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Film « استنساخ » : critique du manque de logique face à l’IA en Égypte et au Moyen-Orient

by Sara
Film « استنساخ » : critique du manque de logique face à l'IA en Égypte et au Moyen-Orient
Égypte, Moyen-Orient

Succès et contexte du film « استنساخ »

Moins de deux semaines après la fin du mois de Ramadan, le film « استنساخ », avec Samah Hussein, a commencé sa diffusion. Ce dernier a rencontré un grand succès pendant le Ramadan grâce à son émission « Qatayef », lancée sur sa chaîne YouTube avant d’être diffusée à la télévision. Selon Samah Hussein, ce succès a encouragé les producteurs du film à lui donner une chance en salle, alors qu’il avait initialement été conçu pour une plateforme numérique.

Réalisé et écrit par Abd al-Rahman Mohammed, « استنساخ » réunit Samah Hussein, Heba Magdy et Hagar Al-Sharnouby dans un film de science-fiction. Il est cependant en concurrence avec quatre comédies égyptiennes dans une saison cinématographique particulièrement calme.

Déficit de logique dans « استنساخ » et l’absence de rigueur scientifique

Un préjugé courant attribue l’échec des films de science-fiction égyptiens à un manque de moyens techniques et économiques. Si ces facteurs jouent un rôle, d’autres raisons expliquent pourquoi certains films réussissent ailleurs. La science-fiction ne repose pas uniquement sur des effets visuels impressionnants. Par exemple, « Interstellar » est mémorable non seulement pour ses scènes spatiales, mais surtout pour la rigueur scientifique et la cohérence de son scénario qui imagine un futur plausible de la Terre après une catastrophe écologique.

Ce sens de la logique et la précision scientifique font défaut dans les films égyptiens du genre, comme le montre clairement « استنساخ ». Le film tente de refléter les craintes actuelles liées à l’intelligence artificielle (IA) et à la technologie, imaginant un futur arabe indéfini, marqué par plusieurs guerres ayant rendu la vie presque insupportable.

Dans cet avenir, les habitants portent des lunettes modernes pour accéder à un monde virtuel où ils vivent une existence plus agréable que dans la réalité. Ce monde est contrôlé par « l’Alliance Arabe » et géré par Younes Al-Arabi (Samah Hussein), qui refuse de vendre une partie appelée « Terre de la Nébuleuse » à des puissances occidentales, craignant leur influence sur les valeurs arabes.

Jusqu’ici, le scénario semble cohérent et bien construit. Mais la trame se complique jusqu’à atteindre un point culminant où la psychologie du héros se fragilise. Younes nourrit des sentiments pour son collègue, l’ingénieure Mariam (Heba Magdy), mais elle est mariée. Son ami Rajaa (Ahmed Al-Selkaoui) lui propose alors un dispositif scientifique pour résoudre ce dilemme.

C’est à ce moment que la crédibilité du personnage principal s’effondre : Younes, expert en programmation et à la tête de la société dominante dans le virtuel, tombe victime d’un stratagème naïf déjoué par un de ses employés. Cette défaillance s’étend au plan scientifique, surtout dans le dernier tiers du film, où le scénario se contredit ouvertement.

Un film de science-fiction noyé dans un message moral

La science-fiction mêle des éléments scientifiques et imaginaires pour anticiper des phénomènes incertains, tels que la vie extraterrestre, les robots, les voyages dans l’espace ou le temps. Ce genre se caractérise souvent par la présence d’objets ou concepts technologiques inhabituels, qui définissent son cadre narratif.

Il sert aussi à explorer des questions politiques, sociales ou philosophiques, comme la nature humaine ou la signification de la vie.

« استنساخ » s’attaque aux dangers de la technologie et de l’IA, source d’angoisse depuis leur apparition, amplifiée par leur usage récent dans la vie quotidienne. L’IA offre de vastes capacités améliorant la vie, mais menace aussi l’emploi, rappelant la révolution industrielle où les machines ont remplacé le travail manuel, avant la création de nouveaux métiers.

Dans le film, la technologie et l’IA sont des armes puissantes aux mains des ennemis. Elles servent à piéger Younes pour qu’il vende la « Terre de la Nébuleuse », transformant ce monde virtuel en outil de nouvelle domination sur la région arabe. Cette occupation virtuelle vise à manipuler les esprits des jeunes générations en leur imposant une culture occidentale, un procédé réalisable bien plus simplement via Internet, sans nécessiter d’univers virtuel sophistiqué ou d’IA.

Mais le film abandonne vite cette réflexion intellectuelle pour basculer vers un affrontement physique, avec des combats à l’épée et aux armes à feu dans son dernier tiers, illustrant une lutte entre pensée arabe et occidentale.

Paradoxalement, le héros Younes, malgré ses erreurs manifestes tout au long du récit, est blanchi en héros national dans la conclusion. Ce dénouement trahit la cohérence scientifique, morale et artistique du film, qui aurait pu délivrer un message plus subtil et crédible.

Image illustrative

Samah Hussein dans une scène du film 'استنساخ'

source:https://www.aljazeera.net/arts/2025/4/17/%d9%81%d9%8a%d9%84%d9%85-%d8%a7%d8%b3%d8%aa%d9%86%d8%b3%d8%a7%d8%ae-%d8%ba%d9%8a%d8%a7%d8%a8-%d8%a7%d9%84%d9%85%d9%86%d8%b7%d9%82-%d9%88%d8%a7%d9%84%d9%87%d9%84%d8%b9-%d9%85%d9%86

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