Table of Contents
La majorité des applications médicales actuelles peinent à répondre aux besoins des patients atteints de plusieurs maladies chroniques, révèle une étude scientifique récente. Pour profiter pleinement des fonctionnalités recommandées par les médecins, ces patients devraient jongler avec environ treize applications et sept dispositifs connectés, un effort quotidien jugé irréaliste et potentiellement contre-productif.
Une étude approfondie sur l’adaptation des outils numériques
Une recherche conduite par Viet-Thi Tran (Université Paris Cité/AP-HP) et Ngan Thi Thuy Phi (Université Paris Cité), publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) Network Open le 25 avril 2025, a examiné la pertinence des technologies de santé numérique pour les patients souffrant de multimorbidité. Cette étude met en lumière que seulement 3,4 % des applications et dispositifs disponibles prennent en compte la coexistence de plusieurs pathologies.
Cette enquête s’inscrit dans le cadre du projet « Hôtel-Dieu plateforme », associant l’AP-HP, l’Université Paris Cité ainsi que cinq entreprises spécialisées : Implicity, Lifen, Nabla, Nouveal, et Withings.
Le cas d’un patient fictif avec cinq pathologies chroniques
Les chercheurs ont modélisé un patient fictif âgé de 79 ans, présentant cinq maladies chroniques simultanées : diabète de type 2, hypertension, ostéoporose, arthrose et bronchopneumopathie chronique obstructive. Afin d’évaluer la charge liée à l’utilisation des technologies de santé numérique (Digital Health Technologies, DHT), ils ont analysé 148 solutions autorisées par la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis ou recommandées sur la plateforme ORCHA (Organization for the Review of Care and Health Apps).
Parmi ces outils, 35 % étaient des applications mobiles seules tandis que 65 % nécessitaient ou pouvaient se connecter à des capteurs médicaux.
Un suivi fragmenté et une charge technologique élevée
Le premier constat majeur : seules cinq technologies (3,4 %) étaient conçues pour gérer plusieurs maladies simultanément. Pour assurer un suivi médical pertinent et régulier, le patient fictif devrait utiliser au minimum 13 applications ainsi que jusqu’à 7 dispositifs connectés différents.
Cette « prescription maximaliste » pourrait même s’étendre à 49 technologies, un scénario irréaliste au quotidien.
Face à cette situation, les médecins soulignent que l’approche actuelle, fragmentée et maladie par maladie, ne répond pas aux besoins complexes des patients multimorbides ni à ceux des professionnels de santé qui les accompagnent.
Vers une meilleure intégration des technologies de santé
Pour améliorer la prise en charge des patients atteints de plusieurs pathologies chroniques, les auteurs recommandent :
- de réduire la fragmentation des outils numériques,
- d’éviter la multiplication des applications spécialisées par maladie,
- de centraliser les dispositifs au sein d’une plateforme unique,
- et de favoriser l’interopérabilité entre les différentes solutions technologiques.
Cela permettrait de simplifier le suivi médical et de rendre l’utilisation des nouvelles technologies plus accessible et efficace pour cette population fragile.