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Colocation solidaire : un refuge pour jeunes mères en difficulté à Paris

by Sara
Colocation solidaire : un refuge pour jeunes mères en difficulté à Paris
France

Sarah*, 24 ans, enceinte de six mois, vit dans une colocation solidaire à Paris, un refuge pour jeunes mères en difficulté. Dans le XIe arrondissement, elle partage un logement avec trois autres jeunes femmes, toutes confrontées à des histoires marquées par la précarité, la rupture familiale et une grossesse imprévue.

Depuis quelques semaines, le ventre de Sarah s’arrondit enfin, signe d’une grossesse qu’elle a longtemps eu du mal à accepter, traversée par un déni de grossesse et des traumatismes personnels. Ce lieu, proposé par l’association La Maison de Marthe et Marie, offre à ces mères isolées un hébergement temporaire, un cadre sécurisant et un accompagnement quotidien pendant environ un an.

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Le déni de grossesse : un choc à surmonter

Sarah se souvient des mois précédents sa prise de conscience : seins gonflés, légère prise de poids, mais toujours ses règles mensuelles. Après plusieurs tests de grossesse positifs, elle a dû affronter la réalité. Une échographie d’urgence à l’hôpital lui a confirmé sa grossesse, une nouvelle bouleversante qu’elle a eu du mal à accepter.

« Je ne réalisais pas », confie-t-elle, évoquant la brutalité de la première rencontre avec son bébé lors de l’examen médical. Elle repense encore à la sage-femme qui lui a montré l’écran et tenté de lui faire entendre le cœur de l’enfant, un moment à la fois violent et intense.

Après des échanges difficiles avec le père de l’enfant et sa famille, Sarah a finalement décidé de poursuivre sa grossesse, soutenue par sa mère et les professionnels du Planning familial de la maternité Tenon à Paris.

Une nouvelle vie dans la colocation solidaire

La colocation où Sarah vit aujourd’hui est située dans un immeuble moderne du XIe arrondissement. Elle partage cet espace avec trois autres jeunes mères âgées de 24 à 30 ans. Ensemble, elles bénéficient d’un encadrement assuré par quatre volontaires, de jeunes professionnelles sans enfant, qui les accompagnent dans leur quotidien.

Cette colocation n’est pas un centre social classique : chaque maman signe un bail et s’acquitte d’un loyer modéré, participant ainsi à leur autonomie. L’ambiance y est chaleureuse, entre photos de bébés aux murs, jouets éparpillés et rires partagés malgré les pleurs des nourrissons.

Sarah décrit ce lieu comme sa « deuxième famille », où elle se sent enfin apaisée et mieux dans son corps, même si la précarité et les difficultés restent présentes.

Un soutien essentiel face à l’exclusion

Pour Bénédicte Dupont, responsable d’antenne de Marthe et Marie, « Je commence les démarches dès leur arrivée pour leur trouver un logement qu’elles pourront occuper à leur sortie ». L’objectif est clair : aider ces mères à sortir durablement de la rue et de l’exclusion.

Elle accompagne aussi bien les mamans que les volontaires, gérant parfois des tâches du quotidien comme déboucher un évier ou discuter avec le propriétaire. Les visites des conjoints sont autorisées dans les espaces communs, mais il est impossible d’y mener une vie conjugale, faute d’intimité.

Face à l’augmentation du nombre de femmes sans-abri à Paris, où elles représentent 12 % des personnes sans logement en 2024, ce dispositif répond à un besoin urgent. En France, environ 3 000 femmes et autant d’enfants dorment chaque nuit dehors, souligne un rapport sénatorial récent.

Un parcours personnel marqué par les épreuves

Sarah évoque également son histoire personnelle, révélant avoir été adoptée et « accouchée sous X », une vérité rarement abordée dans sa famille. La grossesse a ravivé des blessures anciennes, mais elle demeure déterminée à offrir à son enfant « tout l’amour dont il aura besoin ».

La relation avec le père du bébé est compliquée. Après un silence long de plusieurs mois, il a récemment repris contact, exprimant des regrets mais refusant de pleinement assumer sa paternité. Sarah, désormais résolue à avancer seule, croit en sa capacité à être à la fois mère et père pour son enfant.

Regarder vers l’avenir

Alors que le terme approche en mai, Sarah se prépare à son accouchement, choisissant de vivre cette expérience pleinement, sans péridurale, selon une croyance personnelle transmise par sa mère. Elle n’a encore partagé la nouvelle de sa grossesse qu’avec peu de proches, gardant un secret lourd à porter dans un milieu familial conservateur.

La colocation solidaire prévoit un départ une fois que le bébé aura un an, moment où les mères devront entamer un nouveau chapitre, souvent en cherchant un logement stable et un emploi. Une nouvelle colocataire vient d’arriver avec son nourrisson, tandis que d’autres se projettent déjà vers l’avenir, témoignant de la dynamique d’entraide et de reconstruction qui anime ce lieu unique.

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source:https://www.slate.fr/societe/maison-marthe-marie-meres-isolees-situation-precaire-maternite-grossesse-association-aide

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