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Oxmo Puccino, scène hip-hop, musique française, culture malienne, Genève : en ce début d’été l’artiste franco-malien revient sur scène à la Scène Ella Fitzgerald, au parc de la Grange, pour célébrer plus de trente ans de carrière et rappeler l’importance de la transmission.
Oxmo Puccino, scène hip-hop, musique française, culture malienne, Genève : un retour sobre et symbolique
Dans les loges de la Scène Ella Fitzgerald, Oxmo Puccino, qui se fait simplement appeler Oxmo par son entourage et ses fans, s’appuie sur une canne élégante et parle d’un retour sur scène après plusieurs années d’absence. La scène genevoise accueille ainsi l’un des artistes les plus respectés de la scène hip‑hop hexagonale. Né au Mali et élevé dans le XIXe arrondissement de Paris, il incarne la rencontre entre une culture malienne d’origine et une trajectoire profondément ancrée dans la musique française.
«Je viens d’une époque où, quand on faisait de la musique, on la vivait. On se préoccupait uniquement du plaisir qu’on prenait à être ensemble et à amener quelque chose de nouveau.»
Ce constat, prononcé par Oxmo Puccino, résume une partie de son rapport à la scène et à la création : une approche collective, fondée sur le partage et la volonté d’apporter une voix singulière au rap. Souvent comparé à des poètes de la chanson française comme Jacques Brel ou Léo Ferré pour la dimension poétique de ses textes, il est perçu comme l’un des mentors de la jeune génération.
Un parcours artistique marqué par la diversité et la transmission
Oxmo s’est fait entendre dès le milieu des années 1990, puis a confirmé son originalité en 1998 avec son premier album, Opéra Puccino, qui imposait d’emblée son ton décalé et son «théâtre du quotidien». Il a ensuite collaboré avec les Jazzbastards, explorant des espaces musicaux où le rap côtoie d’autres formes sonores.
Au fil des années, il a multiplié les projets et les collaborations, alternant albums, mixtapes et performances scéniques. Son album L’Arme de paix lui a valu une Victoire de la musique en 2010, reconnaissance institutionnelle qui a marqué sa carrière. En 2012, il s’est autoproclamé «Roi sans carrosse», formule résumant peut‑être son statut singulier : populaire et respecté, tout en restant en marge des artifices commerciaux.
Récemment, il a publié Lafiya Session, une mixtape enregistrée avec une génération montante de rappeurs — Zinée, Dinos, Dany Dan et d’autres —, démarche qu’il conçoit comme «sa façon à lui de montrer l’importance de la transmission». Par ce projet, Oxmo confirme son rôle de passeur entre les générations, mêlant expérience et nouveautés de la scène hip‑hop.
Sur scène à Genève et empreinte poétique
La prestation à la Scène Ella Fitzgerald reflète les qualités qui ont défini sa longue carrière : des textes travaillés, une diction soignée et un goût pour la mise en scène du quotidien. Son verbe, souvent qualifié de foisonnant, trouve un écho particulier dans une salle qui l’accueille après une période d’absence.
Oxmo Puccino a su, depuis ses débuts aux côtés de camarades du XIXe arrondissement — Pit Baccardi, Booba et autres —, garder une écriture singulière qui mêle images, humour et gravité. Cette voix, à la fois ancrée dans la tradition de la chanson française et résolument issue de la culture hip‑hop, explique en grande partie son statut d’«aîné» respecté sur la scène.
La soirée genevoise a aussi pris valeur de symbole : un artiste franco‑malien, mentor de la scène hip‑hop, revient partager son art dans un espace public et ouvert, mettant en lumière le lien entre héritage culturel et création contemporaine.
Héritage, influences et rôle de mentor
Ceux qui suivent la carrière d’Oxmo notent sa capacité à se réinventer sans renier son identité artistique. Trente années de travail musical, depuis ses premières rimes au milieu des années 1990 jusqu’à ses projets récents, montrent une trajectoire constante d’exploration et de mutation.
Par ses collaborations — que ce soit avec des musiciens de jazz, des jeunes rappeurs ou en solo — il a progressivement construit une parole singulière, plébiscitée pour sa profondeur et sa dimension poétique. Son rôle de mentor se concrétise autant sur scène que dans des projets comme Lafiya Session, où il met en avant de jeunes talents pour assurer une continuité entre générations.
Après plus de trois décennies, Oxmo Puccino reste l’un des rares rappeurs francophones à avoir mené une carrière longue et cohérente, marquée par la reconnaissance critique, des distinctions et une fidélité à un art vécu collectivement.