# L’Iran après Raïssi continuera-t-elle sa politique africaine ?
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<h2>Un intérêt ancien pour l’Afrique</h2>
<p>L’intérêt iranien pour le continent africain ne date pas d’hier. Certains le font remonter à la période pré-révolutionnaire de 1979, sous le règne du Shah, qui était aligné sur la politique américaine, soutenant les efforts africains pour contrer l’influence soviétique.</p>
<p>Après la révolution, avec les slogans tels que la conception d’une « gouvernance islamique mondiale », le soutien aux opprimés, et l’hostilité à l’égard de l’Occident et des États-Unis, l’intérêt pour l’Afrique a pris une nouvelle dimension, particulièrement marquée par des projets à caractère religieux.</p>
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<h2>Raïssi et l’Afrique</h2>
<p>Selon le ministère des Affaires étrangères iranien, l’objectif à l’arrivée au pouvoir du président Ibrahim Raïssi était d’augmenter les échanges commerciaux avec l’Afrique au-delà de deux milliards de dollars par an et de briser l’isolement international imposé par les États-Unis après que Donald Trump a abandonné l’accord nucléaire en 2018 et rétabli les sanctions. Il s’agissait également d’améliorer l’image de l’Iran en Afrique, après le désintérêt manifeste de son prédécesseur Hassan Rohani.</p>
<p>Téhéran s’est concentrée sur les pays de la Corne de l’Afrique, à savoir la Somalie, l’Érythrée, l’Éthiopie, et Djibouti, mais aussi le Soudan et le Kenya. Elle a exprimé le désir de rétablir les relations diplomatiques avec des pays comme le Soudan et Djibouti, qui les avaient rompues en soutien à l’Arabie saoudite lors de sa confrontation avec Téhéran en 2016.</p>
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<h2>Raïssi et la Corne de l’Afrique</h2>
<p>En juillet 2023, Raïssi a entrepris la première tournée d’un président iranien en Afrique depuis plus de dix ans, visitant le Kenya, l’Ouganda et le Zimbabwe. Téhéran a qualifié cette visite de « nouveau départ » dans les relations avec le continent, signant plusieurs mémorandums d’entente dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture, des technologies de l’information et de l’industrie.</p>
<p>La première étape de Raïssi a été le Kenya, un pays clé pour les États-Unis en Afrique de l’Est, notamment dans la lutte contre le terrorisme et la stabilisation de la Somalie et de l’Éthiopie voisines.</p>
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<h2>Soutien aux coups d’État dans la région sahélienne</h2>
<p>Raïssi a profité du rejet par les chefs de coup d’État dans la région sahélienne – Mali, Burkina Faso, Niger – de l’influence française et américaine, présentant l’Iran comme un soutien à ces régimes opposés à l’hégémonie coloniale occidentale. En septembre, après le coup d’État au Niger, il a salué « la résistance de ces nations africaines contre les politiques impérialistes et coloniales ».</p>
<p>En janvier, le président par intérim iranien, Mohammad Mokhber, a rencontré le Premier ministre putschiste du Niger à Téhéran, dénonçant les « sanctions sévères imposées par les puissances hégémoniques » et offrant l’expertise iranienne.</p>
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<h2>Affrontement avec les mouvements djihadistes sunnites</h2>
<p>Après le retrait des forces françaises du Mali en 2022, qui luttaient contre les groupes djihadistes au nord du pays, le défunt ministre des Affaires étrangères iranien, Hossein Amir-Abdollahian, a visité le Mali, affirmant la « place importante du Mali dans la politique étrangère de Téhéran » et offrant son soutien au gouvernement face aux « groupes djihadistes sunnites armés ».</p>
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<h2>Exploitation des évolutions géopolitiques</h2>
<p>Raïssi a exploité les développements politiques et militaires mondiaux, comme le rejet officiel et populaire africain de l’agression israélienne contre Gaza, présentant l’Iran comme un défenseur majeur de la résistance palestinienne contre l’injustice et affirmant son soutien au droit à l’autodétermination.</p>
<p>Il a également exploité le rapprochement irano-russe, notamment dans le domaine de la sécurité et la fourniture d’armes, pour renforcer ses relations avec les pays africains. L’Iran s’est présenté comme une alternative en matière de fournisseurs d’armement, mettant en avant l’efficacité déjà prouvée de ses drones en Ukraine et dans la guerre en Éthiopie contre les Tigrés.</p>
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<h2>L’Afrique et le prochain président iranien</h2>
<p>Après le départ de Raïssi, la question se pose : l’Iran poursuivra-t-il la même politique en Afrique, ou des changements auront-ils lieu ? Et seront-ils fondamentaux ?</p>
<p>Il est important de noter que les lignes directrices générales de la politique étrangère sont définies par le guide suprême. Sous Raïssi, membre de la mouvance conservatrice, il y a eu une grande ouverture sur l’Afrique.</p>
<p>Quel que soit le prochain président, qu’il s’agisse de l’actuel président par intérim Mohammad Mokhber ou d’un autre, il cherchera à préserver les acquis de l’ère Raïssi, notamment en ce qui concerne les relations avec les pays où l’influence américaine et française est en recul. Parallèlement, il intensifiera la présence iranienne en Afrique de l’Est et continuera à exploiter la situation actuelle au Soudan pour établir une base à Port-Soudan.</p>
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