Table of Contents
Elections en Tunisie : des candidats emprisonnés et une guerre pour Saïed
Une cour tunisienne a condamné quatre candidats potentiels aux élections présidentielles à une peine de prison de huit mois et les a interdits de candidature à vie. Les intéressés affirment que cette décision vise à « éliminer de nouveaux concurrents » du président Kais Saïed, qui a annoncé sa candidature, affirmant qu’il s’engage dans une « guerre de libération nationale ».
Les accusations portées contre les quatre candidats concernent des faits de « corruption électorale », incluant des personnalités telles que l’éminent homme politique Abdel Latif Mekki, l’activiste Nizar Jhari, le juge Mourad Masoudi et le candidat Adel Dou.
Un jugement controversé
Le verdict a été rendu lundi, peu avant l’échéance pour le dépôt des candidatures, et suscite de vives inquiétudes parmi les partis d’opposition et les organisations de défense des droits humains. Ceux-ci accusent les autorités d’user de « restrictions arbitraires » et de « harcèlement » pour faciliter la réélection de Saïed.
Nizar Jhari a qualifié la décision de « choquante », affirmant qu’elle visait à les écarter de la compétition. En revanche, Ahmed El Nefati, directeur de campagne de Mekki, a déclaré que sa campagne « continuera de présenter le dossier de candidature » de Mekki, considérant le jugement comme « injuste ».
Restrictions supplémentaires
Dans un autre développement, plusieurs candidats potentiels, dont Moncer Znaydi et Kamel Al-Akarout, ont déclaré avoir été informés par les autorités du refus de leur demande de certificat de casier judiciaire, une nouvelle exigence de l’autorité électorale.
Ils ont dénoncé un retour à une « dictature » et des élections « farcies », semblables à celles qui existaient avant la révolution tunisienne de 2011. En réponse aux critiques, Saïed a nié avoir limité la candidature, affirmant que « la loi est appliquée à tous sans distinction ».
Un climat de tension
Récemment, l’opposant Lotfi Laaridhi a également été condamné à huit mois de prison pour des accusations de corruption électorale. Dans un autre cas, l’ancienne députée Abir Moussi a été condamnée à deux ans de prison pour avoir critiqué l’autorité électorale. Cette décision repose sur le « décret 54 » promulgué par Saïed en 2022, visant à contrer les « fausses nouvelles ». Si cette sentence est confirmée, cela l’écarterait formellement des élections, car les candidats doivent avoir un casier judiciaire vierge.
Une guerre déclarée
De son côté, Saïed a confirmé sa candidature aux élections présidentielles, indiquant que « les volontaires ont collecté plus de 240 000 signatures de soutien ». Il considère sa candidature pour un second mandat, après sa victoire de 2019, comme faisant partie d’une « guerre de libération nationale ».
Il a déclaré : « C’est une guerre pour la libération que nous avons commencée, une lutte pour notre destin et une révolution jusqu’à la victoire ».
Des perspectives incertaines
Le processus de soumission des candidatures, qui a débuté le 29 juillet, se termine ce mardi, avec une annonce des noms retenus prévue pour la fin de la semaine. Le président de l’instance électorale a informé que certaines candidatures sont « incomplètes », entraînant des incertitudes追加。
Les élections s’annoncent difficiles pour les candidats potentiels, alors que de nombreux dirigeants de l’opposition ne peuvent pas concourir, leur liberté étant limitée. Les observateurs mettent en lumière la sévérité des critères de candidature, exigeant des signatures d’appui de 10 parlementaires ou 40 élus locaux, rendant ainsi le processus particulièrement ardu.
Les voix réprimées
D’autres figures de l’opposition, telles qu’Issam Chebbi et Ghazi Chaouche, ont exprimé leur intention de se porter candidates, mais ont finalement reculé en raison des restrictions imposées. Les ONG locales et internationales signalent une « régression des libertés » en Tunisie. Près de 30 organisations tunisiennes de défense des droits humains ont affirmé que l’instance électorale avait été transformée en un instrument de répression contre ceux qui critiquent son impartialité.
En résumé
La situation politique en Tunisie demeure tendue, avec des élections présidentielles qui risquent d’être fortement impactées par des décisions judiciaires préoccupantes et des conditions de candidature restrictives. Les accusations de violations des droits humains et de traitements injustes des opposants soulèvent des doutes quant à la légitimité du processus électoral à venir.