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Le procès des viols de Mazan : la question du consentement revient au cœur des débats
« On en revient toujours à la question du consentement », déclare le président de la cour criminelle de Vaucluse. La reconnaissance des faits par les deux accusés interrogés mercredi s’avère difficile, en particulier concernant les viols attribués à Gisèle Pelicot.
Un procès aux enjeux lourds
Au 17e jour d’audience de ce procès retentissant, une cinquantaine d’hommes sont mis en cause pour le viol de cette femme de 71 ans, qu’une drogue lui aurait administrée sans son consentement par son mari Dominique Pelicot. Le premier à témoigner, Husamettin D., âgé de 43 ans, déclare qu’il ne reconnaît pas les faits qui lui sont reprochés.
Les déclarations d’Husamettin D.
Husamettin D. explique qu’il a rencontré sur le site coco.fr un homme se présentant comme membre d’un « couple libertin » à la recherche d’un individu pour participer à un scénario où la femme « ferait semblant de dormir ». Il poursuit en se remémorant : « J’ai demandé sur la messagerie : ‘Elle est où ton épouse ?’ À quoi il m’a répondu : ‘Elle est à côté de moi.’ Puis j’ai reçu un message disant : ‘Je suis bien son épouse, je suis d’accord de vous recevoir.’
Il se rend au domicile des Pelicot à Mazan (Vaucluse), où Dominique Pelicot le guide vers la chambre du couple. « J’ai commencé les préliminaires, j’ai vu qu’elle n’avait pas de réaction. J’ai dit : ‘Elle est morte ta femme’. Il m’a répondu : ‘Non, tu te fais des films.’» Selon ses propos, l’acte se poursuit pendant au moins trente minutes jusqu’à ce qu’il réalise que Gisèle Pelicot ronfle et décide alors de quitter les lieux. Pourtant, Husamettin D. affirme être accusé à tort : « On me dit que je suis un violeur, c’est un truc de fou. Je ne suis pas un violeur, c’est trop lourd à porter pour moi. C’est son mari, je n’ai jamais pensé qu’il pouvait faire ça à sa femme.»
Une prise de conscience tardive
Une magistrate lui rappelle la définition du viol selon le code pénal : toute pénétration sexuelle ou acte bucco-génital commis « par violence, contrainte, menace ou surprise ». Face à cela, il finit par admettre : « Maintenant, je reconnais que c’est un viol ».
Le témoignage de Mathieu D.
Le second accusé, Mathieu D., âgé de 53 ans, reconnaît immédiatement les faits et précise que Dominique Pelicot lui avait clairement indiqué que sa femme serait « endormie par des somnifères administrés par lui », dans le but de visionner ensuite ensemble les vidéos. Bien qu’il ait « pris conscience en garde-à-vue » de l’absence de consentement de Gisèle Pelicot, il soutient également qu’il n’a pas eu l’impression de « commettre un viol » lors des faits.
« C’est ça le problème d’une reconnaissance qui n’en est pas une », commente Stéphane Babonneau, l’avocat de Gisèle Pelicot.
Les réflexions sur le consentement
Ce procès met en lumière des questions cruciales autour du consentement, un thème qui résonne particulièrement dans le contexte actuel. La difficulté des accusés à reconnaître les actes incriminés soulève des interrogations sur la compréhension des frontières entre consentement et coercition.