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Un récent sondage réalisé par l’Ordre des médecins met en lumière des chiffres alarmants concernant les violences sexistes et sexuelles au sein de la profession médicale. Selon cette enquête, 49 % des femmes médecins déclarent avoir été victimes de telles violences de la part de leurs confrères. Face à cette situation, l’Ordre s’engage à adopter une politique de « tolérance zéro ».
Des chiffres révélateurs
Cette étude, publiée quelques mois après le mouvement #MeToo hôpital, révèle l’ampleur du phénomène. Plus de la moitié (54 %) des 21 140 médecins ayant participé au sondage ont témoigné avoir connaissance de violences sexistes et sexuelles (VSS) dans le milieu médical. Parmi les femmes médecins, 49 % ont été directement victimes de violences, avec 44 % évoquant des outrages sexistes, 18 % du harcèlement sexuel, 6 % des agressions sexuelles et 1 % des viols. À titre de comparaison, 37 % des médecins non binaires et seulement 3 % des médecins hommes rapportent avoir subi des violences.
Les rapports hiérarchiques en cause
Les violences sont souvent survenues lors de la formation des médecins, avec 44 % des victimes signalant des incidents durant leur cursus, contre 20 % dans le milieu professionnel. La hiérarchie joue un rôle crucial, puisque 69 % des victimes d’outrages sexistes désignent un enseignant ou un encadrant comme auteur des faits. Mathilde Chouquet, médecin à Rennes et vice-présidente du syndicat ReAGJIR, souligne que les environnements hiérarchisés favorisent ces abus, semblables à d’autres secteurs professionnels.
Une libération de la parole nécessaire
Dans le cadre professionnel, les violences sont souvent perpétrées par des collègues médecins ou des supérieurs masculins. Un médecin inscrit à l’Ordre est identifié comme auteur dans 77 % des cas d’outrages, 73 % pour le harcèlement sexuel, 66 % pour les agressions sexuelles et 58 % pour les viols. Malgré une évolution des mentalités, beaucoup de victimes hésitent encore à dénoncer ces actes, entraînant une impunité pour les agresseurs.
Crainte de représailles et manque de dénonciations
Le sondage indique que seulement 12 % des cas de violences ont été rapportés à l’Ordre des médecins. Cette proportion s’élève à 24 % pour les viols et 21 % pour les agressions sexuelles. Les docteurs juniors et remplaçants sont moins enclins à dénoncer ces incidents, en raison de la peur des représailles qui pourrait nuire à leur carrière, notamment face à des personnes influentes dans la profession.
Appel à des sanctions
Selon l’enquête, 69 % des médecins estiment que les victimes sont susceptibles de subir des discriminations professionnelles. Mathilde Chouquet plaide pour des sanctions adaptées et des mesures permettant aux victimes de s’exprimer. Elle insiste sur la nécessité d’établir un cadre légal pour faire respecter la loi, avec des plaintes ordinales et d’éventuelles suspensions pour les agresseurs.
Un numéro d’appel national, le 3919, est dédié à l’écoute et à l’orientation des femmes victimes de violence. Ce service, accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, est gratuit et anonyme.