique, ne se reconnaissant pas responsable, a contesté l’amende devant le tribunal administratif de Thurgovie, qui lui a donné raison, affirmant qu’il n’y avait pas de base légale suffisante pour une telle amende. Il n’était pas reproché à la chef de clinique de ne pas avoir exercé ses fonctions médicales avec soin et diligence.
Les implications de la décision
Le gouvernement thurgovien a également soulevé la question d’un précédent juridique. En appelant la décision du tribunal administratif au Tribunal fédéral, il cherchait à éviter que la responsabilité de supervision des professionnels de la santé ne soit annulée. Le canton estime que cela compromettrait la santé publique, affectant des milliers de professionnels de la santé dans la région.
Cette affaire met en lumière des enjeux cruciaux concernant la supervision et la responsabilité au sein des établissements de santé mentale, ainsi que les dangers associés à la crédulité face à des théories du complot.