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Reconnaissance et mémoire : les oubliés du STO réclament justice

by Sara
Reconnaissance et mémoire : les oubliés du STO réclament justice
France

À 103 ans, Albert Corrieri incarne un témoignage poignant de l’injustice et de la souffrance vécue par des générations oubliées. Ancien requis du service du travail obligatoire (STO), il se remémore avec une clarté troublante les dix-huit mois passés dans une usine de Ludwigshafen, près de Mannheim, durant la Seconde Guerre mondiale. Ces souvenirs, marqués par la douleur, persistent alors même que le temps s’est écoulé, et il révèle : *« La souffrance qu’on a eue là-bas, on ne l’a pas oubliée. Mais on dirait qu’on est les seuls à s’en rappeler. »*

Un parcours de vie riche en épreuves

Albert Corrieri a connu une vie pleine de rebondissements depuis la guerre. Marié puis veuf, il est père et grand-père à deux reprises, et a exercé de nombreux métiers, allant de plombier à chronométreur de boxe, en passant par porteur de la flamme olympique. Sa longévité est empreinte de souvenirs d’une époque où il a été arraché à sa vie quotidienne pour servir l’Allemagne nazie.

Son histoire personnelle est une illustration du sort de nombreux jeunes gens de son âge, réquisitionnés dans un contexte de guerre tumultueuse. Né entre 1920 et 1922, Corrieri a été appelé à rejoindre les rangs des entreprises allemandes, alors que l’Allemagne souffrait des conséquences de ses engagements militaires sur le front de l’Est.

Le STO : une obligation douloureuse

Le service du travail obligatoire a été instauré par le gouvernement collaborationniste de Vichy le 16 février 1943, sous la pression de Fritz Sauckel, un personnage notoire surnommé le *« négrier de l’Europe »*. Ainsi, des milliers de personnes ont été envoyées de force dans des usines allemandes pour soutenir l’effort de guerre. Corrieri a été affecté à l’usine chimique IG Farben, un lieu de travail où il a vécu une expérience traumatisante.

Les conditions de travail étaient souvent inhumaines, et l’impact psychologique de cette période se fait encore sentir aujourd’hui pour ceux qui ont survécu. Ces événements tragiques soulignent non seulement la brutalité du régime nazi, mais aussi l’oubli dans lequel ces anciens requis sont souvent laissés.

Un appel à la mémoire et à la reconnaissance

Les anciens du STO, comme Albert Corrieri, réclament aujourd’hui une reconnaissance officielle de leur souffrance et une indemnisation pour leurs années de sacrifice. Ils se battent pour que leur passé ne soit pas effacé des mémoires collectives et pour que les jeunes générations prennent conscience de ces injustices historiques.

« Nous voulons que notre histoire soit connue », affirme Corrieri, soulignant l’importance de transmettre ces récits aux futurs citoyens. La mémoire de ces oubliés de l’histoire doit être préservée afin que les leçons du passé ne soient jamais perdues.

Le livret de prisonnier d’Albert Corrieri pendant sa période de STO, photographié chez lui, à Marseille, le 21 juin 2024.
Albert Corrieri, ancien du STO, chez lui, à Marseille, le 21 juin 2024, 102 ans à l’époque.
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