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Les tacaïas : un héritage soudanais pour nourrir les nécessiteux

by Sara
Soudan

Les tacaïas : un héritage soudanais pour nourrir les nécessiteux

Les tacaïas sont des centres sociaux bénévoles qui distribuent des repas à des milliers de nécessiteux au Soudan. Elles font partie du patrimoine religieux et culturel du pays, dont l’histoire remonte à des décennies, depuis le royaume islamique de Sennar, à travers l’ère de l’Empire ottoman et le sultanat du Darfour.

Qu’est-ce que les tacaïas ?

Le terme tacaïa, au singulier « تَكيَّة », désigne un refuge pour les pauvres. Son origine, « التّكْأة », signifie ce sur quoi le pauvre s’appuie, selon le dictionnaire dialectal soudanais de Aoun Al-Sharif Qassim.

Connu à l’époque ottomane, ce type de centre religieux était dédié à l’hébergement des derviches, des étudiants et des voyageurs, remplaçant ainsi les « khanqahs » qui étaient répandues à l’époque mamelouke.

Les tacaïas constituent un héritage soufi ancien, offrant aux pauvres, aux nécessiteux et aux disciples un abri qui leur garantit nourriture et réconfort.

Ces centres font partie d’un système soufi qui promeut ses enseignements à travers plusieurs institutions, dont la mosquée, le mawsim, la khalwa, la zaouïa, la tacaïa et le sanctuaire.

Tacaïa à Karkouj, État de Sennar

Histoire des tacaïas au Soudan

Les origines des tacaïas au Soudan remontent à des siècles, leur plus ancien représentant étant attribué au roi Badi Abu Daqn, un monarque du royaume islamique de Sennar, en 1643.

D’après certaines sources, l’introduction des tacaïas au Soudan serait due aux Arabes venant d’Afrique du Nord, durant le règne du sultan Ahmad Al-Maqour, fondateur du sultanat du Darfour.

Durant la période des gouverneurs Ismail Pacha et Saïd Pacha, l’État ottoman a particulièrement soutenu l’établissement des tacaïas, dans une optique de promotion de l’éducation religieuse.

Les tacaïas ottomanes se composaient d’une chambre de prière, d’une grande cour ouverte entourée de chambres pour les soufis, ainsi que de salles de lecture, de douches et de cantines.

À l’époque moderne, de nombreuses tacaïas ont vu le jour au Soudan, parmi lesquelles la tacaïa de l’imam Abd al-Rahman Al-Mahdi, chef de la communauté des Ansars à Omdurman, et celle de Sayyid Ali Al-Mirghani, chef de la voie khettamite à Khartoum Bahri.

Tacaïas au Soudan

Rôle social des tacaïas

Les tacaïas qui se trouvent au Soudan et dans le monde arabe jouent un rôle vital en fournissant un soutien et des soins sociaux aux pauvres et aux nécessiteux. Elles contribuent à améliorer les conditions de vie des personnes et à créer un environnement de solidarité au sein de la communauté.

Zones de présence et fonctionnement

Les tacaïas se sont répandues dans de vastes régions du Soudan après le déclenchement du conflit entre les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide le 15 avril 2023.

Elles se sont particulièrement intensifiées dans l’État de Khartoum et ses villes, notamment la tacaïa de Cheikh Amin Omar Al-Amin dans la vieille Omdurman, qui offre des aliments et des médicaments aux nécessiteux.

Selon Mohamed Hamza, un des volontaires de la Société du Croissant-Rouge soudanais, les tacaïas dépendent majoritairement des dons des habitants, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Soudan.

Ces centres sont gérés soit par les habitants du quartier, soit par le gouvernement ou des organisations humanitaires et des salles d’urgence, et leur fonctionnement hebdomadaire dépend des dons financiers et de la disponibilité des produits de base.

Repas servis par les tacaïas

Les tacaïas offrent une variété de repas, incluant des plats à base de fèves, de lentilles, de riz, entre autres. Les bénévoles distribuent la nourriture directement aux nécessiteux à leur domicile, tandis que dans certaines régions, les nécessiteux doivent se rendre à la tacaïa avec un récipient pour recevoir de la nourriture suffisante pour eux et leur famille.

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