Home Actualité Vivre Ramadan après la perte des proches à Gaza

Vivre Ramadan après la perte des proches à Gaza

by Sara
Vivre Ramadan après la perte des proches à Gaza
Palestine

Vivre Ramadan après la perte des proches à Gaza

“À Ramadan, la douleur de la perte s’intensifie et nous nous souvenons des êtres chers”, déclare Mariam Jloud, qui pleure son mari Maïn et son fils Haïtham, tous deux martyrs dans des crimes séparés perpétrés par les forces d’occupation israéliennes dans la ville de Khan Younès, lors de la guerre dévastatrice menée contre Gaza après l’opération “Tsunami d’Al-Aqsa” le 7 octobre 2023.

Neuf mois séparent le martyr de Maïn, âgé de 53 ans, et son fils Haïtham, dans la vingtaine. Mariam (51 ans) vit toujours sous le choc et déclare à Al Jazeera : “Comment oublier Maïn, qui était mon frère, mon mari, mon ami, et mon fils Haïtham, la prunelle de mes yeux ?!”

Le souvenir d’un mari et d’un soutien

Les larmes de Mariam précèdent ses mots alors qu’elle évoque ses années de bonheur avec son mari, qu’elle appelle affectueusement “Abou Khaled”. Elle se marie à lui à l’âge de 16 ans et lui attribue le mérite de son éducation et de sa patience. “Ce n’était pas seulement mon mari, il était aussi mon frère, mon bien-aimé, et mon ami”, dit-elle.

Le jour de son martyre, Maïn rentrait chez lui accompagné de ses amis après avoir aidé à sauver des victimes de bombardements. Ils avaient pris un café ensemble avant de se séparer. “Peu de temps après qu’il soit sorti, j’ai reçu la nouvelle de sa mort. Je n’ai pas pu y croire et je me suis mise à courir dans la rue, me dirigeant instinctivement vers l’hôpital Nasser, où j’ai trouvé mes enfants et une foule de proches et de voisins”, raconte Mariam, la voix tremblante.

Les souvenirs du Ramadan

Pour la deuxième fois depuis le martyre de son mari, le mois de Ramadan arrive, et elle se retrouve plongée dans “un océan de souvenirs” avec une voix étranglée par les pleurs. “Abou Khaled priait la prière de l’aube à la mosquée, lisait le Coran, et faisait les courses le matin pour ramener tout ce dont nous avions besoin”, se souvient-elle.

Après la prière de l’après-midi, il l’aidait à préparer le repas de rupture du jeûne, et ils prenaient le temps de discuter ensemble après la prière du soir. “Il se levait avant tout le monde pour préparer le suhoor pour nous”, ajoute-t-elle avec une tristesse palpable.

“Il n’était pas très exigeant en matière de nourriture, mais il adorait les pâtes avec de la viande hachée et le fattah au poulet ou à l’agneau”, dit-elle, avant d’ajouter : “Je ne ressens plus le goût de rien depuis le martyre de Maïn.”

Une seconde tragédie

Avant même de pouvoir accepter la perte de son mari, Mariam a dû faire face à une seconde tragédie : le martyre de son fils Haïtham (23 ans), tué par une frappe aérienne israélienne alors qu’il était seul à la maison.

Haïtham était proche de Dieu, un jeune homme généreux qui s’attachait à prier et à accomplir des actes de dévotion. Pendant le Ramadan, il avait ses propres habitudes, priant l’aube en groupe et lisant le Coran jusqu’à midi. “Le jour de son martyre, il était en train de lire la sourate Al-Kahf après avoir rempli les réservoirs d’eau et nettoyé la maison. Il était le plus actif de ses frères”, raconte sa mère.

Ce jour-là, alors qu’elle se préparait à une visite sociale, Haïtham l’exhortait à partir plus tôt. Elle était inquiète mais a cédé à ses insistances. “Un peu après son départ, j’ai entendu l’explosion d’un missile. J’ai ressenti un serrement au cœur. Sur le chemin du retour, l’un de mes enfants m’a annoncé la nouvelle dévastatrice : ‘Haïtham est tombé en martyr… De quel Ramadan parlons-nous maintenant que nous avons perdu nos proches ?’”

La douleur des mères

La mère de Raed Abou Hatab, Najwa Abou Hatab, exprime également sa douleur. “Il était toujours attentionné envers moi et demandait sans cesse de mes nouvelles.” Raed (35 ans) a laissé derrière lui une famille de sept personnes. Najwa se souvient également d’une perte tragique : sa fille Muzna (34 ans), qui, enceinte, a été tuée par le feu israélien.

Raed est tombé en martyr le 24 janvier dernier. “Le choc de cette nouvelle était terrible”, confie sa mère, ne pouvant se résigner à son absence. “Les souvenirs de lui m’accompagnent tout le temps. En ce mois de Ramadan, nous ressentons encore plus cruellement l’absence de nos enfants et de nos êtres chers emportés par la guerre.”

Un héritage de douleur

La guerre a laissé une empreinte indélébile sur plus de deux millions et trois cent mille Palestiniens dans la bande de Gaza, chacun ayant perdu un être cher ou vu sa maison détruite. Les estimations officielles évoquent plus de 48 000 martyrs et environ 112 000 blessés, sans oublier l’immense destruction des habitations et des infrastructures.

Ce Ramadan, alors que la souffrance persiste, les familles de Gaza se remémorent les souvenirs de ceux qu’elles ont perdus, transformant la fête en un moment de recueillement et de douleur profonde.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/3/6/%d8%a8%d9%8a%d9%86-%d8%b1%d9%85%d8%b6%d8%a7%d9%86%d9%8a%d9%86-%d9%87%d9%83%d8%b0%d8%a7-%d9%8a%d8%b9%d9%8a%d8%b4-%d8%b0%d9%88%d9%88-%d8%a7%d9%84%d8%b4%d9%87%d8%af%d8%a7%d8%a1-%d8%a8%d8%ba%d8%b2%d8%a9

You may also like

Leave a Comment

Droits d’auteur © 2024 – onemedia.fr – Tous droits réservés