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Deux des plus grands hôpitaux de Gaza lancent un appel désespéré, alertant que la pénurie de carburant provoquée par le blocus israélien pourrait transformer ces établissements médicaux en « cimetières silencieux ». Al-Shifa, dans le nord de Gaza, et Nasser, dans le sud à Khan Younis, font face à une crise humanitaire critique alors que les bombardements israéliens se poursuivent.
Une situation critique dans les hôpitaux de Gaza
Muhammad Abu Salmiyah, directeur de l’hôpital al-Shifa, le plus grand de Gaza, a déclaré aux journalistes que la vie de plus de 100 bébés prématurés et d’environ 350 patients sous dialyse est désormais en danger.
- Les stations d’oxygène sont sur le point de cesser de fonctionner.
- Sans oxygène, un hôpital ne peut plus assurer ses fonctions médicales essentielles.
- Les laboratoires et les banques de sang risquent de fermer, et les unités de sang conservées dans les réfrigérateurs pourraient se détériorer.
Selon Abu Salmiyah, l’hôpital pourrait bientôt devenir un lieu de décès plutôt que de guérison. Il accuse Israël de fournir du carburant au compte-gouttes aux établissements hospitaliers. Pour économiser l’énergie, le service de dialyse d’al-Shifa a dû être fermé, afin de préserver l’électricité indispensable aux soins intensifs et aux salles d’opération.
Les « dernières heures » du complexe médical Nasser à Khan Younis
Le complexe médical Nasser a également averti qu’il traverse « les heures cruciales et finales » en raison du manque de carburant. Le personnel médical lutte contre le temps, la pénurie d’énergie et la mort imminente.
- Le complexe a besoin de 4 500 litres de carburant par jour, mais ne dispose actuellement que de 3 000 litres, suffisants pour 24 heures seulement.
- Les chirurgiens opèrent sans électricité ni climatisation, augmentant le risque d’infections du fait de la transpiration du personnel.
- Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montre des médecins en pleine intervention sous une chaleur extrême, avec les ventilateurs et la climatisation éteints.
La situation est d’autant plus dramatique que le système de santé de Gaza a été dévasté depuis l’intensification du conflit en octobre 2023. La plupart des hôpitaux ont été endommagés ou détruits, et de nombreux professionnels de santé ont été tués ou arrêtés.
Un système de santé à genoux face à une crise sans précédent
Selon l’Organisation mondiale de la santé, 94 % des hôpitaux de Gaza ont subi des dommages importants, seuls 19 établissements sur 36 restant partiellement opérationnels. Depuis le début du conflit, plus de 600 attaques ont visé des infrastructures de santé.
Les forces israéliennes ont tué plus de 1 500 travailleurs du secteur médical et arrêté 185 autres. La pénurie de carburant aggrave une situation déjà catastrophique, entraînant un risque accru pour les patients les plus vulnérables.
Marwan al-Hams, directeur des hôpitaux de campagne à Gaza, souligne que des centaines de personnes pourraient mourir si les réserves de carburant ne sont pas réapprovisionnées d’urgence. Parmi elles, des dizaines de bébés prématurés et des patients en soins intensifs.
Conséquences humanitaires et appel à l’aide
James Elder, porte-parole de l’UNICEF récemment revenu de Gaza, rappelle que même le personnel hospitalier le plus compétent ne peut rien faire sans médicaments ni carburant. Le fonctionnement des établissements de santé devient impossible dans ces conditions.
Depuis mars, Israël impose un siège strict à Gaza, bloquant l’entrée de carburant depuis plus de quatre mois. Malgré une légère autorisation d’acheminement de nourriture via une organisation soutenue par les États-Unis, le carburant reste quasi inexistant.
L’Office de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) met en garde contre le rationnement extrême dans les hôpitaux, les pannes d’ambulances et le risque imminent d’effondrement des systèmes d’eau potable.
Sans un approvisionnement urgent, régulier et suffisant en carburant, le nombre de morts risque de s’envoler rapidement, transformant les hôpitaux en « cimetières silencieux ».
Contexte du conflit et bilan humain
Le conflit israélo-palestinien a déjà causé des pertes humaines massives. Selon le ministère de la Santé de Gaza :
- Au moins 57 575 personnes ont été tuées dans l’enclave palestinienne depuis le début des hostilités.
- 136 879 ont été blessées.
- En Israël, 1 139 personnes ont péri lors des attaques du 7 octobre 2023, et plus de 200 ont été prises en otage.