Choc et colère des Palestiniens à Gaza après l’assassinat de Haniyeh

Choc et colère des Palestiniens à Gaza après l’assassinat de Haniyeh

Deir el-Balah, Gaza, Palestine – Les Palestiniens vivant dans des camps de déplacés à Deir el-Balah, au centre de la bande de Gaza, ont exprimé leur colère, leur tristesse et leur désespoir après l’assassinat du chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh, dans la capitale iranienne, Téhéran. Le leader a été tué tôt mercredi dans ce que le groupe palestinien a décrit comme « un raid sioniste traître sur sa résidence ».

Saleh al-Shannat, 67 ans, qui a été déplacé de Beit Lahiya dans le nord de Gaza, a déclaré que cette nouvelle était « déchirante ».

“Ismail Haniyeh était un leader palestinien, pas seulement un leader du Hamas. Il était ancien premier ministre dans le gouvernement d’unité palestinien et un leader pacifique. Sa perte est immense pour nous,” a-t-il déclaré à Al Jazeera, en faisant référence à la brève période durant laquelle Haniyeh a servi en tant que premier ministre de l’Autorité palestinienne en 2006.

“Les Palestiniens ont perdu un grand leader,” a ajouté le père de 12 enfants en larmes.

Au cours de son travail dans un comité de médiation qui résout les disputes locales, al-Shannat a rencontré et connu Haniyeh. “Je le connaissais personnellement,” a-t-il indiqué. “Il ne fuyait jamais les questions et cherchait toujours à servir le peuple et ses intérêts.”

Bien qu’Entité sioniste n’ait pas revendiqué la responsabilité de l’assassinat, le ministre israélien du Patrimoine, Amichay Eliyahu, a célébré la mort de Haniyeh dans un message sur X.

“Entité sioniste ne sera dissuadé que par le langage de la force,” a déclaré al-Shannat. “Il ne comprend ni le dialogue, ni la paix, ni les négociations, et il continue sa guerre d’annihilation à Gaza.”

Despoir et fatigue du monde

Abdul Salam al-Bik, 47 ans, déplacé du quartier Zeitoun de Gaza, a ajouté : “Le désespoir est le sentiment prédominant.” Il a déclaré avoir été choqué en apprenant la nouvelle et ressentir depuis une grande tristesse.

“Ismail Haniyeh était un homme palestinien avant d’être un leader,” a-t-il exprimé. “Cependant, son assassinat le ramène à une simple statistique parmi les innombrables personnes qui ne sont devenues que des chiffres après leur mort.”

Il a exprimé son scepticisme quant à la possibilité que cet assassinat entraîne des changements sur le terrain ou avance les efforts forçant un cessez-le-feu. “Tuer des femmes, des enfants et des personnes âgées ne changera rien,” a-t-il affirmé. “Même si toute la population palestinienne était anéantie, personne ne bougerait.”

“En tant que citoyen palestinien, je ressens que le monde en a assez de nous. Les régimes arabes et étrangers sont fatigués de nos nouvelles.”

“Nous avons perdu des leaders nationaux et des élites sociales, et nous continuons de les perdre. La guerre n’est pas contre le Hamas. C’est contre tout ce qui est palestinien – même l’eau et l’air que nous respirons. Le désespoir est le sentiment prédominant.”

Un leader proche du peuple

Zahwa al-Samouni, 62 ans, qui vit avec sa famille de 16 personnes dans un camp de fortune, a réagi avec peine à la nouvelle. “Ismail Haniyeh était très proche du peuple avant de quitter Gaza pour le Qatar. Il était pacifique, s’engageait avec les gens dans la rue, partageait leurs joies et leurs peines, et nous le voyions souvent à la mosquée,” a-t-elle déclaré.

“Il nous saluait en se promenant le long de la mer le matin. Nous n’avons jamais eu l’impression qu’il était un leader distant.”

Bien qu’elle ne soutienne pas le Hamas, al-Samouni estime que l’assassinat de Haniyeh est “une perte pour tous les Palestiniens”. Elle a évoqué les rumeurs selon lesquelles il aurait vécu confortablement au Qatar et en Turquie. “Mais nous avons été surpris que trois de ses fils et quatre de ses petits-enfants aient été tués lors des bombardements israéliens, prouvant le faux de ces rumeurs. Maintenant, il a été personnellement ciblé,” a-t-elle ajouté.

“Entité sioniste ne fait pas de distinction entre les leaders, les combattants ou les civils. Je suis une civile déplacée et je pourrais être ciblée à tout moment.”

Al-Samouni a appelé la communauté internationale à agir pour stopper la guerre d’Entité sioniste à Gaza, qui a débuté le 7 octobre et a tué au moins 39 445 Palestiniens. “Assez de ce qui se passe. Cela ne s’arrêtera pas avec Haniyeh ou quelqu’un d’autre. Cela continuera jusqu’à ce que nous soyons tous exterminés.”

Interrogations sur l’inaction internationale

Nour Abu Salama, 41 ans, mère de sept enfants déplacée de la ville de Jabalia dans le nord de Gaza, a partagé son sentiment de désespoir. “L’assassinat d’Ismail Haniyeh a été une tragédie pour nous. Il était un leader politique, pas militaire, et il négociait pour mettre fin à la guerre,” a-t-elle déclaré.

“Malgré mes désaccords personnels avec le Hamas, de nombreux Palestiniens ont pleuré sa perte car il était connu pour sa proximité avec les gens et son engagement dans leurs vies sociales.”

Salama s’attend à peu de condamnation ou d’action de la part de la communauté internationale. “Quelqu’un a-t-il agi lorsque des milliers de femmes et d’enfants ont été tués à Gaza ? Quelqu’un a-t-il agi quand ils nous ont vus vivre dans l’humiliation et la souffrance dans des tentes ?” a-t-elle questionné.

“Est-ce que quelqu’un sera touché par l’assassinat d’Ismail Haniyeh maintenant ? Certainement pas.”