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Isabelle Huppert incarne une figure inspirée de Liliane Bettencourt dans le film présenté au Festival d’Angoulême, un long métrage de Thierry Klifa qui mêle fiction et réalité autour de l’affaire Bettencourt.
Au Festival d’Angoulême, Thierry Klifa choisit la libre fiction
Le film s’ouvre sur un avertissement de générique explicite : « Ce film est une œuvre de création très librement inspirée de faits réels. Par respect de la vie privée, de la mémoire des morts et de la réputation des vivants, les auteurs tiennent à préciser qu’à leur vision subjective d’événements rapportés se mêlent des éléments de pure fiction issus de leur imagination. L’intimité des personnages, leurs échanges et confidences sont inventés. »
Cette précaution résume l’approche de Thierry Klifa, dont La Femme la plus riche du monde ouvre la programmation du Festival du film francophone d’Angoulême. Le réalisateur concentre son intrigue sur la sphère familiale et intime, en évitant le volet politique de l’affaire Bettencourt, qui avait, dans la réalité, entraîné de nombreuses mises en examen d’hommes politiques en 2010.
Intrigue centrée sur une famille et des personnages clés
L’action se déroule principalement dans un hôtel particulier de Neuilly. Le film suit une milliardaire âgée, Marianne Farrère, interprétée par Isabelle Huppert ; son mari Guy (André Marcon) ; leur fille Frédérique (Marina Foïs), qui cherche à mettre sa mère sous tutelle ; un photographe charmeur et ambitieux, Pierre‑Alain Fantin (Laurent Lafitte) ; et un majordome observateur (Raphaël Personnaz), personnage central qui épie et enregistre les tensions.
Thierry Klifa raconte comment cette femme puissante, à la tête d’un empire industriel, se laisse emporter par l’audace d’un personnage exubérant. Le photographe bouscule les habitudes, impose des choix vestimentaires, modifie la décoration de l’hôtel particulier et entraîne la milliardaire dans des sorties et des dépenses somptuaires.
Le scénario met en lumière les thèmes de l’argent, des secrets de famille, de la jalousie, de l’ambition et du silence entretenu au nom d’intérêts supérieurs. La mécanique dramatique repose sur les rapports de pouvoir au sein du foyer et sur la manière dont un extérieur perturbe cet équilibre apparent.
Distribution, interprétations et procédés narratifs
Le film réunit un quatuor d’acteurs au centre de l’intrigue : Isabelle Huppert en Marianne Farrère, André Marcon en mari, Marina Foïs en fille blessée par le manque d’amour maternel, Laurent Lafitte en photographe provocateur et Raphaël Personnaz en majordome silencieux et lucide. Le procédé de faire témoigner les protagonistes face caméra renforce le réalisme et donne au récit une dimension presque documentaire.
« Fantin apporte une énergie qui venait tout bousculer, comme un coup de pied dans un jeu de quilles, provoquant des réactions parfois extrêmes. On pourrait dire que le théâtre surgit dans la vie de cette femme. Le théâtre, ce serait cette folie, cette extravagance, cette transformation du réel. Une forme d’exagération joyeuse, perturbatrice, addictive. Elle se laisse séduire par ce chaos, et en profite à mille pour cent. »
Cette citation, extraite des notes de production et attribuée à Isabelle Huppert, illustre la définition du personnage joué par Laurent Lafitte : provocateur, séducteur, paillard et théâtral, il sème la zizanie avec une posture assumée.
Marina Foïs donne à sa fille une interprétation subtile, marquée par la douleur du manque d’affection, tandis que Raphaël Personnaz incarne un majordome élégant, attentif et implacable dans sa retenue. Le film utilise ces portraits pour faire surgir les motifs psychologiques et moraux au cœur du mélodrame.
Chiffres et calendrier
Selon l’enquête relatée dans le film, les demandes de cadeaux, donations d’assurances et chèques accordés par la milliardaire à son favori sont estimés à quelque 700 000 000 €.
La Femme la plus riche du monde est présenté au Festival d’Angoulême et sortira en salle le 29 octobre.