# Le Soudan se rapproche-t-il de la Russie en délaissant l’Occident ?
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<h2>Proximité avec la Russie</h2>
<p>Khartoum – Le Soudan est sur le point de signer un accord de coopération militaire avec la Russie, permettant à cette dernière d’établir un centre logistique militaire sur la côte de la mer Rouge. Cela intervient après des critiques sévères adressées par Malik Agar, vice-président du Conseil de souveraineté, au secrétaire d’État américain, Antony Blinken, suggérant un tournant stratégique du Soudan vers l’Est.</p>
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<h2>Visite Officielle en Russie</h2>
<p>Lundi soir, Malik Agar s’est envolé pour Saint-Pétersbourg pour une visite officielle du 5 au 8 juin, accompagné de ministres des Affaires étrangères, des Finances et des Mines. Dans une publication sur Facebook, Agar a déclaré que les membres de sa délégation tiendraient des discussions en Russie et qu’il rencontrerait le président Vladimir Poutine pour lui remettre un message du président du Conseil de souveraineté, Abdel Fattah al-Burhan.</p>
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<h2>Partenariat Stratégique</h2>
<p>Le 25 mai dernier, Yasser Al-Atta, membre du Conseil de souveraineté soudanais, a révélé que Moscou avait sollicité l’établissement d’un dépôt de carburant sur la mer Rouge en échange de la fourniture d’armes et de munitions à l’armée soudanaise, engagée dans une guerre contre les Forces de soutien rapide depuis plus d’un an.</p>
<p>Al-Atta a confirmé leur approbation de cette offre et a proposé d’élargir la coopération pour inclure l’agriculture, les mines d’or, les ports et la fabrication agricole. Un accord de partenariat entre les deux pays est en cours de préparation, à être signé par al-Burhan.</p>
<p>Al-Atta n’a exprimé aucune objection à la création de la station navale russe, ajoutant que le Soudan est prêt à conclure des accords similaires avec d’autres pays, y compris les États-Unis, l’Arabie Saoudite et l’Égypte.</p>
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<h2>Accord de Coopération Militaire en Discussion</h2>
<p>Des rapports indiquent que le projet d’accord militaire en question repose sur une ébauche datant de 2019, permettant à la Russie d’établir un centre de soutien technique et logistique militaire à Port-Soudan pour une durée de 25 ans, renouvelable automatiquement pour 10 ans si aucune des parties ne demande sa résiliation.</p>
<p>Selon le projet, le centre serait capable d’accueillir des navires équipés de dispositifs nucléaires, avec une limite de quatre navires au maximum à quai simultanément, et une présence russe maximale de 300 personnes occupant des fonctions fixes. L’accord stipule que le matériel militaire fourni à l’armée soudanaise fera l’objet d’un protocole séparé, et met l’accent sur le fait que l’accord n’est dirigé contre aucune nation.</p>
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<h2>Relations Sudano-américaines</h2>
<p>Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré après une visite au Soudan que l’accord pour la création d’un centre logistique pour la marine russe était en phase de ratification. En novembre 2021, al-Burhan a affirmé l’engagement du Soudan à construire une base navale russe sur son territoire.</p>
<p>Les relations entre le Soudan et Washington ont été fraîches ces derniers temps. Al-Burhan a reçu un appel de Blinken le 28 mai dernier, où il a été invité à envoyer une délégation en Arabie Saoudite début juin pour reprendre les négociations avec les Forces de soutien rapide.</p>
<p>Malik Agar a critiqué Blinken pour son ton provocateur, affirmant que le Soudan ne pouvait être traité de manière condescendante. Des observateurs notent la pression occidentale pour un dialogue entre les belligérants soudanais, avec peu de mesures concrètes en réponse aux violations des droits humains et aux crimes de guerre rapportés par l’ONU et autres organisations.</p>
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<h2>Avenir des Relations</h2>
<p>Le chercheur politique Sir Khatim Khairy estime que la politique étrangère soudanaise reflète la frustration face à l’ignorance occidentale envers leurs intérêts. Cependant, il est prématuré de conclure une rupture totale avec l’Occident. Khairy suggère que le rapprochement soudanais avec Moscou pourrait être une manœuvre pour adoucir les positions occidentales.</p>
<p>Il ajoute que la redirection stratégique des alliances, une pratique courante sous l’ancien régime d’Omar al-Bashir, pourrait s’avérer risquée. Moscou sera prête à tester la sincérité des dirigeants soudanais pour des intérêts mutuels.</p>
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<h2>Intérêts Stratégiques et Alliances Internationales</h2>
<p>Cameron Hudson, ancien directeur du bureau de l’envoyé spécial américain au Soudan, a évoqué un manque de sympathie des forces armées soudanaises envers la Russie. Selon lui, si des pays comme l’Egypte, l’Arabie Saoudite, le Qatar ou la Turquie étaient intervenus pour aider le Soudan, la discussion sur Moscou n’aurait pas lieu.</p>
<p>Selon Rashid Ibrahim, professeur de relations internationales, le Soudan doit rechercher ses intérêts dans la politique internationale. Il souligne que l’expérience militaire soudanaise avec la Russie est bien établie et que la coopération avec Moscou pourrait offrir des avantages économiques et militaires significatifs.</p>
<p>Ibrahim blâme les politiques occidentales pour avoir poussé le Soudan vers l’Est et est convaincu que le partenariat avec la Russie ne nuira pas aux relations avec l’Occident.</p>
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