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Comprendre le jihad à travers les sources islamiques

by Sara

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<h2>Comprendre le jihad à travers les sources islamiques</h2>
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Contrairement aux conceptions modernes, le « jihad » est un sujet fondamental dans le patrimoine islamique, et appartient à plusieurs domaines de la connaissance islamique. Parmi les plus importants, on trouve trois champs : les sciences du hadith, le fiqh, et les règles de gouvernance sous l’autorité de la politique religieuse. Ce dernier domaine était à l’origine une partie du fiqh avant de devenir une discipline autonome pour diverses raisons non explorées ici.
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Le jihad est également appelé « siyar », pluriel de « sira », un terme qui signifie méthode ou chemin, qu’il soit bon ou mauvais. Cependant, il a pris une signification spécifique chez les juristes, désignant la voie prescrite pour les affaires militaires avant l’émergence de l’État moderne. Certains ont même élargi le terme pour inclure les interactions avec les combattants (non-musulmans ou musulmans rebelles), ou d’autres tels que les protégés et les apostats.
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<h2>Les sources du hadith</h2>
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Les recueils de hadiths regroupent les récits prophétiques et, dans plusieurs d’entre eux, on trouve une section spécifique sur le jihad, comme dans le Sahih de Muhammad ibn Ismail al-Bukhari (m. 256 H), Sahih Muslim ibn al-Hajjaj (m. 261 H), et les quatre Sunan: Sunan Abi Dawud al-Sijistani (m. 275 H), Sunan al-Tirmidhi (m. 279 H), Sunan al-Nasa’i (m. 303 H), et Sunan ibn Majah (m. 273 H). Ces œuvres, connues sous le nom de « les six livres », contiennent la majorité des hadiths prophétiques, avec une section dédiée au jihad dans chacun d’eux.
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<h2>Les ouvrages de fiqh</h2>
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Tous les ouvrages de fiqh, indépendamment des différentes écoles, incluent une section (ou un livre) spécifique sur le jihad et les siyar. Certains utilisent uniquement le terme « Livre du jihad » ou « Livre des siyar ».
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<h2>Les traités de gouvernance</h2>
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Les livres sur les règles de la politique religieuse et de la gouvernance (al-ahkam al-sultaniya) traitent du jihad comme une mission de l’autorité ou du pouvoir, en se concentrant sur ses aspects organisationnels et procéduraux. De plus, des ouvrages spécifiques ont été consacrés aux règles et mérites du jihad, depuis le milieu du 2ème siècle de l’Hégire avec Abdallah ibn al-Mubarak (m. 181 H), ce qui coïncide avec l’apparition de la classification dans les sciences islamiques, y compris le hadith, le fiqh, et le tafsir.
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<h2>Les perspectives sur le jihad</h2>
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En approfondissant l’étude du jihad à travers ces différentes disciplines, nous rencontrons trois principaux aspects :
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<li>Le jihad, tel qu’il apparaît dans les recueils de hadith, combine un aspect historique (la documentation des événements relatifs aux campagnes du Prophète – paix soit sur lui) et un aspect normatif offrant des textes de directives et d’évaluation. Cela comprend les règles du combat, les ennemis à combattre, l’obligation de respecter les traités, l’interdiction de la trahison, les règles de la ruse, l’importance de prier pour la victoire, le courage, la patience, la prière contre la lâcheté, ainsi que les niveaux et récompenses du jihad dans l’au-delà. Des chercheurs ont combiné les règles et les mérites du jihad, comme dans les ouvrages d’Ibn al-Mubarak, Ibn Abi Asim, et Izz al-Din ibn Abd al-Salam. D’autres ont dédié des ouvrages exclusivement aux mérites du jihad, comme Abu Abbas Ahmad al-Maqdisi (m. 623 H).</li>
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<li>Les ouvrages de gouvernance et de politique religieuse fournissent une vue organisationnelle du jihad, attribuant cette pratique exclusivement à l’autorité musulmane légitime, car le jihad n’est pas un acte individuel ni celui d’un groupe ou d’un parti. Il a toujours été l’acte de la communauté musulmane régie par un leader politique légitime, et les tentatives individuelles ou fractionnelles affiliées au jihad n’ont pas reçu de légitimité juridique (comme les kharijites et les rebelles).</li>
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<ol start= »3″>
<li>Les complexités du jihad, la richesse de ses pratiques historiques, l’expansion des conquêtes islamiques et la formation des structures de pouvoir ont fait osciller le jihad entre deux perspectives : culte et transactions. Cela peut être observé par une lecture analytique de la place du jihad dans les ouvrages de fiqh et de hadith. Dans les ouvrages de fiqh, les écoles divergent quant à la nature du jihad: est-ce un acte de culte ou de transaction.

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<li>La première perspective voit le jihad comme un acte de culte, et on trouve donc le « Livre du jihad » adjacent aux chapitres des cultes, comme chez les juristes malékites et une fraction des hanbalites. C’est le cas chez Qadi Abd al-Wahhab al-Baghdadi (m. 422 H), al-Lakhmi (m. 478 H) des malékites, et Ibn Juzay (m. 741 H) qui divise son ouvrage en deux sections: cultes et transactions, plaçant le jihad dans la section des cultes. Il en est de même pour Khalil ibn Ishaq al-Maliki (m. 776 H) dans son célèbre abrégé et ses commentateurs ultérieurs. On retrouve cela également chez Ala al-Din al-Mardawi (m. 885 H) et Mansur ibn Yunus al-Buhuti (m. 1051 H) chez les hanbalites, suivant cette perspective des malékites.</li>

<li>La seconde perspective place le « Livre du jihad » parmi les chapitres des transactions, entre les chapitres des peines, des délits et des ventes, comme chez les hanafites et les shafi’ites, ainsi qu’une fraction des hanbalites. Cette perspective est adoptée par Muhammad ibn al-Hasan al-Shaybani (m. 179 H), Shams al-A’imma al-Sarakhsi (m. 483 H), Burhan al-Din al-Marghinani (m. 593 H) et d’autres chez les hanafites.

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<li>Cela se retrouve également chez Abu Ishaq al-Shirazi (m. 476 H), Abu Hamid al-Ghazali (m. 505 H), Abu Zakariya al-Nawawi (m. 676 H) et al-Ruyani (m. 502 H) chez les shafi’ites, ainsi que chez Muhammad ibn Muflih (m. 763 H) et Ibrahim ibn Muhammad ibn Muflih (m. 884 H) chez les hanbalites.</li>
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Bien que les six recueils de hadith mentionnés précédemment appartiennent aux ouvrages de narration des hadiths, nous pouvons, par leur classification et organisation des hadiths, en tirer des interprétations juridiques. Ainsi, on trouve aussi les deux perspectives mentionnées dans les ouvrages de hadith: Abu Dawud et al-Nasa’i ont placé le « Livre du jihad » dans leurs Sunan après les chapitres des cultes, alors qu’al-Bukhari et Muslim dans leurs Sahihs, et al-Tirmidhi et Ibn Majah dans leurs Sunan, l’ont placé dans les chapitres des transactions après les chapitres des peines et autres, ramenant la question au débat sur la classification du jihad: est-ce un culte ou une transaction?
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<p>Mais quel est l’impact de cette divergence?</p>
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L’impact de cette divergence se manifeste dans la pratique quotidienne, oscillant entre une pratique stricte et une application plus large. Dans le culte, l’accent est mis sur la conformité et la répétition, restreignant l’interprétation personnelle. Par ailleurs, inclure le jihad parmi les transactions signifie qu’il est un moyen pour atteindre des fins et peut être abandonné si les objectifs sont atteints par d’autres moyens. Cela déplace également le débat sur le jihad hors du cadre des croyances, contrairement à la compréhension des groupes militants contemporains.</p>
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Le concept de jihad montre comment analyser les concepts dans les sources islamiques à travers une approche interdisciplinaire. Il illustre également que la classification des chapitres de fiqh reflète des méthodologies et non des questions purement organisationnelles.
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Le jihad, tel qu’exploité à travers les sources modernes, souvent ignore son contexte historique et ses évolutions. Cela se remarque dans les formes d’État modernes et les réglementations qu’elles imposent.
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