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Paco Lara-Barranco, artiste peintre et professeur à la Faculté des Beaux-Arts de Séville, expose à la galerie Birimbao son nouveau travail intitulé « Contre la correction ». Cette huitième exposition individuelle à Séville explore les notions de correction et d’erreur en peinture, tout en évoquant le lien entre le peintre et son espace de création.
Une immersion dans l’atelier de l’artiste
Né en 1964 à Torredonjimeno, Jaén, Paco Lara-Barranco présente seize peintures accompagnées d’une trentaine de petits dessins, dont certains ont débuté en 2022. L’exposition, qui s’est concrétisée entre 2022 et le premier trimestre 2024, invite le visiteur à pénétrer dans une installation immersive. Le sol de la galerie est recouvert de cartons, tandis qu’un des murs est protégé par un plastique, recréant ainsi l’ambiance de l’atelier de l’artiste.
Cette mise en scène vise à faire ressentir au public une atmosphère intime, comme s’il entrait directement dans l’espace de création de l’artiste. Paco Lara-Barranco cherche à faire de sa peinture une entité autonome, capable de se dévoiler sans contrainte, rompant avec ses propres habitudes et limites.
La quête de la désobéissance créative
Inspiré par la phrase du philosophe Georges Didi-Huberman « désirer désobéir », l’artiste confie avoir toujours cherché à rompre avec ses acquis depuis ses débuts dans les années 1990. Ce désir de transgression artistique se traduit par l’acceptation de l’erreur et de l’inattendu dans son travail, un dialogue entre la peinture et le peintre qui génère des images inédites.
Paco Lara-Barranco cultive ce que le compositeur John Cage appelait « le culte du hasard ». Il intègre volontairement dans ses œuvres annotations, mots au crayon ou éléments laissés en suspens, favorisant ainsi l’émergence d’accidents visuels qui ouvrent de nouveaux territoires picturaux.
Malgré un processus de création lent et rigoureux, où certains tableaux ont mis jusqu’à quatre ans pour être achevés, l’artiste s’efforce de rester libre de tout préjugé, adoptant une posture d’enfant face à la toile, sans contraintes ni conditionnements.
Un regard critique sur l’art et les nouvelles générations
En parallèle de sa carrière artistique, Paco Lara-Barranco est professeur titulaire en peinture à la Faculté des Beaux-Arts de Séville depuis février 2025. Il observe une transformation dans la perception de la peinture chez les étudiants, largement influencée par l’accès aux nouvelles technologies et à l’information via Internet.
Si les étudiants d’aujourd’hui disposent d’une connaissance étendue des artistes, courants et galeries, celle-ci apparaît souvent plus superficielle comparée à l’approche plus approfondie de la génération précédente, qui n’avait pas accès à Google.
La peinture demeure une discipline pratiquée, mais les jeunes générations s’orientent majoritairement vers le design graphique et l’illustration numérique, préférant travailler avec des logiciels spécifiques plutôt qu’avec les méthodes traditionnelles du travail en atelier.
Une certaine distance avec les technologies
Malgré son intérêt pour le savoir, Paco Lara-Barranco ne s’est pas profondément laissé séduire par les technologies numériques. Il utilise les réseaux sociaux et quelques outils numériques nécessaires à son métier d’artiste et d’enseignant, mais privilégie un rapport direct et intuitif à la peinture.
Rarement adepte du croquis préparatoire, il préfère se lancer sur la toile blanche, laissant le processus évoluer naturellement sur la durée, conscient que la réalisation d’une œuvre s’inscrit souvent dans un long cheminement.
Informations pratiques sur l’exposition
- Où : Galerie Birimbao
- Adresse : Calle Alcázares, 5 – Séville
- Jusqu’au : 31 mai 2025
- Horaires : Lundi de 18h à 21h, mardi à vendredi de 11h à 13h30 et de 18h à 21h, samedi de 11h à 13h30
- Entrée : Libre
Une peinture rebelle et authentique
Paco Lara-Barranco considère que son œuvre vieillit bien, bien que ce soit au spectateur de juger. Sa peinture se caractérise par une grande authenticité, refusant toute soumission à un style préétabli. Par cette exposition, il entend briser les frontières du connu, une démarche qu’il qualifie de véritable rébellion contre la peinture.
À 60 ans, il affirme conserver l’enthousiasme, la fraîcheur et la curiosité d’un jeune peintre de 20 ans, tout en s’appuyant sur l’expérience et le savoir accumulés. Sa volonté est de désobéir consciemment à ce qu’il connaît pour éviter de tomber dans un confort stérile et permettre à la peinture de rester vivante et innovante.
Bien qu’il ne soit pas un artiste médiatique, il se décrit comme un critique rigoureux, aussi bien dans ses idées que dans ses créations.