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Ce soir dans Very Good Trip, des voix rares, de celles qu’on n’entend que rarement à la radio, et qui ont parfois des choses brûlantes à nous confier.
Jim White et son nouveau titre
Un long titre en guise d’entrée en matière que je tenais à vous le faire entendre dans son intégralité. Non, il n’était pas signé par Nick Cave ou un de ses disciples, mais par un certain Jim White, un auteur et chanteur de la même génération, né en 1958, nord-américain et non australien, et bien moins connu mais un peu connu quand même. Jim White qui signe donc ce titre, « The Long Road Home », en prélude à un album à paraître, intitulé Precious Bane, le Précieux Fléau. Ce dernier a été enregistré avec Trey Blake, une mystérieuse Anglaise de Brighton avec laquelle il est entré en correspondance voici quelques années.
Trey Blake est décrite comme étant neurodivergente, un terme qui désigne les personnes dont les différences cérébrales affectent leur fonctionnement, leur attitude ou leurs pensées dans leur vie quotidienne. Elle a écrit des chansons et des poèmes, et pratiqué la photographie. C’est à travers ses œuvres que Jim White a découvert cette artiste dont le visage est inconnu et avec laquelle il a eu envie de collaborer.
Un titre évocateur
Le titre de l’album qu’ils s’apprêtent à publier, The Precious Bane, est à l’origine celui d’un roman de Mary Webb, paru en 1924. Ce roman raconte l’histoire de Prudence Sarn, dite Prue, qui, dans le Shropshire, est rejetée par sa communauté à cause d’une malformation. Prue cherche l’amour avec un autre marginal, et ensemble, ils découvrent un amour plus vaste que le monde mesquin qui les entoure. Ce roman a même été publié en France sous le titre de Sarn, et a reçu le prix Femina.
Les chansons que Jim White et Trey Blake ont écrites ensemble, comme celle que nous venons d’entendre, célèbrent la vie des personnes qui, selon Jim White, « ne peuvent se mêler à la procession artificielle de l’existence et doivent emprunter une longue route pour trouver le chemin qui les conduit à eux-mêmes ».
Le parcours de Jim White
Jim White est un musicien que l’on connaît un peu, même si le grand public ignore tout de lui. Originaire du Sud profond des États-Unis, il s’est illustré il y a près de trente ans en créant un hybride musical fusionnant jazz et bluegrass. Son histoire est peu banale : fils de militaires, élevé dans la foi chrétienne pentecôtiste, il a souffert de dépression et s’est réfugié dans les drogues. Après un accident de travail qui lui a sectionné trois doigts de la main gauche, il a dû adapter sa technique de jeu, ce qui a ouvert un nouveau monde musical pour lui.
Sa sœur l’a amené à New York, où il a brièvement travaillé comme mannequin avant de se lancer dans des études de cinéma. La dépression l’a encore rattrapé, mais c’est dans une maison au bord de la mer qu’il a retrouvé l’inspiration pour écrire des chansons. C’est ainsi qu’il a transformé son identité en Jim White, un nom qui évoque des récits d’apparitions démoniaques et d’humour noir, enrichissant le gothique américain propre au sud des États-Unis.
Influences et découvertes musicales
David Byrne, cofondateur des Talking Heads, a pris part à son parcours en publiant un album au titre évocateur : The Mysterious Tale of How I Shouted Wrong-Eyed Jesus, qui a été adapté en documentaire en 2003. Jim White, qui n’a jamais vraiment pu vivre de sa musique, a exercé divers métiers, mais la musique est restée sa planche de salut.
En écoutant A Foretold Ecstasy de Mayflower Madame, un groupe norvégien, on retrouve des sonorités qui rappellent le rock gothique et psychédélique des années 80, nous replongeant ainsi dans l’atmosphère des débuts des années 2000.