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Un simple selfie peut désormais révéler l’âge biologique d’une personne grâce à l’intelligence artificielle. L’outil FaceAge, développé par des chercheurs, permet d’estimer cet âge réel, celui des cellules, qui diffère souvent de l’âge chronologique, et d’aider ainsi les médecins à personnaliser les traitements médicaux.
L’âge biologique, une mesure plus précise que l’âge chronologique
Les scientifiques s’accordent de plus en plus à dire que l’âge biologique, c’est-à-dire celui des cellules, ne correspond pas toujours à l’âge chronologique d’un individu. La date de naissance ne reflète pas forcément l’état réel de vieillissement du corps. C’est sur cette différence que se base FaceAge, un algorithme d’apprentissage profond, pour estimer l’âge biologique à partir d’une simple photo.
FaceAge a été entraîné sur plusieurs dizaines de milliers de portraits d’adultes, ce qui lui permet d’identifier des indices subtils liés au vieillissement cellulaire.
Une aide précieuse pour adapter les traitements médicaux
Publié dans la revue scientifique «Lancet Digital Health», l’étude démontre que FaceAge peut notamment distinguer que les patients atteints de cancer ont un âge biologique supérieur d’environ cinq ans à leur âge chronologique. Cette information pourrait guider les médecins dans le choix de traitements lourds, comme la radiothérapie ou la chirurgie, en évaluant mieux la capacité d’un patient à supporter ces interventions.
Par exemple, un homme de 75 ans avec un âge biologique estimé à 65 ans pourrait bénéficier sans risque d’une radiothérapie invasive, tandis qu’une personne de 60 ans affichant un âge biologique de 70 ans devrait envisager des alternatives moins agressives. Cette approche peut également influencer des décisions concernant la chirurgie cardiaque, la pose de prothèses ou les soins palliatifs.
Des rythmes de vieillissement très variables
Le vieillissement dépend de multiples facteurs tels que la génétique, le stress, l’activité physique et des habitudes de vie comme le tabac ou l’alcool. Si certains tests génétiques permettent déjà d’évaluer l’usure de l’ADN, ils restent coûteux et complexes. FaceAge apporte une solution plus accessible grâce à l’analyse d’un selfie.
L’algorithme a été formé à partir de 58 851 portraits d’adultes de plus de 60 ans, principalement en bonne santé, issus de bases de données publiques. Il a ensuite été testé sur 6 196 patients atteints de cancer aux États-Unis et aux Pays-Bas, à partir de photos prises juste avant la radiothérapie.
Les résultats montrent que les patients atteints de tumeurs malignes ont en moyenne un âge biologique supérieur de 4,79 ans à leur âge réel. Plus cet écart est élevé, plus la survie diminue, même après ajustement pour l’âge chronologique, le sexe et le type de tumeur. Le risque devient particulièrement important pour les personnes dont l’âge biologique dépasse 85 ans.
Précision de l’IA et enjeux éthiques
FaceAge ne se focalise pas sur des signes visibles classiques du vieillissement, comme les cheveux gris ou la calvitie, mais sur des changements subtils du tonus musculaire du visage. Cette approche améliore significativement la précision des médecins.
Dans une expérience, huit médecins ont tenté de prédire, en observant des photos de patients en phase terminale de cancer, lesquels décéderaient dans les six mois. Leur taux de réussite était faible, proche du hasard. Avec les informations fournies par FaceAge, leurs prédictions se sont nettement améliorées.
À titre d’exemple, l’outil a estimé à 43 ans l’âge biologique de l’acteur Paul Rudd sur une photo prise alors qu’il avait 50 ans.
Des précautions face aux risques de discrimination
Les algorithmes d’intelligence artificielle sont parfois critiqués pour leur biais racial. Cependant, Raymond Mak, co-auteur de l’étude, affirme qu’aucun biais racial significatif n’a été détecté dans les résultats de FaceAge. L’équipe travaille actuellement sur une version améliorée du modèle, basée sur les données de 20 000 patients supplémentaires.
Malgré ses avancées prometteuses, cette technologie soulève des questions éthiques, notamment quant à son utilisation par des assureurs ou employeurs désireux d’évaluer les risques liés à l’âge biologique. Hugo Aerts, également co-auteur et responsable de l’IA dans les programmes médicaux de Mass General Brigham, insiste sur l’importance que ces outils soient exploités uniquement dans l’intérêt des patients.