# Un tribunal suisse condamne un ex-ministre gambien pour crimes contre l’humanité
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<h2>Verdict et condamnation</h2>
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Le tribunal pénal fédéral de Bellinzone, dans le sud de la Suisse, a condamné mercredi Ousman Sonko, ancien ministre de l’Intérieur de Gambie, à 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité. Sonko a été jugé coupable d’homicide intentionnel, de torture et de détention arbitraire pendant le règne de 22 ans de l’ancien président Yahya Jammeh.
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<h2>Les accusations</h2>
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Les accusations contre Sonko, qui a servi comme ministre de l’Intérieur de 2006 à 2016, portaient sur des crimes présumés commis pendant les 16 ans du régime de Jammeh, déchu en 2017. Selon les procureurs suisses, Sonko a soutenu, participé et échoué à empêcher des attaques contre les opposants en Gambie, incluant neuf chefs d’accusation de crimes contre l’humanité.
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Arrêté en janvier après avoir demandé l’asile en Suisse en novembre 2016, Sonko, présent à l’audience, pourrait faire appel du verdict.
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<h2>Réactions des groupes de défense des droits</h2>
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Les groupes de défense des droits ont salué le jugement, obtenu sous le principe de la « juridiction universelle », permettant aux pays de poursuivre les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et les génocides, indépendamment du lieu où ils ont été commis. Philip Grant, directeur exécutif de TRIAL International, a exprimé sur X que ce verdict envoie « un message retentissant contre l’impunité ». C’est l’organisation qu’il dirige qui a déposé la plainte ayant conduit à l’arrestation de Sonko.
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> 🚨 [#Gambian](https://twitter.com/hashtag/Gambian?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw) ex-Ministre de l’Intérieur Ousman Sonko condamné pour [#CrimesContreLHumanité](https://twitter.com/hashtag/CrimesAgainstHumanity?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw) en [#Suisse](https://twitter.com/hashtag/Switzerland?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw)! Procès historique est le plus haut niveau en Europe sous la [#JuridictionUniverselle](https://twitter.com/hashtag/UniversalJurisdiction?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw), envoie un message retentissant contre l’impunité. Les auteurs au niveau ministériel sont désormais à la portée de la justice!!
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Reed Brody, avocat américain des droits de l’homme présent au procès, a déclaré : «La longue main de la loi rattrape les complices de Yahya Jammeh partout dans le monde, et espérons-le, bientôt Jammeh lui-même.»
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<h2>Principe de la juridiction universelle</h2>
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Selon le principe de la juridiction universelle, la Suisse reconnaît le droit de juger les auteurs présumés des crimes les plus graves, qu’ils soient citoyens ou étrangers, tant qu’ils se trouvent sur le sol suisse. Sonko est la deuxième personne jugée en vertu de ce principe depuis son application en 2011.
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La seule autre personne jugée pour crimes contre l’humanité en Suisse est Alieu Kosiah, un chef de guerre libérien condamné en juin 2021 à 20 ans de prison pour des massacres et d’autres crimes perpétrés lors des guerres civiles libériennes.
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<h2>Abus généralisés sous Jammeh</h2>
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Jammeh – qui vit actuellement en exil en Guinée équatoriale – a pris le pouvoir lors d’un coup d’État militaire sans effusion de sang en 1994. Son régime a été marqué par de nombreuses violations des droits humains, y compris des détentions arbitraires, des abus sexuels et des exécutions extrajudiciaires.
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Les violations commises sous son règne ont été facilitées par les alliés occupant des postes officiels. Une escouade de la mort, The Junglers, a été systématiquement déployée pour cibler les opposants, les torturer ou les éliminer selon les souhaits du président.
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<h2>Rôle de Sonko</h2>
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Sonko, qui a rejoint l’armée gambienne en 1988, a été nommé commandant de la garde d’État en 2003, position où il était responsable de la sécurité de Jammeh, selon les procureurs suisses. Il a également été nommé inspecteur général de la police gambienne en 2005.
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Il a été démis de ses fonctions de ministre de l’Intérieur en septembre 2016, quelques mois avant que Jammeh ne quitte le pays. L’ex-président avait refusé d’accepter la victoire d’Adama Barrow aux élections de 2016 mais avait été contraint de quitter le pouvoir par les troupes de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
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L’organisation de surveillance des droits humains Amnesty Suisse a qualifié le verdict de « jalon dans la lutte contre l’impunité et de succès historique pour la juridiction universelle en Suisse et en Europe », postant sur X que « même les anciens ministres peuvent être poursuivis ».
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