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La Russie et le patrimoine artistique ukrainien : une appropriation inquiétante

by Sara
La Russie et le patrimoine artistique ukrainien : une appropriation inquiétante
Ukraine, Russie

La volonté affichée par la Russie de nier l’existence même de l’Ukraine se traduit par une campagne systématique visant à effacer la richesse culturelle et le patrimoine artistique ukrainien. Cette stratégie passe par la destruction, le pillage et la réappropriation des œuvres et sites historiques, accompagnée d’initiatives révisionnistes qui cherchent à « russifier » ce patrimoine. Un collectif d’acteurs du monde de l’art a ainsi lancé un appel à exclure la Russie du Conseil international des musées, dénonçant ces pratiques inquiétantes.

Une stratégie d’effacement culturel massive

« L’Ukraine n’a jamais existé », clament à plusieurs reprises Vladimir Poutine et les idéologues russes, une affirmation qui dépasse la simple rhétorique pour se matérialiser dans des actions concrètes. Selon les données de l’Unesco au 16 avril, depuis le 24 février 2022, 494 sites culturels ukrainiens ont été détruits ou endommagés. Parmi eux, on compte :

  • 149 édifices religieux,
  • 257 immeubles historiques,
  • 33 monuments, y compris ceux dédiés à la mémoire de la Shoah,
  • 18 bibliothèques,
  • 34 musées,
  • 2 sites archéologiques.

Ces chiffres témoignent d’une volonté délibérée d’effacer la spécificité culturelle ukrainienne, en faisant disparaître physiquement des éléments clés de son patrimoine.

L’appropriation et la « russification » du patrimoine ukrainien

Au-delà de la destruction, la Russie mène une politique active d’appropriation des œuvres d’art ukrainiennes en les intégrant à son propre corpus culturel. Ce processus de « russification » s’est notamment accentué après l’annexion de la Crimée en février 2014, avec un transfert massif d’œuvres provenant des musées criméens vers des institutions russes.

En 2016, la célèbre galerie Tretiakov de Moscou a organisé une grande rétrospective du peintre de marines du XIXe siècle Ivan Aïvazovski (1817-1900). Sur les 120 œuvres exposées, 38 provenaient de collections situées en Crimée. Malgré les protestations du ministère ukrainien de la culture, certains grands musées européens ont maintenu leurs collaborations avec la galerie russe jusqu’à l’invasion massive de 2022.

La réorganisation culturelle de Chersonèse

Le site archéologique de Chersonèse, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, a été méthodiquement démantelé et pillé. Il est en cours de transformation en un complexe muséal prévu pour juillet 2024, qui inclura un « musée de la Crimée et de la Novorossia (Nouvelle Russie) ». Ce projet vise à justifier les prétentions russes à la « reconquête » des régions orientales et méridionales de l’Ukraine, en altérant le récit historique et culturel.

Une intensification des pillages depuis 2022

Depuis le début de l’invasion à grande échelle en février 2022, les actes de pillage se sont multipliés dans les territoires occupés. Des centaines de milliers d’œuvres d’art et d’objets culturels ukrainiens ont été déplacés vers la Crimée ou directement en Russie.

À Kherson, des conservateurs affiliés à des sociétés historiques pro-Kremlin, accompagnés et encadrés par des officiers du Service fédéral de sécurité (FSB), ont guidé les forces russes dans le pillage intensif du Musée Oleksiy Shovkunenko et du musée d’histoire locale. Plus de 13 000 objets y ont été dérobés.

À Marioupol, des œuvres majeures d’Arkhip Kouïndji (1841-1910) et d’Ivan Aïvazovski ont été saisies par les forces militaires russes. La collection exceptionnelle d’« or des Scythes », conservée au musée d’histoire locale de Melitopol, a quant à elle disparu sans laisser de traces.

source:https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/05/05/la-russie-s-approprie-le-patrimoine-artistique-ukrainien-en-le-russifiant-des-que-c-est-possible_6603140_3232.html

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