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Parti fin mars 2025 de Créteil, le cardiologue Thibaud Damy a achevé son ambitieux « Tour de France hospitalier » en marchant 906 kilomètres jusqu’au CHU de Rangueil à Toulouse le lundi 12 mai. Âgé de 53 ans, ce médecin a organisé des conférences dans sept villes différentes dans le but de briser le silence qui entoure l’impact psychologique des décès de patients sur les soignants en France.
Un parcours engagé pour la santé mentale des soignants
Bâton de marche en main et sac à dos, Thibaud Damy a traversé plusieurs régions françaises, s’arrêtant dans des hôpitaux pour sensibiliser au sujet encore trop tabou de la souffrance des personnels soignants confrontés à la mort. Alors que les débats sur la fin de vie reprennent à l’Assemblée nationale, ce cardiologue souligne la nécessité d’aborder la santé mentale des professionnels de santé, particulièrement après des pertes tragiques.
« Les soignants peuvent être la deuxième victime »
Avec une émotion palpable, le Pr Damy décrit les traumatismes persistants liés à la mort des patients. Il explique que les soignants se souviennent souvent de détails sensoriels marquants : l’odeur, la lumière, les bruits autour du lit, ainsi que le visage du patient. Ce vécu intense peut transformer les soignants en victimes secondaires de ces drames.
Lors d’une conférence-débat de plus d’une heure et demie au CHU de Rangueil, les professionnels présents ont partagé leurs expériences personnelles, souvent marquées par un attachement profond aux patients. Patricia, cadre en soins intensifs de cardiologie, témoigne : « Parfois, cela rappelle une histoire personnelle, on s’est attaché au patient, on est entré dans sa famille. »
Une réalité hospitalière difficile à vivre
Après avoir tenu des conférences à Chartres, Tours, Poitiers et Bordeaux, Thibaud Damy souhaite remettre au centre du débat la question de la mort en milieu hospitalier. En effet, six décès sur dix surviennent à l’hôpital, où les soignants doivent souvent apprendre à gérer cette réalité sans accompagnement adapté.
Un manque criant de formation et de soutien
« On nous dit de laisser nos émotions au vestiaire », déplore une interne présente lors des échanges, illustrant le déficit de formation des soignants à la gestion de la mort. Que ce soit pour annoncer un décès à une famille ou surmonter la culpabilité qui peut suivre, l’apprentissage se fait trop souvent sur le terrain, par l’expérience directe.
Selon une enquête menée en cardiologie par le Pr Damy, 17 % des soignants les plus affectés par la mort d’un patient se tournent vers l’alcool ou le cannabis pour faire face au stress et à la douleur psychologique.
Le cardiologue Olivier Lairez insiste sur la nécessité d’intégrer ces sujets dans la formation initiale et de proposer un suivi continu aux professionnels de santé. La docteure en diabétologie Florence Labrousse ajoute qu’après des crises sanitaires majeures comme la pandémie de Covid-19, il est essentiel d’instaurer des moments d’échange pour partager ce vécu éprouvant et offrir un soutien psychologique adapté.