Table of Contents
Le parti au pouvoir, le ZANU‑PF, a annoncé le lancement de procédures destinées à prolonger de deux ans le mandat du président Emmerson Mnangagwa, ce qui pourrait le maintenir en fonction jusqu’en 2030.
La mesure a été approuvée samedi lors du congrès annuel du parti à Mutare, dans l’est du pays, où les délégués ont demandé au gouvernement de préparer une législation modifiant la Constitution, a déclaré le ministre de la Justice et secrétaire aux affaires juridiques du parti, Ziyambi Ziyambi.
Cette initiative relance un débat institutionnel et politique important au Zimbabwe, entre la volonté du parti majoritaire et les contraintes constitutionnelles qui entourent le mandat présidentiel.
La décision au congrès du ZANU‑PF
Le projet de prolongation a été adopté au cours du rassemblement du parti, où il a reçu des applaudissements nourris des délégués, illustrant la mainmise du ZANU‑PF sur les instances du pouvoir depuis l’indépendance en 1980.
Les délégués ont explicitement chargé le gouvernement de rédiger un texte légal visant à modifier la Constitution afin de permettre ce prolongement.
Plusieurs intervenants ont souligné que, pour aboutir, la modification nécessiterait des étapes formelles et probablement un référendum populaire.
Des détenus bénéficiant d’une grâce présidentielle attendent de quitter la prison (photo AFP/Associated Press).
Cadre constitutionnel et implications
La Constitution actuelle contraint Emmerson Mnangagwa, âgé de 83 ans, à quitter le pouvoir en 2028, après avoir accompli deux mandats élus.
Toute modification permettant une extension de mandat exigerait :
- une révision constitutionnelle formelle,
- l’adoption d’une loi corrélée par le Parlement dominé par le ZANU‑PF,
- et potentiellement l’organisation d’un référendum national, selon des juristes.
Des spécialistes du droit estiment que ces démarches pourraient faire l’objet de contestations judiciaires si elles sont perçues comme contraires aux garanties constitutionnelles.
Réactions politiques et formation d’un front critique
Malgré l’approbation interne, des voix critiques se sont fait entendre. Le député et avocat d’opposition Tendai Biti a déclaré sur la plateforme X qu’il défendrait la Constitution « contre toute tentative de l’arracher et de la détourner au service d’une agenda illégitime et dangereux ».
Au sein même du ZANU‑PF, un courant s’oppose au prolongement. Ce camp est rattaché au vice‑président Constantino Chiwenga et compte parmi ses figures le vétéran de la guerre de libération Blessed Gweza.
Gweza utilise notamment des diffusions en direct sur YouTube pour dénoncer la démarche, attirant des milliers de spectateurs.
Répression et climat sécuritaire
Les appels à des manifestations de masse ont reçu peu d’écho public, en partie à cause d’une présence sécuritaire renforcée à Harare et dans d’autres villes.
Les autorités ont arrêté dix militants à Harare — la plupart dans la soixantaine et la septantaine —, les accusant de préparer une protestation demandant la démission de Mnangagwa.
Ces personnes sont détenues, inculpées d’incitation à la « violence publique » et devaient être présentées à une audience de libération sous caution lundi. Plus tôt dans l’année, près de 100 jeunes avaient également été arrêtés dans des circonstances similaires.
Contexte politique et trajectoire de Mnangagwa
Emmerson Mnangagwa est arrivé au pouvoir en 2017, après la destitution de Robert Mugabe, promettant des réformes démocratiques et économiques.
Ses détracteurs l’accusent toutefois de transformer les élections en cérémonies contrôlées, d’affaiblir l’indépendance judiciaire et de réprimer l’opposition.
Carte du Zimbabwe (Al Jazeera).
Ce qui reste à venir
Plusieurs scénarios sont possibles :
- le Parlement adopte une loi de modification constitutionnelle soutenue par le ZANU‑PF,
- les opposants saisissent la justice pour faire annuler la démarche,
- ou bien un référendum est organisé si la procédure l’exige, confrontant alors la mesure à l’opinion publique.
La suite dépendra autant des évolutions politiques internes au ZANU‑PF que des réactions judiciaires et de la société civile.