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Maladies chroniques, chaleurs extrêmes, pénuries… Dans son 8e rapport sur l’impact du changement climatique sur la santé, la revue scientifique The Lancet met en lumière des records alarmants.
Une alerte de l’OMS
« Nous avons mis trop de temps à faire valoir le fait que le réchauffement climatique concerne aussi la santé », reconnaît le médecin en chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Jeremy Farrar. « La crise climatique est une crise sanitaire. Ce sera le cas en 2050, ce sera le cas au tournant de ce siècle, mais surtout, c’est déjà le cas aujourd’hui. » En collaboration avec l’OMS, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et plus de 120 experts à travers le monde, The Lancet révèle son 8e rapport consacré aux impacts du changement climatique sur la santé, le « Lancet Countdown ».
Sur les 15 indicateurs de suivi des risques sanitaires liés au changement climatique, « dix ont atteint un nouveau record », a alerté Marina Romanello, directrice de ce projet lancé en 2016. « Les populations du monde entier sont confrontées à des menaces sans précédent pour leur bien-être, leur santé et leur survie en raison du changement climatique rapide », a-t-elle exposé.
La chaleur tue de plus en plus
En 2023, les décès liés à la chaleur chez les personnes de plus de 65 ans ont battu un nouveau record : +167 % par rapport aux années 1990, selon The Lancet. Alors qu’à température constante, la démographie aurait entraîné une hausse de 65 %. « À mesure que nous vieillissons, il existe des interactions entre le stress thermique et différentes maladies chroniques », explique Ollie Jay, directeur du laboratoire de recherche sur la chaleur et la santé à l’université de Sydney. Les maladies cardiaques, les maladies rénales, le diabète et les problèmes de santé mentale sont tous aggravés par l’exposition aux températures élevées.
Selon le « Lancet Countdown », en 2023, une personne a été exposée, en moyenne, à 1 512 heures de « températures élevées représentant au moins un risque modéré de stress thermique lors d’une activité physique en extérieur ». Cela représente 328 heures de plus que la moyenne annuelle au cours de la période 1990-1999. Les pays les moins développés sont les plus à risque, mais l’Europe occidentale n’est pas épargnée, notamment lors des vagues de chaleur estivales.
Des événements extrêmes menacent la sécurité alimentaire
Sécheresse et inondation sont les deux faces d’une même pièce. Avec le changement climatique, ces deux phénomènes se multiplient, mettant en péril l’accès à des ressources vitales. En 2023, 151 millions de personnes supplémentaires ont subi une « insécurité alimentaire modérée à grave » dans 124 pays. 48 % de la superficie terrestre a été touchée par au moins un mois de sécheresse extrême, contre seulement 15 % dans les années 1950.
La sécheresse touche particulièrement l’Afrique, notamment l’Afrique du Nord, l’Afrique du Sud et l’Amérique du Sud. En France, 54,4 % du territoire a connu au moins un mois de sécheresse extrême chaque année entre 2019 et 2023. Les risques d’inondations ont des conséquences graves sur la santé, favorisant la transmission de maladies infectieuses et augmentant le risque de glissements de terrain.
Des maladies en expansion
Les changements dans les précipitations et la hausse des températures favorisent la transmission de maladies infectieuses mortelles. La dengue, le paludisme et le virus du Nil occidental touchent désormais de nouveaux territoires. « Les cas de dengue dans le monde ont fortement augmenté au cours des deux dernières décennies », note le rapport. De plus, certaines bactéries profitent de la hausse des températures, augmentant le risque d’infections gastro-intestinales.
En France, l’évolution du climat a considérablement augmenté le nombre de régions propices à la leishmaniose, une maladie transmise par les phlébotomes, qui s’étend désormais jusqu’à la Côte-d’Or et au Maine-et-Loire.
Une lueur d’espoir pour la qualité de l’air
Malgré ces mauvaises nouvelles, le rapport fait état d’une diminution des décès attribuables aux particules fines (PM2,5) en extérieur, grâce à la réduction de l’utilisation du charbon, avec une baisse de 6,9 % entre 2016 et 2021. Cela démontre le potentiel de l’élimination progressive du charbon.
Les auteurs du « Compte à rebours » appellent les gouvernements à cesser de subventionner les énergies fossiles et à rediriger ces fonds vers des énergies renouvelables, soulignant que cette transformation pourrait rapidement apporter des bénéfices pour la santé et l’économie.