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Le Festival d’Avignon, qui se déroulera du 5 au 26 juillet, met à l’honneur la langue arabe. Dans une tribune émouvante, le metteur en scène Mohamed El Khatib exprime ses regrets concernant la perte de sa langue maternelle, ainsi que son incapacité à transmettre à sa fille une version intacte de l’arabe, qu’il décrit comme étant « trouée par la langue française ».
Un lien personnel avec la culture
Mohamed El Khatib évoque la relation qu’il entretient avec son père, qui ne s’est jamais rendu à sa rétrospective au Grand Palais, tenue à Paris du 13 au 29 juin. Son père, peu attiré par les musées, a une perspective critique sur la culture française, se demandant : « Pourquoi tu veux que je regarde les musées, quand eux ne me regardent pas ? » Cette réflexion lui semble juste et il regrette de réduire son père à un simple objet d’exposition dans un musée d’histoire de l’immigration.
Des souvenirs marquants
El Khatib se remémore sa vieille Renault 12, symbole d’une époque où son père retrouvait un semblant de dignité après avoir immigré en France dans les années 1970. Chaque été, la famille empruntait la route du bled, un rituel qui leur conférait un sentiment de liberté et d’appartenance, malgré le regard désapprobateur de certains passants. Ces voyages incarnaient un pont entre deux rives de la Méditerranée, reliant deux cultures et deux langues.
La langue arabe en France
Aujourd’hui, le metteur en scène ressent une certaine honte de ne pas maîtriser l’arabe, tout comme il a éprouvé un malaise lorsque son père s’exprimait en arabe en public. Il constate un double standard : alors que les parents parlant anglais ou allemand sont souvent perçus avec bienveillance, l’arabe, lui, est souvent entouré d’un mépris insidieux. Cette stigmatisation de la langue arabe et de ses locuteurs est une réalité que beaucoup ressentent, y compris El Khatib.