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Au cœur de la tragédie humaine qui frappe Gaza, les médecins, infirmiers et employés du ministère de la Santé forment la première ligne de défense pour sauver des vies. Malgré le manque d’équipements, la pression économique extrême et la coupure des salaires, ils restent à leur poste, animés par une conviction humanitaire profonde. Leur engagement quotidien illustre une forme de résilience où la conscience professionnelle remplace parfois le salaire perdu.
Le personnel de santé à Gaza continue d’assurer des soins aux malades et blessés, souvent avec des ressources épuisées et le ventre vide. Cette réalité renforce la portée humanitaire de leur mission et met en lumière l’importance cruciale du soutien externe pour maintenir les services essentiels.
Une mission humanitaire face à une équation difficile
Les équipes du ministère de la Santé à Gaza travaillent depuis plus de deux ans sous les frappes et les conditions d’une offensive qualifiée de guerre d’extermination, alors que hôpitaux, centres de santé et ambulances sont fréquemment pris pour cible. Ils tentent de concilier leur devoir moral envers les patients et les besoins matériels urgents de leurs familles.
Khâlil al-Daqrân, porte-parole de l’hôpital Chouhada al-Aqsa à Deir al-Balah, souligne la difficulté d’obtenir des salaires complets : « Nous ne recevons que des fractions de nos salaires, parfois tous les 50 jours ou plus, et l’absence d’appui financier nous pèse fortement. »
Il ajoute que les pressions économiques affectent la vie quotidienne du personnel et créent une tension constante entre le service aux patients et la satisfaction des besoins les plus élémentaires.
- Paiements irréguliers et insuffisants.
- Manque de ressources médicales et médicaments.
- Politique de blocus entraînant pénurie alimentaire et carburant.
Daqrân appelle les organisations internationales et les syndicats de santé à accélérer l’aide financière pour permettre la continuité des services, alors que les salaires restent dérisoires et irréguliers.
Protection absente et personnel ciblé
Le système de santé n’a pas été épargné par les attaques : plus de 1 800 membres du personnel médical ont été tués et plus de 3 500 blessés. Environ 360 d’entre eux restent détenus dans des prisons israéliennes après avoir été arrêtés alors qu’ils exécutaient leurs fonctions.
Les conventions internationales, notamment les conventions de Genève et les protocoles de l’ONU ainsi que les règles de l’Organisation internationale du travail, prévoient une protection spéciale pour les personnels médicaux en temps de conflit. Ces dispositions visent à garantir l’exercice sûr de leurs missions et à les préserver des agressions.
Le chirurgien orthopédiste et responsable du comité des missions médicales de l’hôpital Chouhada al-Aqsa, Mohammad Shahin, rappelle que « la pratique de la médecine n’est pas seulement un emploi, c’est une obligation morale et un message humanitaire ». Il alerte sur l’impact psychologique et professionnel de la pression constante et réclame un soutien institutionnel et psychologique pour préserver la compétence du personnel.
Selon lui, le personnel médical reçoit parfois entre 350 et 400 dollars tous les 60 jours, ce qui les contraint souvent à travailler dans des cliniques privées pour subvenir aux besoins de leur famille, au prix d’une usure physique et mentale accrue.
Pression psychologique et économique doublée
Pour l’infirmier Mohammad Rayan, la profession de soignant est une mission éthique et humaine profonde qui est mise à l’épreuve par la crise économique. Il décrit une double pression : l’obligation de fournir des soins de qualité et la préoccupation constante liée à l’augmentation du coût de la vie et à l’irrégularité des salaires.
Ce stress affecte parfois la concentration et la performance au travail, mais Rayan dit puiser dans le sens du devoir professionnel pour continuer à équilibrer ses contraintes personnelles et son engagement envers les patients.
Il insiste sur la difficulté morale d’être partagé entre le serment professionnel et la réalité économique, et souligne que beaucoup poursuivent leur travail par sens de responsabilité, malgré le sacrifice personnel que cela implique.
Un système au bord de l’épuisement
Le secteur de la santé à Gaza emploie 11 165 personnes travaillant dans les hôpitaux, centres et services d’ambulance, ainsi que dans la santé communautaire. Ces professionnels opèrent dans des conditions exceptionnelles, souvent dangereuses, et appellent à une prise en charge durable de leurs besoins.
- Garantir des salaires réguliers et décents.
- Lever les restrictions entravant l’accès aux médicaments et au carburant.
- Assurer une protection effective des infrastructures et du personnel médical.
Les employés réclament des mécanismes de financement pérennes qui leur permettent de vivre dignement et de poursuivre leurs missions sans mettre en péril leur sécurité et celle de leurs familles.
Épuisement grave et menace directe
Selon Ismaïl Thawabta, directeur général du bureau médiatique gouvernemental à Gaza, le personnel de santé a reçu depuis le début du conflit 15 versements dont la valeur totale atteint 13 600 shekels par employé (le dollar étant évalué à 3,45 shekels), soit une moyenne de 906 shekels par versement.
Sur les 23 mois de guerre, il aurait dû y avoir 23 versements ; huit d’entre eux n’ont pas été effectués. Thawabta avertit que l’ignorance persistante des besoins du secteur, la coupure des salaires, l’interdiction d’entrée des médicaments et du carburant et l’atteinte aux structures mettent en péril la survie même des services de santé.
Il appelle la communauté internationale, les organismes compétents et les donateurs à mettre en place un plan d’urgence comprenant un soutien financier complet et des versements réguliers afin de garantir le droit fondamental à la santé et à la dignité pour chaque habitant de Gaza.
Thawabta souligne que le déficit de paiements fragilise la résilience matérielle et sociale du personnel, accélère la fuite des compétences et épuise le système de santé, plaçant les équipes et leurs familles dans une vulnérabilité extrême.