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Selon le magazine Le Point, le cancer reste la première cause de décès prématuré en France, ce qui pose la question de son évitement et d’un meilleur dépistage du cancer. Pour éclairer ces enjeux, la revue a interrogé la Dre Pamela Abdaim, oncologue à l’institut Gustave‑Roussy, impliquée dans le programme national « Interception » dédié à la prévention personnalisée du cancer.
La spécialiste rappelle l’importance du dépistage précoce : « Il permet de détecter le cancer à un stade précoce en vue d’un traitement potentiellement curatif et contribue à réduire la mortalité ». La France dispose déjà de trois programmes organisés pour le dépistage du sein, du col de l’utérus et du côlon, en complément d’autres examens ciblés.
Cancer du col de l’utérus
La Dre Abdaim souligne l’importance du dépistage chez les femmes. Le dépistage organisé débute à 25 ans :
- cervico‑vaginaux cytologiques à partir de 25 ans ;
- puis test HPV tous les 5 ans jusqu’à 65 ans ;
- la poursuite du dépistage au‑delà de 65 ans se discute au cas par cas selon l’état de santé.
Cancer du sein
En l’absence de facteurs de risque particuliers, le dépistage du sein est recommandé pour les femmes de 50 à 74 ans.
- mammographie tous les deux ans pour cette tranche d’âge ;
- suivi individuel ensuite selon l’état de santé et les facteurs de risque ;
- en cas de risque élevé, le dépistage débute plus tôt et inclut des examens complémentaires.
Le contrôle régulier et l’attention aux signes (modification de volume ou de forme, écoulement, masse) restent essentiels : l’autopalpation ne remplace pas un examen médical.
Cancer colorectal
Le dépistage s’adresse aux femmes et aux hommes de 50 à 74 ans et repose sur un test de recherche de sang dans les selles.
- test de selles tous les deux ans ;
- ce dépistage peut réduire la mortalité jusqu’à 30 % ;
- en cas de risque élevé (antécédents familiaux, maladie inflammatoire chronique de l’intestin, polypectomie antérieure), le test est remplacé par une coloscopie.
Le programme « Interception » propose des parcours spécifiques pour les personnes à risque génétique ou élevé.
Cancer du poumon
Le cancer du poumon demeure la première cause de mortalité en France. Un dépistage par tomodensitométrie (TDM) à faible dose peut réduire le risque de décès chez certains fumeurs intensifs.
- cible : fumeurs intensifs âgés de 50 à 74 ans ;
- critère : consommation prolongée de tabac et arrêt récent (pas plus de 15 ans) ;
- un programme national expérimental de dépistage du poumon est prévu en 2026.
Cancer de la peau (mélanome)
Il n’existe pas de programme de dépistage organisé du mélanome, mais la surveillance est recommandée pour les personnes à risque.
- examens dermatologiques annuels pour les peaux claires ou les sujets ayant de nombreux grains de beauté ;
- autocontrôles réguliers pour repérer toute nouvelle tache ou toute modification de taille, forme ou couleur ;
- consulter en cas d’ulcération ou d’aspect différent d’une lésion.
Cancer de la prostate
Le dépistage de masse du cancer de la prostate n’est pas recommandé en raison du risque de surdiagnostic.
- le dosage du PSA et le toucher rectal ont une précision limitée ;
- ils peuvent conduire à traiter des cancers à évolution lente et non menaçants ;
- le dépistage reste envisagé pour les hommes à risque génétique élevé ou présentant des facteurs particuliers.
Cancers ORL (nez, gorge, bouche)
La Dre Abdaim insiste sur la vigilance face aux symptômes persistants, surtout chez les consommateurs de tabac et d’alcool.
- tabac et alcool sont les principaux facteurs de risque, avec un effet multiplicateur en cas de consommation conjointe ;
- consulter un ORL en cas d’ulcération buccale persistante, de voix enrouée prolongée ou d’inflammation chronique de la gorge ;
- la prise en charge précoce augmente les chances de traitement efficace.
Cancer de la vessie
Il n’existe pas de dépistage systématique du cancer de la vessie. Il convient d’être attentif aux signes évocateurs.
- présence de sang dans les urines doit alerter, en particulier chez les fumeurs ;
- une consultation médicale est nécessaire pour explorer ce symptôme et poser un diagnostic.
Cancer des testicules
Ce cancer touche plus souvent les jeunes hommes. L’autosurveillance peut permettre une détection précoce.
- autopalpation régulière recommandée ;
- consulter devant toute masse indolore qui augmente de volume ;
- aucun examen de dépistage généralisé supplémentaire n’est actuellement validé pour un dépistage global des cancers.
Dre Abdaim met en garde contre les « bilans globaux » non validés scientifiquement et déconseille de s’y fier pour un dépistage du cancer fiable.
Prévention et recommandations
La spécialiste rappelle que près de 50 % des cancers en France sont liés à des facteurs évitables.
- principaux facteurs évitables : tabac, alcool, obésité, mauvaise alimentation ;
- préconisations : adopter une hygiène de vie saine, pratiquer une activité physique régulière ;
- protéger la peau du soleil, en particulier chez les enfants, pour réduire le risque de mélanome.
En complément des mesures individuelles, le dépistage du cancer adapté à l’âge, au sexe et au niveau de risque permet de diminuer significativement la mortalité liée aux cancers.


